Marcel Bigeard est né le 14 février 1916 à Toul.
Après avoir travaillé six ans à la Société générale comme employé de banque, tout en pratiquant la boxe, Marcel Bigeard effectue son service militaire à Haguenau au sein du 23e régiment d’infanterie de forteresse. Incorporé comme soldat de deuxième classe en septembre 1936, il est libéré de ses obligations militaires avec le grade de caporal-chef en septembre 1938.
Six mois après sa libération, devant l’imminence du conflit, il est rappelé le 22 mars 1939 au sein du 23 e régiment d’infanterie de forteresse et est promu au grade de sergent.
Volontaire pour les corps francs, il prend la tête d’un groupe de combat à Trimbach en Alsace et devient rapidement sergent-chef puis adjudant à l’âge de 24 ans.
Le 25 juin 1940, il est fait prisonnier et passe 18 mois de captivité en Stalag. C’est à sa troisième tentative, le 11 novembre 1941, qu’il parviens à s’évader et à rejoindre la zone libre.
Volontaire pour l’AOF, il est affecté en février 1942 au camp de Bandia près de Thiès au Sénégal, dans un régiment de tirailleurs sénégalais de l’Armée d’armistice. Nommé sous-lieutenant en octobre 1943, il est dirigé avec son régiment sur Meknes au Maroc.
Recruté comme parachutiste de l’armée française en Angleterre, il effectue une formation, avec les commandos britanniques, puis est affecté avec le grade fictif de chef de bataillon à la Direction générale des services spéciaux. Avec le titre de délégué militaire départemental, le « commandant Aube » est parachuté dans l’Ariège le 8 août 1944 avec trois camarades afin d’encadrer l’action des FFI.
Au début de l’année 1945, Bigeard crée puis dirige pendant un semestre l’école régionale des cadres du Pyla, près de Bordeaux, destinée à former des officiers issus des Forces Françaises de l’Intérieure. Décoré de la Légion d’honneur et du Distinguished Service Order britannique pour ses actions en Ariège, Bigeard est nommé capitaine d’active en juin 1945.
Au milieu de l’année 1945, le capitaine Bigeard est en charge du commandement de la 6e compagnie du 23e régiment d’infanterie coloniale à Villingen en Allemagne. Désigné pour participer au corps expéditionnaire en Indochine, le régiment débarque à Saïgon le 25 octobre 1945 et participe jusqu’en mars 1946 aux opérations de pacification en Cochinchine.
C’est à cette époque que l’on commence à lui donner le surnom de « Bruno » qui est son indicatif radio.
Au retour de ses hommes en métropole, mi-octobre 1946, il prend le commandement de la 3e compagnie, constituée de 400 hommes environ. Il quitte l’Indochine le 17 septembre 1947.
Volontaire pour un second séjour en Indochine, Bigeard est affecté le 1er février 1948 au 3e bataillon colonial de commandos parachutistes à Saint-Brieuc et prend le commandement du groupement de commandos parachutistes n° 2.
Bigeard prend le 5 avril 1950 le commandement du bataillon de marche indochinois qui reçoit, en août, le drapeau du 1er régiment de tirailleurs tonkinois décoré de la croix de guerre avec palme. Le 12 novembre 1950, Bigeard embarque à Saïgon sur le paquebot La Marseillaise et quitte une nouvelle fois l’Indochine.
Au printemps 1951, Bigeard est affecté à Vannes à la demi-brigade coloniale du colonel Gilles et se voit confier le bataillon de passage. En septembre 1951, il obtient le commandement du 6e bataillon de parachutistes coloniaux à Saint-Brieuc. Il a le grade de chef de bataillon en janvier 1952.
Le 28 juillet 1952, Bigeard, à la tête du 6e BPC, débarque à Haiphong pour un troisième séjour en Indochine et prend ses quartiers à Hanoï. Le 16 octobre 1952, le bataillon est parachuté sur Tu Le et affronte durant huit jours les régiments des divisions Viet Minh 308 et 312.
L’unité se distingue à nouveau lors de la bataille de Na San (parachutage dans la cuvette de Ban Som le 27 décembre 1952), lors de l’opération Hirondelle sur Lang Son le 17 juillet 1953 et lors de l’opération Castor sur Dien Bien Phu le 20 novembre 1953.
Parachuté, le 16 mars 1954, alors que le sort de la bataille de Dien Bien Phu est scellé, le commandant Bigeard est nommé lieutenant-colonel lors des combats et devient l’un des héros de la cuvette en combattant avec son bataillon sur les points d’appuis Eliane 1 et 2, mais surtout en codirigeant les troupes d’intervention du camp retranche avec le colonel Langlais. Le lieutenant-colonel Marcel Bigeard est fait prisonnier le 7 mai 1954 lors de la chute du camp. Libéré quatre mois plus tard, il quitte définitivement l’Indochine le 25 septembre 1954.
Le 25 octobre 1955, Bigeard prend le commandement du 3e BPC dans la région de Constantine en Algérie. Le 21 février 1956, le bataillon, devenu entre-temps le 3e RPC, réalise la première opération héliportée de l’histoire lors de l’opération 744 en Kabylie.
Le 16 juin 1956, dans les Nementchas, Bigeard, qui donne l’assaut aux rebelles, est grièvement blessé d’une balle au thorax. Rapatrié en métropole, il est décoré le 14 juillet 1956 par le président Coty et reçoit la plaque de grand officier de la Légion d’honneur.
De retour en Algérie, il est victime, le 5 septembre, d’un attentat et est blessé de deux balles dans l’humérus et une dans le foie.
Au début de l’année 1957, le régiment participe au sein de la 10 e DP du général Massu à la bataille d’Alger. La mission des parachutistes est de ramener la sécurité dans la ville et de neutraliser les cellules du FLN de Larbi Ben M’hidi, qui ont organisé plusieurs séries d’attentats à la bombe contre des civils dans divers lieux publics d’Alger entre l’automne 1956 et l’été 1957.
Nommé colonel en janvier 1958, il commande le 3e RPC qui, avec d’autres, participe à la Bataille des frontières (janvier-juin). Le 1er avril le colonel Trinquier le remplace à la tête du 3e RPC.
Il rejoint Paris ou Chaban-Delmas, ministre des Armées, lui demande de créer un centre d’instruction des cadres qui voit le jour fin avril près de Philippeville. Bigeard ne participe pas aux événements du 13 mai 1958, mais dans une interview à Paris-Presse il confie ses états d’âme à Jean Larteguy, ce qui lui vaut le courroux du général Salan et son retour en métropole.
Suite à une rencontre avec De Gaulle le 27 aout 1959, il se voit confier le 1er décembre le commandement du secteur de Ain-Sefra, soit un effectif de 15 000 hommes. Passant outre son devoir de réserve, il rédige pendant la semaine des barricades en janvier 1960 une proclamation qui est reprise par la presse et la radio et qui lui coûte son commandement malgré l’intervention du général Gambiez.
De juillet 1960 à janvier 1963, Bigeard prend le commandement du 6e RIAOM à Bouar en République centrafricaine.
Après un bref passage à l’école supérieure de guerre de juin 1963 à juin 1964, il prend le commandement de la 25e brigade parachutiste à Pau le 31 août 1964, puis celui de la 20e brigade parachutiste à Toulouse. Il accède au grade de général de brigade le 1er août 1967.
Après une entrevue avec le général de Gaulle, il est nommé au poste de commandant supérieur des forces terrestres au Sénégal et rejoint Dakar le 7 février 1968. En juillet 1970, Bigeard retrouve Paris et est affecté pendant dix mois à l’état-major de l’Armée de terre.
Le 7 aout 1971, il prend le commandement des forces françaises présentes dans l’océan Indien à Tananarive et obtient le 1er décembre 1971 sa troisième étoile. Suite aux manifestations qui secouèrent Madagascar en mai 1972 et qui conduisirent au départ de son président Philibert Tsiranana et à son remplacement par le général Gabriel Ramanantsoa, il quitte Madagascar le 31 juillet 1973 avec l’ensemble des forces françaises du secteur.
Promu général de corps d’armée le 1er mars 1974, il prend le commandement de la 4e Région Militaire à Bordeaux, soit 40 000 hommes dont 10 000 parachutistes.
Convoqué par l’Élysée, il rencontre le 30 janvier 1975 le président Valery Giscard d’Estaing qui lui propose le poste de secrétaire d’État à la Défense rattaché au ministre Yvon Bourges. Il occupe ce poste de février 1975 à aout 1976, date à laquelle il remet sa démission.
Après une courte retraite à Toul et à la suite du décès accidentel de la candidate UDF, il se présente aux élections et devient député de Meurthe-et-Moselle de 1978 à 1981. Durant cette première législature il occupera également la fonction de président de la commission de défense.
Il est réélu au premier tour en juin 1981 puis à la proportionnelle en mars 1986. En 1988, à la suite de la dissolution de l’assemblée, il est finalement battu par le candidat socialiste.
Il se retire ensuite dans sa maison de Toul, dans laquelle il écrit des livres sur sa carrière militaire et propose ses réflexions sur l’évolution de la France.
Quelque temps avant sa mort, il déclare : « Je suis le dernier des cons glorieux ».
Il meurt à son domicile de Toul le 18 juin 2010 à l’âge de 94 ans. Trois jours plus tard, le 21 Juin, ses obsèques sont célébrées dans la cathédrale de Toul, devant 3000 personnes.
Et le lendemain, le 22 Juin, ce sont les honneurs militaires qui lui sont rendus, aux Invalides, en présence du Premier Ministre, François Fillon.
Une Fondation Général-Bigeard, a été créée par sa veuve et sa fille en partenariat avec la Fondation de France en juin 2011. Cette fondation « a pour objet de perpétuer l’œuvre et la mémoire de Marcel Bigeard en s’attachant notamment à promouvoir auprès de la jeunesse les valeurs de courage et de fierté de la patrie, dans l’esprit du général ».
Le 23 juillet 2011, la cinquantième promotion de l’École Militaire Interarmes de Coetquidan a choisi de se faire baptiser Promotion Marcel Bigeard.
Une stèle haute de 3,65 m et pesant près de dix tonnes, réalisée en marbre du Caunes-Minervois, a été inaugurée le 29 juin 2012. Elle est installée place du général De Gaulle, à Carcassonne, face à l’entrée de son ancien régiment, le 3e RPIMA. Elle représente le général Bigeard de profil, fumant la pipe et coiffe de la célèbre casquette Bigeard.
Marcel Bigeard avait souhaité que ses cendres fussent dispersées au-dessus de Dien Bien Phu, le camp retranché des troupes françaises au Vietnam, pour « rejoindre ses camarades tombés au combat » en mai 1954. Toutefois, les autorités vietnamiennes ont refusé d’accéder à son vœu.
Après que certaines voix se soient élevées contre ce projet de transfert aux Invalides, notamment suite aux rumeurs de torture en Algérie, le nouveau ministre de la Défense, Jean- Yves Le Drian, a annoncé le 29 septembre 2012 que les cendres du général Bigeard reposeraient finalement sur le site du Mémorial des guerres en Indochine à Fréjus.
Un Homme ! L’Occident est devenu FOU ! Je suis Belge !
Je l’ai rencontré pour la première fois, en mai 1976 en haut du château d’eau à Riyad en Arabie Saoudite. De cette rencontre j’en ai conclu à jamais que Monsieur le Général Bigeard était un coeur simple. Il n’avait pas la grosse tête comme ces gugusses qui sortent de l’Ecole Nationale des Anes. La seconde fois c’était dans son bureau dans sa maison où il a dédicacé ses livres que des camarades lui présentaient. Il avait la photo d’un de ses sous-officiers évadé de Dien-Bien-Phu et qui est décédé dans ses bras en Algérie.
Quand il en a parlé il avait les larmes aux yeux. Ce qui, pour moi, est une preuve qu’il était un grand chef et je crains qu’il n’y en ait plus des comme lui maintenant.