Dans un entretien au journal hongrois Magyar Hirlap, le président du Jobbik Gabor Vona est revenu sur l’échec du Front national à former un groupe au Parlement européen, empêchant également les nationalistes d’en construire un.
Il a évoqué le ralliement au sionisme des partis d’extrême droite comme le Front national de Marine Le Pen en France, le Parti pour la liberté (PVV) batave de Geert Wilders, la Ligue du nord italienne, le Vlaams Belang en Belgique et le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) pour expliquer ces échecs.
Jusqu’à ces derniers jours, malgré les différentes doctrinales fortes entre leur conception nationaliste traditionaliste et les vues libérales-sionistes du FN et de ses alliés, le Jobbik avait espéré parvenir à un accord pour profiter de la manne financière qui accompagne la création d’un groupe au Parlement européen.
« Le Jobbik ne forme pas d’alliances avec les partis sionistes, comme le Front national français et le Parti de la liberté (FPÖ) autrichien, pour de simples raisons financières »
affirme cependant aujourd’hui Gabor Vona, quelques jours après sa réélection à la tête du Jobbik, faute d’avoir pu s’entendre.
Plus tôt cette année, Márton Gyöngyösi, un autre dirigeant du Jobbik, député au parlement national, était revenu longuement sur les différences entre le Jobbik et les partis libéraux-sionistes :
« En Europe occidentale, les partis de ce type [PVV et FN] ont un programme avec lequel nous ne pouvons pas nous identifier complètement. Leur opinion sur l’UE coïncide avec la nôtre. Je pense qu’ils ont la même idée de Bruxelles que nous. Mais il y a une grande différence entre eux et nous. Le point commun entre Wilders, le Vlaams Belang en Belgique, le FPÖ en Autriche et Le Pen en France – si je veux généraliser, les mouvements radicaux d’Europe occidentale – est l’immigration. Ils sont anti-immigration, et comme la plupart des immigrants viennent de pays musulmans, ils développent une très forte islamophobie et une très violente rhétorique anti-islam. Au Jobbik, de l’autre côté, Gábor Vona a toujours mis en avant le dialogue pacifique entre les religions. Il considère l’islam comme une civilisation traditionaliste et a souligné que tous les traditionalistes dans le monde – qu’ils soient chrétiens, musulmans, bouddhistes ou hindous – doivent unir leurs forces et se lever contre le libéralisme, qui est un ennemi incontournable du traditionalisme. La propagation du multiculturalisme et d’un nihilisme totalement dépourvu de valeur, voilà ce qui essentiellement détruit le traditionalisme. En ce sens, le Jobbik est un parti traditionaliste. Notre principal ennemi n’est pas les peuples qui ont une culture différente ou une religion différente. L’ennemi commun des traditionalistes, peu importe d’où ils viennent, est le libéralisme, qui veut balayer tout type de tradition et de culture. Il propage un environnement multiculturel très coloré, multiethnique. Je pense que la ligne de division se situe entre traditionalistes et libéraux, et non entre nations ou cultures. C’est l’une de nos plus grandes différences avec Le Pen et Wilders. […] Je pense qu’ils sont complètement libéraux. Absolument libéraux. Ils ne voient pas l’essentiel. Ce qui les effraye, c’est que les valeurs libérales de l’Europe et de la civilisation occidentale depuis les Lumières sont menacées par l’immigration de masse. Donc, ils sont essentiellement protecteurs des valeurs libérales de l’Europe. À cet égard, nous ne pouvons pas trouver de plate-forme commune avec ces partis parce que nous voyons le problème complètement différemment. Je pense qu’ils sont une partie du problème. Ce sont des francs-tireurs politiques. Comme idée politique, il est bon de désigner un ennemi, de lui tirer dessus et d’avoir des soutiens derrière soi, mais je pense qu’ils ont choisi le mauvais. C’est un très mauvais signe que les instincts de l’Europe ne soient plus efficaces. »
-Donc, vous pensez qu’ils ont refusé de travailler avec vous et vous traitent d’extrémiste en raison de votre critique des valeurs libérales ?
« C’est la racine du problème. Mais nous pouvons aller plus loin. Pour cette campagne anti-islamique, ils ont obtenu un soutien sioniste depuis Israël. Chacun d’entre eux. Depuis que l’Islam et Israël, ou le sionisme, sont des ennemis, ils ont formé un camp. Vous pouvez voir que Strache, du FPÖ, a fait un certain nombre de déclarations pro-israéliennes et reçu le soutien de sionistes. Le Vlaams Belang est même financé par certaines communautés sionistes. Wilders aussi. Ils voient l’immigration et l’islam comme le plus grand danger, alors ils prennent l’un des plus grands ennemis de l’islam – le sionisme – de leur côté. C’est une approche tout à fait logique. En Hongrie, notre problème est complètement différent. Si vous regardez nos déclarations et ce que nous représentons, nous critiquons la politique israélienne. Nous avons critiqué le sionisme comme un phénomène global et la façon dont il fonctionne dans le monde d’aujourd’hui. »