[Article publié dans la seconde version papier de Jeune nation, durant les années 1990 et toujours d’actualité.]
« La roue de l’histoire tourne, pourvu qu’on la pousse un peu. Des conjonctures nouvelles peuvent apparaître. On peut les faire naître d’ailleurs. Mais, même sans cela, l’imprévu de l’histoire, les mouvements de l’opinion sont changeants, les peuples jouent leur chute ou leur remontée en un scrutin. »
(Jacques Ploncard d’Assac, « Les jeunes ont droit à la vérité »)
La légitimité d’un système, d’un organisme, se définit par le rapport d’adéquation existant entre l’usage qui en est fait et sa fin véritable, son objet premier, autrement dit ce en vue de quoi il existe par nature, par destination première. La légitimité de l’action se définit en fonction du « Bien », au sens grec du terme.
Ainsi, un État a-t-il pour objet d’assurer au minimum le maintien de la force et de la puissance de la communauté dont il est l’émanation et la colonne vertébrale. Plus fondamentalement, il doit œuvrer au développement de cette communauté, tant en santé qu’en puissance, lui donnant les moyens les plus puissants afin d’assurer son avenir dans les meilleures conditions. Il ne doit pas lui nuire.
Dès lors qu’un État ne répond pas à ce critère, il perd sa légitimité. Cet État a certes une légalité : celle que produit le pouvoir politique existant, lequel dispose de la force publique pour la faire respecter le cas échéant. Mais il n’a plus de légitimité dans la mesure où il ne concourt pas au renforcement de la puissance d’un peuple, où il va à rencontre de ses intérêts vitaux.
Un état illégitime
Assurément, l’actuel État républicain en France ne remplit en rien les fonctions qui justifient son existence et par suite le légitiment. Toute personne tant soi peu consciente de son identité, qui observe avec un minimum de bon sens l’évolution de la Ve République, ne peut qu’être chaque jour un peu plus scandalisée, indignée de la manière dont sont conduites les affaires de la France. Car il ne s’agit plus aujourd’hui d’erreurs politiques, de simples lâchetés politiques favorisées par la nature fondamentalement viciée du système de démocratie représentativiste.
Nous assistons à la trahison pure et simple des intérêts de la France, plus encore, un assassinat de son être et par conséquent de sa souveraineté. Citons notamment :
-la destruction des défenses immunitaires de la nation par suite d’un enseignement public qui vise à priver les jeunes Français de leur mémoire par un semblant d’enseignement historique, par le sabordage de notre armée transformée en corps d’intervention supplétif d’une armée mondiale aux ordres des mondialistes de Washington ;
-la destruction de la puissance économique et du savoir-faire de la population française afin de mieux se conformer à la mondialisation de l’économie ;
-la suppression de notre monnaie qui prise la France de son principal moyen d’intervention dans le domaine économique et financier ;
-la mutilation de l’identité nationale en légalisant de manière purement formelle, des éléments de populations étrangers et inassimilables à la culture et aux traditions héritées d’une continuité historique de plus de vingt siècles ;
-le démembrement de la France par la promotion des entités régionales, purement administratives, afin de réaliser l’objectif consistant à fondre les États et les nations dans le magma sans âmes d’une Europe des régions soumise au seul impératif de la maximisation des profits financiers des agioteurs et autres capitalistes apatrides ;
-la légalisation de l’avortement : cette autorisation de tuer dès sa conception toute nouvelle vie humaine détruit la hiérarchie de l’ordre public qui repose fondamentalement sur le respect de la vie de chaque membre de la communauté nationale. Ce crime, légalisé et protégé contre toute critique par l’infâme loi Veil, a privé la France de six millions d’enfants assassinés dans le ventre de leur mère depuis 1976. Avec cette seule loi, qui permet de plus le remboursement par la collectivité de cet acte de mort, l’ensemble des autres obligations légales perd automatiquement toute valeur contraignante.
Évidemment, la nature démocratique du régime compte pour beaucoup dans la mesure où elle crée un cadre sociopolitique favorable à la pratique de tels crimes.
Légitimité de l’action de résistance
Par ses actes entachés d’illégitimité, le régime républicain en France crée une situation dans laquelle les Français conscients de leur spécificité et de leur identité, soucieux d’assurer la grandeur et la pérennité de leur pays, sont contraints de se trouver en état de légitime défense. Tout patriote est dès lors en droit de se défendre contre ceux qui menacent de mort sa patrie.
Pour paraphraser Édouard Drumont :
« On a attaqué sans générosité et sans justice, nos traditions, notre foi, notre héritage culturel et intellectuel : c’est-à-dire tout ce qui constitue l’âme même de la patrie. Défendons, sans fausse douceur, ce qu’on a attaqué sans mesure ».
Il est donc légitime de combattre ce régime sans aucune réserve. Il importe néanmoins d’agir avec intelligence et de ne pas se laisser emporter par les pulsions issues d’une juste indignation.
Les moments décisifs sont uniques
Son action funeste fait qu’un nombre croissant de Français prennent conscience que cette situation ne peut plus durer. Par ses erreurs qui en sapent les fondements, par la désaffection croissante dont il est l’objet, le régime est promis à l’écroulement : on ne sait ni quand ni comment. Événement extérieur ? Événement intérieur ? Explosion, ou implosion de la société ? Les cas de figure à envisager ne manquent pas.
Mais une telle situation n’aura d’utilité qu’à la condition d’être exploitée pour instituer un ordre politique conforme aux intérêts supérieurs du pays. Et nous aurons à nous battre contre ceux qui, rescapés du naufrage, tenteront de retrouver leurs prébendes en reconstituant, sous un masque différent, le régime défunt. Nous devons donc nous donner les moyens de saisir toute occasion favorable qui se présentera. Dans ce genre de situation, l’occasion favorable est unique. Il faut savoir la repérer, mais surtout savoir la saisir et l’exploiter. Car si, parmi les événements, il en est certains sur lesquels nous n’avons pas prise, car ils ne dépendent pas de nous, il en est d’autres qui dépendent de notre action et qui déterminent le cours des événements.
Pour cela, il faut former des hommes qui soient de véritables professionnels de l’action politique, disposant d’un bagage intellectuel structuré par une sûre doctrine qui permettra d’éclairer et d’enrichir leur intelligence. Il est indispensable de disposer d’une élite politique active constituée de personnes instruites, formées à l’action et qui, seules, seront capables de conduire avec lucidité et sans états d’âme les actions décisives dans le court intervalle de temps qui nous sera laissé.
En règle générale, il faut en tout temps savoir exploiter chaque situation afin d’accélérer le processus révolutionnaire et exacerber les contradictions qui rendent le système de plus en plus fragile. Nous ne devons pas avoir d’états d’âme face au mal absolu qu’est la classe politique dirigeante actuelle et qui n’hésitera pas à utiliser les procédés les plus abjects pour tenter de nous éliminer, comme il sied à ces messieurs qui n’ont été capables de construire leur puissance que sur l’intrigue de bas étage. Il faut nous attendre à ce que tous les coups fourrés, toutes les bassesses, les crapuleries les plus éhontées soient utilisées contre les nationalistes. Et nous devons être prêts à les parer.
L’impasse électoraliste
Actuellement, la force nationaliste la plus médiatisée, la plus puissante numériquement est le Front national (FN). Son existence a pour mérite de réveiller les Français, de leur faire prendre conscience des dangers qui menacent notre pays et notre civilisation, de diffuser, même très imparfaitement, des éléments de la pensée nationaliste. Il doit être soutenu chaque fois qu’il agira en conformité avec l’intérêt supérieur de la nation, ne se laissera pas attirer par exemple par les sirènes du libéralisme, qu’il ne se souciera pas de quelque illusoire intérêt électoral à court terme. Mais il n’est pas la seule force nationaliste française ; il ne représente pas à lui seul le nationalisme français. Et il est à penser que, étant donné le verrouillage institutionnel du régime, conjugués à la cécité et à la lâcheté de la classe politique dominante, les changements décisifs ne se feront pas à la suite de l’addition arithmétique de morceaux de papier déposés dans une urne. D’ailleurs, en France, depuis deux siècles, ce n’est pas en urnant que se sont produits les changements de régime : il a toujours fallu des circonstances exceptionnelles et dramatiques.
En outre, quand bien même un mouvement nationaliste arriverait aux affaires par voie électorale, l’action de tout nationaliste digne de ce nom devrait consister à éviter que le mouvement nationaliste ne se coule dans les moules du système représentativiste, se trouve confisqué par quelques arrivistes et soit vidé de sa substance.
Par ailleurs, il est à penser qu’on ne laisserait pas le Front national, demeurant un parti nationaliste, bénéficier d’une victoire électorale, si d’aventure celle-ci se présentait. Les récentes élections régionales et le nouveau tripatouillage annoncé des lois électorales en fournissent de nouveaux exemples s’il en était besoin. Il n’est pas impossible que, arguant d’un quelconque danger suprême, le régime n’ait recours à l’article 16 de la Constitution qui prévoit d’instaurer une dictature légale en cas de danger pour les institutions, voire d’appeler des forces étrangères à intervenir en France au nom du droit d’ingérence que l’on tente actuellement de faire passer dans les mœurs politiques internationales, notamment contre la Serbie. Mais laissons là ces supputations.
L’indispensable conquête des âmes
Si la doctrine nationaliste doit sans cesse être approfondie, vérifiée, si nous devons former des hommes, si nous devons nous préparer à agir lorsque le moment sera venu, si nous devons sans cesse accroître nos moyens en tenant compte du rapport de forces existant, si nous devons être capables dans le court moment où cela sera possible, de ramasser le pouvoir dans le caniveau, nous ne pourrons réussir si nous ne conquérons pas les âmes.
Pour que le succès soit durable, sinon définitif, il importe dès à présent de saper dans l’esprit des populations les fondements mêmes du système, de leur faire prendre conscience de son illégitimité. Car si les gens sont mécontents, ils ont l’esprit obscurci par le savant matraquage médiatique quotidien fait de manipulations et de désinformations. Ils succombent pour une large partie d’entre eux au mirage des mythes modernistes parmi les plus importants desquels figure celui de la démocratie représentative.
C’est à ce conditionnement et à la survivance de ce type de racines que ce régime vermoulu de corruption, sans honneur, indigne du moindre respect doit d’être toujours en place. Nous devons savoir que l’appareil de répression dont dispose un régime ne peut être efficace qu’avec la complicité passive de la population. Les forces de répression ne sont fortes qu’autant qu’elles ne trouvent pas en face d’elles d’autres forces déterminées à les combattre sans état d’âme et par tous moyens.
Le gage de sa survie réside fondamentalement dans le respect que l’autorité politique continue à inspirer au citoyen français, quoi qu’elle fasse. Que ce respect disparaisse et les bases mêmes du régime se fractureront.
« Quand tes peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir »
écrivait Rivarol.
Il importe donc d’œuvrer à installer dans l’esprit des Français l’idée juste que ce régime fondé sur de faux principes n’a pas de légitimité naturelle. Mais dans le même temps, il faut leur prendre conscience que ce régime n’a plus de légitimité, n’est plus respectable aussi longtemps qu’il sera servi et incarné par cette engeance politique qui se coopte depuis des décennies et qui monopolise le pouvoir depuis 1945, pour ne pas remonter à l’entre-deux-guerres, sous forme d’une dictature feutrée.
Trop de gens vivent encore dans le mythe du représentativisme. Ils continuent à se bercer de l’illusion que le régime est le leur, celui du peuple, sous prétexte que tous les cinq ou sept ans on leur permet de déposer un papier dans une urne, lequel n’a aucun contenu qualitatif.
Les faits et gestes de ces sicaires nous fournissent amplement les éléments à partir desquels nous pouvons fabriquer l’acide qui rongera sûrement le fondement premier du système : l’assentiment du peuple.
Convaincre avant de plaire
L’heure n’est pas à une pudibonderie de pacotille. Certes, nous sommes entrés dans l’ère du « politiquement conforme », où tout propos quelque peu ferme est mal vu et mal reçu. Mais agir ainsi, c’est entrer dans le jeu du système. Refusons-le. Tenons un langage de vérité, fondé sur la réalité, sans complaisance.
Conjointement à un discours élitiste, sachons tenir un discours nourri d’exemples pris dans le quotidien, exemples explicites qui touchent les gens au plus profond de leur âme. À chaque catégorie de personnes auxquelles on s’adresse doit correspondre un style approprié marqué du sceau du didactisme.
Toutefois, ne nous laissons pas piéger : le pouvoir qui a vu le jour en 1789 est fondamentalement de gauche. Il ne faut pas se laisser prendre à sa logique comme la « droite » en a commis l’erreur depuis deux siècles. Nous ne devons pas nous laisser enfermer dans le discours moralisateur qu’elle utilise habituellement. Face à une gauche dont le fond de commerce repose sur la revendication permanente d’une liberté sans cesse accrue, autrement dit mue par l’attrait de la facilité, du laxisme, un tel discours n’a que peu de prise. La droite doit avoir un discours politique réaliste, lequel ne portera ses fruits que s’il repose sur un corps doctrinal solide. Les échecs successifs de la droite viennent en grande partie du rejet de tout cadre théorique, de toute idéologie. Mais aussi, la droite souffre d’une irrépressible envie de plaire. Or un vrai politique ne cherche pas à plaire, mais à convaincre. Nous devons ensuite nous attacher à faire comprendre à chaque Français digne de ce nom que le comportement d’un vrai citoyen n’est pas d’entrer dans le jeu de ce régime, mais au contraire de le contrer afin de l’empêcher de nuire à la France, par exemple en jouant l’inertie, en utilisant contre lui sa propre production législative et réglementaire.
Ne nous y trompons pas : l’action est difficile, car nous ne disposons que de peu de moyens et que nombreux sont les Français maintenus en état d’hébétude par l’endoctrinement médiatique quotidien quand ils ne sont pas terrorisés par la police politique de la pensée. Pour ne pas dévaloriser en soi la fonction politique, il importera de montrer, notamment par des exemples édifiants pris dans l’histoire, ce qu’est un vrai pouvoir et d’établir la comparaison avec celui existant en France. Il faut dans le même temps redonner des points de repère solides aux Français déboussolés.
Il ne faut pas hésiter à attaquer violemment le régime et ceux qui le servent. Il faut parler d’un langage vrai qui ne s’occupe pas de la bienséance bourgeoise transformée en dictature du « politiquement conforme ». Cela ne signifie pas qu’il faille utiliser un langage ordurier : mais chaque mot, chaque phrase doit être comme autant coups de poing portés à la face et au corps de l’adversaire, partout où cela est susceptible de l’affaiblir, de le mettre hors de combat et de l’éliminer.
L’action des nationalistes ne doit pas être faite des seules critiques et propositions politiques : elle doit être psychologique. Il faut agir sur la conscience des masses, ce que nos ennemis ont très bien compris depuis longtemps, exercice dans lequel ils sont passés maîtres. Pour détruire sans coup férir un édifice, il faut poser des mines sous ses fondations et élargir les lézardes existantes. Le pilonner reste par trop insuffisant.
Ainsi, certains de la justesse de notre combat, nous devons développer une action à la fois formatrice et psychologique. Elle doit viser à constituer un corps d’élite destiné à assumer les responsabilités du pouvoir tout en agissant en vue de la conquête des âmes. Et il n’est pas inutile de répéter ce truisme selon lequel nous n’exercerons le pouvoir qu’autant que nous nous serons donnés les moyens et les outils de le conquérir.
C’est de la survie de notre pays qu’il s’agit. Contrairement à nombre de nos ennemis qui agissent par haine de l’autre, le moteur de notre action est l’amour : celui de notre patrie, celui de nos familles et de nos enfants. Et nous ne pourrons que vaincre, car notre pensée n’est pas obscurcie par la haine, mais animée d’une foi juste et vivifiante, fondée sur le réel et non sur l’idéal.