L’annonce tombait à point, en pleine crise politique en Suède : une mosquée avait été la cible d’un attentat terroriste en milieu de semaine. « L’extrême droite », forcément, devait être coupable. Cette même extrême droite qui était parvenue à faire tomber le gouvernement quelques jours plus tôt. L’annonce de l’incendie “criminel” du lieu de culte islamiste d’Eskilstuna tombait d’autant plus à point qu’après elle, comme par miracle républicain, plusieurs partis centristes et libéraux-conservateurs ont rallié le gouvernement de gauche et d’extrême gauche dans une grande coalition contre l’extrême droite. Le gouvernement a annoncé qu’il se maintenait et a annulé la tenue d’élections anticipées.
Après ce revirement politique, la police suédoise très embarrassée a attendu dimanche pour avouer que la version d’un engin incendiaire, pourtant rapportée par la police même, n’était en réalité corroborée par aucun fait ni même aucun témoignage. Au contraire, les enquêteurs s’achemineraient vers une piste accidentelle ou un incendie commis depuis l’intérieur. C’est vraisemblablement par leur seule faute que cinq des soixante-dix islamistes présents jeudi ont été blessés.
La police a même affirmé n’avoir pas pu découvrir la source qui avait affirmé qu’un engin incendiaire avait été lancé par une fenêtre ; l’information se serait diffusée comme par magie, alors qu’elle avait été reprise par le porte-parole de la police en personne.
« C’est quelqu’un, paraît-il [sic], qui a dit cela sur les lieux de l’infraction. La police avait entendu ça sur place, mais n’a pas réussi à déterminer l’identité de la personne. Nous n’avons pas réussi à trouver cette personne »
a précisé piteusement ce porte-parole, Lars Franzell. Aucun des cinquante témoins interrogés, présents sur les lieux au moment de « l’attaque » n’a vu un quelconque engin incendiaire être lancé. Les chiens spécialisés dans la détection de matières inflammables n’ont rien trouvé, et aucun des experts en incendie criminel mobilisés n’a pu établir le moindre lien entre l’incendie et un engin incendiaire lancé depuis l’extérieur.
L’ensemble des services de police et de justice du pays, mais encore la totalité des médiats nationaux et internationaux s’étaient pourtant mobilisés pour « affaire ». Plusieurs ministres, dont celui de la Justice et de l’Intérieur et jusqu’au premier ministre Stefan Löfven étaient intervenus. Ce dernier, qui grâce à cette affaire a peut-être sauvé son gouvernement, avait déclaré :
« Cette attaque n’est pas seulement dirigée contre les immigrés mais c’est une attaque contre notre démocratie tout entière. Nous devons nous unir pour mettre fin à ce genre d’attaque »
Quelques dizaines de Suédois reniés avaient participé à un rassemblement pro-invasion au lendemain de l’incendie. Il n’y a eu aucune réaction officielle dimanche.