Le 21 mai 1927, un jeune homme de 25 ans à l’élégance racée passait soudain de l’ombre à la lumière pour son vol pionnier au-dessus de l’Atlantique à bord du « Spirit of St. Louis », un modeste monoplan, monomoteur et monoplace. Parti de Long Island à New York, il parvenait après 33 heures d’un vol éprouvant à rallier le Bourget à 6 000 kilomètres de son point de départ. Charles A. Lindbergh entrait dans la légende, son exploit faisait de lui l’homme le plus admiré en Amérique et l’Américain le plus admiré dans le monde.
Au cours de son existence, il n’aura pas seulement marqué les esprits en tant que pionnier de l’aviation mondiale, mais aussi par ses écrits en faveur de la préservation de la nature et par ses prises de position contre la guerre. Parmi la poignée d’Américains authentiquement héroïques que compte le siècle passé, il se dresse dans nos mémoires comme la grande figure du courage, exemplaire aussi bien par ses exploits que par ses paroles toujours actuelles, et pour certaines, prophétiques.
Charles Lindbergh est né en 1902, ses ancêtres étaient suédois, anglais, irlandais et écossais. Il a grandi dans le Minnesota au sein d’une famille bien établie et cultivée : son père était à la fois avocat, écrivain, éditeur et membre du Congrès. Charles Lindbergh a parcouru le monde lors de nombreux voyages en Europe, en Asie, en Amérique latine, en Afrique et dans son propre pays. Il a connu et s’est entretenu avec les plus grandes célébrités. Il s’est montré un observateur attentif, soucieux de consigner par écrit la plupart de ses expériences.
Dans les années trente, il a passé le plus clair de son temps en Angleterre, en France et en Allemagne, trois pays qu’il admirait. Mais c’est surtout ce qu’il voyait en Allemagne durant ses divers séjours entre1936 et 1939 qui l’impressionnait : le dynamisme du pays sous la conduite d’Adolf Hitler et du Parti national-socialiste le fascinait. Lindbergh n’était pas d’accord avec tout ce dont il était témoin, en particulier, il n’approuvait pas la politique antisémite du régime mais cela ne l’empêchait pas d’écrire qu’il trouvait que l’Allemagne « était le pays le plus prometteur au monde à l’heure actuelle, cherchant à trouver des issues à nos problèmes les plus fondamentaux. »
Dans une lettre adressée à un officier de l’U.S. Army, un ami personnel, il déclare que « Même si j’ai quelques réserves, j’éprouve un grand sentiment d’admiration pour le peuple allemand. La situation dans le pays, l’apparence du citoyen moyen qu’on peut voir dans la rue, me donnent l’impression qu’Hitler doit avoir bien plus de personnalité et être un bien plus grand visionnaire que ce qu’on peut croire à la lecture de tant et tant d’articles dans la presse en Amérique ou en Angleterre. »
Dans une lettre à un autre ami, il écrit : « On peut bien le critiquer, mais c’est [Hitler] incontestablement un grand homme qui a fait beaucoup pour les Allemands. C’est à bien des égards un fanatique et chacun peut constater qu’il y a un certain fanatisme en Allemagne aujourd’hui, moins que ce que je pouvais penser, mais ce fanatisme est bien présent. Mais d’un autre côté, ce qu’Hitler a réussi, en bien ou en mal, ne pouvait pas l’être sans une certaine dose de fanatisme. »
L’épouse de Lindbergh, Anne Morrow, était une femme remarquable, elle était elle-même une aviatrice accomplie et un auteur à succès. En 1936, dans une lettre à sa mère, elle écrit :
« Hitler, je commence à le comprendre, est un très grand homme, une sorte de prophète – à ce titre, assez fanatique – mais du moins ce n’est pas un calculateur intéressé et avide de pouvoir, c’est un mystique et un visionnaire qui veut le meilleur pour son pays, dans l’ensemble, il a une assez bonne largeur de vues. »
Charles Lindbergh était si impressionné par l’Allemagne d’Hitler qu’il avait sérieusement envisagé de s’y installer avec sa famille. « Je n’avais encore jamais éprouvé de sentiment de liberté avant de venir en Europe » remarquait-il en 1939. « Le plus étonnant, c’est que de tous les pays européens, c’est en Allemagne que je trouvais le plus de liberté individuelle, l’Angleterre venait ensuite et la France derrière». Après des recherches, il avait fini par dénicher une propriété dans la banlieue de Berlin, il s’apprêtait à l’acheter, mais la menace de guerre en Europe devenait pressante et il a renoncé à son projet.
Le déclenchement des hostilités en septembre 1939 l’a profondément consterné et il était résolu à tout faire pour tenir les États-Unis en dehors du conflit. Durant les deux années qui ont suivi, c’est-à-dire jusqu’à l’entrée en guerre officielle de l’Amérique en décembre 1941, il a fait campagne contre cette entrée en guerre.
Mi-septembre1939, lors d’une allocution radiophonique largement relayée par la presse à grand tirage, Lindbergh déclarait :
« Nous devons empêcher qu’une propagande étrangère nous entraîne aveuglément dans une nouvelle guerre… Nous ne devrions entrer en guerre que si l’avenir même de notre pays était en danger ».
« Ces guerres en Europe ne sont pas des guerres dans lesquelles notre civilisation joue sa survie face à un envahisseur asiatique. Il n’y a aucun Gengis Khan ou Xerxès marchant contre les nations occidentales. Il ne s’agit pas de s’unir pour sauver la race blanche d’une invasion étrangère. Il ne s’agit que d’une de ces sempiternelles luttes au sein de notre propre famille de nations – une querelle tout droit sortie des erreurs de la dernière guerre – de l’incapacité des vainqueurs à suivre une politique cohérente de force ou de conciliation. »
« En conséquence de quoi, une nouvelle guerre commence qui promet d’être encore plus cataclysmique que la précédente, une guerre dans laquelle l’Europe va engloutir la fine fleur de sa jeunesse, une guerre qui pourrait bien signifier la fin de notre civilisation occidentale. »
« Notre sécurité n’est pas liée aux guerres européennes. Elle réside dans nos capacités internes, dans la nature du peuple américain et de ses institutions. Tant que nous entretiendrons une armée, une marine et une aviation dignes de ce nom, tant que l’Amérique ne décline pas de l’intérieur, nous ne devrons pas craindre d’invasion».
Quelques semaines plus tard, il s’adressait de nouveau au peuple américain dans une émission nationale : « Nos liens avec l’Europe sont des liens de race, pas des liens idéologiques… C’est la race européenne que nous devons chercher à préserver, les progrès politiques suivront. La puissance de notre race, c’est vital, la politique, c’est du luxe. Si la race blanche venait à être sérieusement menacée, il serait alors temps pour nous de prendre part à sa défense et de combattre épaule contre épaule avec les Anglais, les Français et les Allemands et non les uns contre les autres pour notre destruction mutuelle ».
Lindbergh exposait déjà des vues similaires dans son article « Aviation, Géographie et Race » paru dans le numéro de novembre 1939 du Reader’s Digest, le mensuel le plus lu en Amérique. Il écrivait : « Nous, les héritiers de la culture européenne, sommes au seuil d’une guerre désastreuse, une guerre dans notre propre famille de nations, une guerre qui va affaiblir et détruire les trésors de la race Blanche, une guerre qui pourrait même conduire à sa perte la civilisation occidentale… Nous ne pourrons garantir la paix et la sécurité que tant que nous resterons unis pour notre bien le plus précieux, l’héritage de notre sang européen… »
Bien des Américains aujourd’hui pourraient s’offusquer ou se sentir offensés par de tels propos sur la race et la culture, ils sont pourtant courants dans l’histoire du pays, on les retrouve en substance chez Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et Theodore Roosevelt, ces propos reflètent aussi ce que pensaient une grande majorité d’Américains dans les années trente, même s’il n’était déjà plus de bon ton de l’exprimer ouvertement.
Lors d’une allocution le 4 août 1940, Lindbergh dénonçait la manière dont les Américains avaient été trompés sur la situation à l’étranger.
« J’ai pu constater que la situation en Europe était très différente de ce qu’on pouvait croire vu des États-Unis », « Un simple coup d’oeil en arrière sur les premières pages de nos journaux montrent à quel point l’image qu’ils nous donnaient des nations belligérantes était fausse. On nous avait dit que l’Allemagne était mûre pour la révolution, que son réarmement était du bluff, qu’elle manquait d’officiers, qu’elle faisait voler ses avions d’aérodromes en aérodromes pour qu’ils soient comptés plusieurs fois par les observateurs étrangers…Des nouvelles de ce genre nous sont parvenues en cascade depuis l’Europe et quiconque se permettait d’en douter était considéré comme un agent nazi. Ces exemples rappellent à quel point nous avons été trompés sur la situation militaire, mais si on remonte encore un peu plus loin dans le temps, on verrait qu’on nous avait aussi menti sur la situation politique ».
Lors d’une audition largement médiatisée devant le Congrès début 1941, Lindbergh s’est une nouvelle fois opposé à toute nouvelle mesure visant à rapprocher l’Amérique de la guerre. Comme il l’avait déjà fait en d’autres occasions, il a exprimé l’espoir que le conflit entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne pourrait se résoudre par des négociations de paix, affirmant en outre que l’Amérique ne devait pas être « le gendarme du monde ».
À l’époque, Lindbergh était la figure de proue du America First Committee la plus vaste organisation en faveur de la paix de l’histoire des USA, elle était forte de 800 000 membres, des citoyens de base répartis dans tout le pays. Lors d’un rassemblement monstre à New York en avril 1941, il en appelait à la mobilisation en faveur de la paix.
« … Nous sommes conduits à la guerre par une petite minorité », « Cette minorité a du pouvoir, de l’influence, une voix forte, mais elle ne représente pas le peuple américain… Les Américains – surtout les travailleurs – sont avec nous. Ils sont la vraie force du pays, c’est pour eux que l’America First Committee a été créé, pour donner une voix à ceux qui n’ont pas de journaux ou de radio sous leur contrôle, pour ceux-là même qui devront payer, combattre et mourir si le pays entre en guerre ».
« … Si vous croyez en une destinée indépendante pour l’Amérique, si vous pensez que ce pays ne devrait pas entrer dans la guerre en Europe, nous vous demandons de rejoindre l’America First Committee dans ses stands. Nous vous demandons de propager notre foi en la capacité de la nation à se défendre seule, à défendre sa propre civilisation, à contribuer au progrès de l’humanité d’une manière plus constructive et intelligente que celle qu’on voit à l’œuvre entre les nations en guerre en Europe ».
Le 11 septembre 1941 (60 ans exactement avant l’attaque sur le World Trade Center à New York), Lindbergh prononçait à Des Moines dans l’Iowa son discours le plus controversé, le plus courageux aussi. Lors de cette allocution, il parlait pour la première et unique fois en public de ceux qui poussaient à la guerre.
« Les sondages nationaux montrent que lorsque l’Angleterre et la France ont déclaré la guerre à l’Allemagne en 1939, nous étions moins de dix pour cent à souhaiter que l’Amérique en fasse autant. Mais il y avait différents groupes ici et à l’étranger dont les intérêts et les convictions rendaient nécessaire l’implication des États-Unis dans le conflit. Je vais vous en identifier certains ce soir et vous révéler leurs manières de procéder. Je vais les désigner sans aucun détour parce que nous devons savoir exactement à qui nous avons affaire pour pouvoir les contrer. »
« Les trois plus importants groupes qui font pression pour l’entrée en guerre de ce pays sont les Anglais, les Juifs et l’administration Roosevelt ».
Lindbergh prenait la précaution de préciser : « Je ne suis pas en train de m’en prendre aux Anglais ou aux Juifs, deux races que j’admire, mais je dis que les dirigeants de ces deux races, pour des raisons qui sont aussi compréhensibles de leur point de vue qu’elles sont inopportunes du nôtre, pour des raisons étrangères à l’Amérique, veulent nous entraîner dans la guerre ».
Il poursuit : « Comme je l’ai dit, ces va-t-en-guerre ne représentent qu’une faible partie de notre peuple, mais ils ont une influence énorme. Contre la détermination des Américains à se tenir en dehors du conflit, ils ont mobilisé toute la puissance de leur propagande, de leur argent et de leurs relations. »
À propos des Juifs s’efforçant de faire entrer l’Amérique en guerre, Lindbergh affirme : « Ils sont la plus sérieuse menace pour ce pays du fait qu’ils détiennent et contrôlent presque toute notre industrie du cinéma, notre presse, notre radio et notre gouvernement ». Il ajoute : « Nous ne pouvons pas leur en vouloir de chercher à défendre ce qu’ils pensent relever de leurs intérêts supérieurs, mais nous devons veiller aux nôtres. Nous ne pouvons pas accepter que les passions et les préjugés d’autres peuples mènent notre pays à sa perte ».
Il en vient ensuite à décrire les manœuvres malhonnêtes des fauteurs de guerre.
« Ils avaient prévu, d’abord de préparer les États-Unis à la guerre sous couvert de renforcer sa défense, ensuite de nous impliquer dans le conflit par petits pas sans que nous puissions nous en rendre compte, enfin, de créer une série d’incidents qui nous forceraient à rentrer pour de bon dans le conflit. Ces étapes devaient bien entendu être camouflées et soutenues par la puissance de leur propagande ».
« Nos théâtres ne jouaient bientôt plus que des pièces glorifiant la guerre, les actualités abandonnaient peu à peu tout semblant d’objectivité, les journaux et les magazines commençaient à perdre de la publicité s’ils faisaient des articles contre la guerre, on instituait une campagne de dénigrement systématique contre les personnes opposées à l’intervention. Les termes de « membre de la cinquième colonne », « traître », « nazi », « antisémite » étaient constamment jetés à la figure de ceux qui osaient suggérer qu’il n’était pas de l’intérêt supérieur de la nation de partir en guerre. On pouvait perdre son travail si on était trop ouvertement antiguerre, certains préféraient ne plus parler. Rapidement, des salles qui étaient ouvertes à ceux qui défendaient la guerre se sont fermées pour ceux qui étaient contre… La propagande tournait à plein régime ».
Ce discours s’est attiré un torrent de critiques cinglantes. Lindbergh a été violemment attaqué, surtout pour ses remarques sur le rôle des Juifs dans la campagne en faveur de la guerre – même s’il n’avait fait que dire, en termes mesurés, la vérité.
Par exemple, dix mois avant le début des hostilités en Europe, le plus influent hebdomadaire américain illustré, Life Magazine, commençait déjà à préparer psychologiquement les Américains à la guerre avec des titres alarmistes selon lesquels l’Allemagne menaçait les États-Unis. Dans un article important du 31 octobre 1938, le magazine affirmait que « l’Amérique s’apprêtait à combattre l’Allemagne, l’Italie et le Japon », il expliquait aux lecteurs que l’Allemagne et l’Italie « Convoitaient… les riches ressources naturelles de l’Amérique du Sud », et prévenait que « Les flottes et les légions fascistes pourraient bientôt fondre à travers l’Atlantique ».
En réalité, Hitler et tous les hauts responsables Allemands étaient surtout soucieux d’éviter tout conflit, que ce soit avec l’Amérique, l’Angleterre ou la France. Mais en septembre 1939, c’est l’Angleterre et la France, encouragés par les USA, qui ont déclaré la guerre à l’Allemagne.
Durant cette période, Roosevelt et son administration cherchaient également à faire basculer le public en faveur de la guerre en agitant la terrifiante menace de plans fantastiques de l’Allemagne pour conquérir le monde.
Le jour même où Lindbergh donnait son discours controversé à Des Moines, Roosevelt expliquait aux Américains que Hitler se disposait à « abolir la liberté de navigation et à acquérir la maîtrise absolue des mers dans le cadre d’un vaste plan stratégique visant à la domination des États-Unis et de toute la sphère occidentale». Sur la base de cette justification, le président annonçait un ordre de « tir à vue » à la marine américaine contre tout navire allemand ou italien dans l’Atlantique – une mesure complètement illégale qui était une véritable provocation à la guerre.
Et le 27 octobre 1941, Roosevelt donnait son fameux discours de « la carte secrète » censé établir qu’Hitler voulait s’emparer de l’Amérique Latine. Il annonçait également savoir qu’Hitler abolirait toutes les religions existantes s’il parvenait à dominer le monde.
Même s’ils étaient des millions d’Américains à croire toutes ces inventions et mensonges éhontés, des observateurs étrangers avisés n’étaient pas dupes. L’un d’entre eux, l’ambassadeur de Pologne à Washington, le comte Jerzy Potocki, qui adressait régulièrement des rapports à Varsovie sur la situation aux États-Unis soulignait dans une dépêche confidentielle de février 1938 – plus d’un an et demi avant le début de la guerre – le rôle des Juifs vers la guerre.
« La pression des Juifs sur le Président Roosevelt et le Département d’État se fait toujours plus forte », « Les Juifs sont à présent à la tête de la psychose qui va plonger le monde dans la guerre et provoquer une catastrophe générale. Cette humeur guerrière est de plus en plus manifeste… cette haine devient frénétique. Elle est propagée partout par tous les moyens : au théâtre, au cinéma et dans la presse. Les Allemands y sont dépeints comme une nation vivant sous le joug d’Hitler qui veut conquérir le monde et noyer l’humanité dans un océan de sang. »
« …La communauté juive internationale exploite tous les moyens de propagande pour saper toute velléité de rapprochement et de compréhension mutuelle entre les nations. C’est ainsi que la conviction se renforce, lentement mais sûrement, au sein de l’opinion publique que les Allemands et leurs satellites fascistes, sont des ennemis qui doivent être vaincus par « le monde libre ».
Dans un envoi confidentiel du 9 janvier 1939, l’ambassadeur rapporte que : « Le public américain est sujet à une propagande sous influence juive toujours plus alarmiste qui s’emploie à agiter en permanence le spectre de la guerre. De ce fait, les Américains ont fortement évolué dans leur appréciation des problèmes de politique étrangère par rapport à l’an dernier ».
Quelques jours plus tard, le 12 janvier 1939, l’émissaire polonais reformulait de semblables observations dans son rapport confidentiel.
« Le sentiment qui prévaut désormais aux États-Unis est marqué par une haine grandissante du fascisme et par-dessus tout, du chancelier Hitler et de tout ce qui touche au nazisme. La propagande est principalement aux mains des Juifs qui contrôlent presque cent pour cent des radios, des films, de la presse quotidienne et périodique. Même si cette propagande est extrêmement grossière dans sa présentation tout en noir de l’Allemagne – ce sont surtout les persécutions religieuses et les camps de concentration qui sont exploités – cette propagande est néanmoins très efficace du fait que le public local est complètement inculte et ne sait rien de la situation en Europe. C’est au point à présent que les Américains considèrent Hitler et le nazisme comme le plus grand mal menaçant le monde ».
« … On explique sans équivoque au peuple américain qu’en cas de guerre mondiale, l’Amérique devra prendre jouer un rôle actif pour défendre les principes de la liberté et de la démocratie dans le monde ».
Vingt-cinq années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Lindbergh publiait son journal de guerre. Dans son introduction qui a suscité bien des discussions et des commentaires, il revenait sur le bilan du conflit.
« Nous avons gagné la guerre au sens militaire » écrivait-il, « mais en un sens plus large, il me semble que nous avons perdu, notre civilisation occidentale est moins respectée et en sécurité qu’elle ne l’était auparavant. Pour battre l’Allemagne et le Japon, nous avons alimenté les bien plus grandes menaces que sont la Russie et la Chine – lesquelles nous défient à l’âge nucléaire. La Pologne n’a pas été sauvée, notre culture occidentale a été détruite. Nous avons perdu l’héritage génétique forgé au cours des siècles au travers de millions de vies… Il est à craindre que la Seconde Guerre mondiale ne marque le début de la chute de la civilisation occidentale comme elle a déjà marqué la chute du plus vaste empire jamais construit par l’homme. »
Aussi périlleux que fût son fameux vol au-dessus de l’Atlantique, Lindbergh a fait montre de plus de courage et de fidélité aux principes dans sa campagne audacieuse contre la guerre. « Nous ne pouvons pas accepter que les passions et les préjugés d’autres peuples mènent notre pays à sa perte » avertissait-il le 11 septembre 1941. Si les Américains avaient suivi ses conseils les USA n’auraient pas eu à subir les horreurs de l’attaque du 9/11 soixante ans plus tard [le 911 est aussi le numéro d’urgence en Amérique].
Mark Weber, Septembre 2011
Traduction : Francis Goumain
Version originale de l’article en anglais sur le site de l’iHR : http://www.ihr.org/other/lindbergh2011.html
Sources :
A. Scott Berg, Lindbergh (G. P. Putnam’s Sons, 1998)
Patrick J. Buchanan, Churchill, Hitler and ‘The Unnecessary War’: How Britain Lost Its Empire and the West Lost the World (New York: Crown, 2008).
William H. Chamberlain, America’s Second Crusade (Chicago: 1950)
Benjamin Colby, ‘Twas a Famous Victory (Arlington House, 1975)
Leonard Mosley, Lindbergh: A Biography (Doubleday and Co., 1976)
Walter S. Ross, The Last Hero: Charles A. Lindbergh (Harper & Row, 1968 )
Charles C. Tansill, Back Door to War: The Roosevelt Foreign Policy, 1933-1941 (Chicago: 1952)
Mark Weber, “President Roosevelt’s Campaign To Incite War in Europe.” 1982 ( http://www.ihr.org/jhr/v04/v04p135_Weber.html )
Mark Weber, “Roosevelt’s ‘Secret Map’ Speech,” 1985/ 2010 ( http://www.ihr.org/jhr/v06/v06p125_Weber.html )
Mark Weber, “The ’Good War’ Myth of World War II, and Why It’s Dangerous,” 2008 ( http://www.ihr.org/news/weber_ww2_may08.html )