Le b.a.- ba de la stratégie d’influence d’une minorité c’est de faire passer la défense de ses intérêts particuliers pour une défense de l’intérêt général. C’est très exactement ce qui s’est produit en France avec la fondation de la Ligue des Droits de l’Homme.
Bien que la ligue soit fondée en France, il ne s’agit pas de défendre la nation, la France, le Français, l’Alsacien ou le Lorrain. Le but affiché est beaucoup plus large : l’homme en général. Mais il ne faut pas s’y fier, plus le but affiché est général, plus l’intérêt est particulier.
Il faut s’interroger, pourquoi cette fondation en France, pays de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen en 1789, un siècle plus tôt, donc pays où cette question pouvait sembler résolue depuis longtemps pour la plus grande satisfaction ses habitants ? Pourquoi, alors, fallait-il remettre cette question sur le devant de la scène en 1898 ?
Parce qu’en France en 1894, éclate l’affaire Dreyfus. La fondation de la Ligue des Droits de l’Homme fait suite à l’affaire Dreyfus et elle est le fait de dreyfusards. Son fondateur, Ludovic Trarieux, est l’avocat à l’origine de la révision du procès de Dreyfus.
Parmi ses premiers membres, participant aux universités populaires de la Ligue, on trouve Victor Basch. Victor Basch est issu d’une famille juive hongroise émigrée à Paris. Il a accès aux plus hautes personnalités de la politique française et de la communauté juive internationale. Raymond Poincaré, président de la République, le reçoit à son cabinet le 15 mai 1916, il note dans ses mémoires : « Victor Basch, que j’ai prié de passer à mon cabinet, me donne ses impressions d’Amérique. Il y a trouvé les Israélites très hostiles à la Russie mais favorable à la France ; il a réussi à pénétrer parmi eux ; il leur a fait des conférences ; il a acquis l’assurance que la maison Jacob Schiff consentirait à placer pour les Alliés un emprunt de 250 millions de dollars, si la Russie accordait quelques avantages aux Israélites ».
Victor Basch était aussi proche de la LICA, Ligue Contre l’Antisémitisme, fondée par Bernard Lecache. Le 3 juin 1927, il préside une réunion de la LICA sur la persécution des Juifs en Europe centrale. On peut remarquer que l’appellation de cette Ligue était une erreur par rapport à la stratégie d’ensemble qui est de toujours masquer l’intérêt particulier. Ce sera corrigé lors de son 33e congrès en 1979, la LICA deviendra la LICRA, Ligue Contre le Racisme et l’Antisémistme.
Victor Basch sera le quatrième président de la LDH, de 1926 à 1944. Le 10 janvier 1944, il est exécuté par la Milice française à Neyron dans l’Ain. Les miliciens, dans leur fureur coupable mais néanmoins lucide, ont dû estimer que c’est à Victor Basch, à sa communauté et aux zélotes de sa communauté, qu’on devait une lecture mondialiste des droits de l’homme.
Aujourd’hui, tout cela saute aux yeux, nous savons bien qui sont les grands gagnants du petit jeu des droits de l’homme, nous savons aussi qui en sont les grands perdants.
Francis Goumain
Et depuis, la nation n’est plus un droit de l’homme, visiblement.
« Mise en place à la faveur de… » serait, hélas, peut-être un titre plus réaliste à la lumière de ce qui s’est enchaîné depuis…