Absentéisme : vider les prisons, mais remplir les écoles ?
Cosignée, entre autres apparatchiks, par les étrangères Najat Belkacem et Christiane Taubira, une nouvelle circulaire interministérielle insiste encore davantage sur « l’obligation scolaire ». C’est un peu comme le vote : à dix-huit ans, c’est un de leurs droits, mais dès la première élection, on nous dit que c’est un… « devoir civique » (sic) !
« La prévention de l’absentéisme scolaire constitue une priorité absolue qui doit mobiliser tous les membres de la communauté éducative. Chaque élève, qu’il soit soumis à l’obligation scolaire ou qu’il n’en relève plus, a droit à l’éducation, un droit qui a pour corollaire le respect de l’obligation d’assiduité, condition première de la réussite scolaire. »
Avouons que c’est, au début, assez habilement présenté !
Mais, comme pour tout ce qui relève de leur République, ça se gâte très vite et, vu la longueur et la lourdeur de ladite circulaire, mieux vaut ne pas la faire lire aux élèves si on veut vraiment « lutter contre l’absentéisme » :
« Quelles que soient les origines du phénomène, il appartient à l’institution scolaire de mettre en œuvre tous les moyens pédagogiques, éducatifs et de soutien des parents à sa disposition pour favoriser le retour de l’assiduité de l’élève. Le développement du partenariat avec les acteurs du soutien à la parentalité et de l’accompagnement et de l’écoute de jeunes présentant des vulnérabilités constitue un levier essentiel pour prévenir les situations d’absentéisme. Il doit également permettre une meilleure prise en compte du phénomène dans la mise en place de projets adaptés, dans le cadre des dispositifs d’intervention auprès des parents et des jeunes eux-mêmes. »
Ne rions pas, ils font ça avec les taxes prélevées sur tout ce que nous achetons !
Prétendant « piloter efficacement la prévention et le traitement de l’absentéisme », on nous explique tout d’abord comment… le repérer – ça, même les élèves absentéistes auraient su le faire !
Ceci était « au niveau de l’école ou de l’établissement », mais on compte également « agir » « au niveau de chaque département » et là, on met en place une véritable usine à gaz digne des heures les plus sombres des bureaucraties bolcheviques et qui justifiera, au moins en apparence, l’existence d’un tas de structures technocratiques tout aussi ruineuses qu’inutiles :
« Lorsque le conseil départemental de l’éducation nationale a institué une section spécialisée conformément aux dispositions de l’article R. 235-11-1 du code de l’éducation, celle-ci est saisie, pour avis, des mesures destinées à renforcer l’assiduité scolaire, et notamment des aides aux familles envisagées par le président du conseil général. Les maires, la Caisse d’allocations familiales et le secteur associatif sont représentés au sein de cette commission.
Afin de favoriser la mise en place rapide de solutions adaptées, la coopération entre les services de l’éducation nationale, la Direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse (DTPJJ), la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), la Caisse d’allocations familiales (Caf) et les collectivités territoriales permet de mettre en cohérence les besoins identifiés par les responsables d’établissement et les dispositifs de soutien à la parentalité, en lien avec les instances de coordination départementales du soutien à la parentalité ou des services aux familles (1), ainsi qu’avec les structures d’intervention directe auprès des jeunes.
Une convention (…), conclue entre le préfet, l’inspecteur d’académie-directeur académique des services de l’éducation nationale par délégation du recteur d’académie, le directeur territorial de la protection judiciaire de la jeunesse, le président du conseil général et le directeur de la Caisse d’allocations familiales, peut organiser la concertation et la coopération des différents partenaires, en cohérence avec les priorités locales de soutien à la parentalité, notamment définies dans les schémas départementaux des services aux familles. La mise en œuvre de cette convention pourra être intégrée dans les projets éducatifs territoriaux. »
Puis il est précisé, à l’attention des non comprenant, au milieu d’un tsunami de verbiage administratif et hyper-procédurier, que, dans la lutte (finale ?) contre l’absentéisme, on n’exclut pas un élève pour le punir de ses absences… il fallait y penser !
Arrivant enfin au bout du chapitre II « Se doter des moyens de traiter efficacement (sic) les absences », le lecteur se doute bien qu’on ne pourra jamais appliquer toutes les mesures prévues à un élève au cours d’une seule année scolaire. Ainsi, encore, au hasard :
« L’inspecteur d’académie-directeur académique des services de l’éducation nationale, agissant sur délégation du recteur d’académie, peut, en fonction de la situation, convoquer, par pli recommandé, les parents de l’élève pour les entendre en présence du président du conseil général ou de son représentant ainsi que, le cas échéant, des représentants des autres services de l’État. Il est rappelé aux personnes responsables de l’élève leurs devoirs en matière d’assiduité scolaire et les sanctions auxquelles elles s’exposent si elles méconnaissent leurs obligations légales en matière d’éducation. Des mesures éducatives ou sociales susceptibles d’être mobilisées pour permettre le rétablissement effectif et durable de l’assiduité scolaire ainsi que des dispositifs d’accompagnement non encore mis en place au bénéfice de la famille leur sont proposés : modalités particulières d’enseignement, proposition d’une passerelle vers une autre formation ou changement d’école ou d’établissement. »
Repousser l’échéance de la sorte devrait éviter d’aboutir au stade suprême de l’anti-absentéisme, « priorité absolue », etc. :
« Lorsque, à l’issue de toutes les tentatives de remédiation et de dialogue avec la famille et l’élève et en dépit de cet accompagnement, l’assiduité n’a pas été rétablie, la mise en place d’une procédure de sanctions pénales constitue l’ultime recours pour mettre fin à une situation d’absentéisme persistant. »
Or, le même document kilométrique énonce, larmoyant quant au refus de devenir leur citoyen :
« L’absentéisme d’un enfant ou d’un adolescent est un sujet de préoccupation et d’inquiétude, voire de désarroi, pour les familles confrontées à ce problème. Il importe de les aider et de les accompagner afin de leur donner les moyens de réagir quand elles sont démunies et d’éviter ainsi qu’elles ne s’y résignent. »
Par conséquent, seul cet enfant ou adolescent pourrait être poursuivi en justice pour absentéisme. Or s’il a plus de seize ans, il pourra démissionner pour ne plus être assujetti à l’obligation scolaire. Et s’il a moins de seize ans, il pourra, à l’instar de « la Terreur de Limoges », récidiver à volonté sans que quoi que ce soit n’arrive ni à ses parents dépassés par la situation, ni à lui-même.
En effet, à titre de « sanction pénale », le procureur de la République – juge dépendant directement de Christiane Taubira – s’il constate les faits constitutifs de l’infraction, pourra… « effectuer un rappel à la loi. »
Tout ça pour ça ?
Dans ces conditions, que leur « Éducation nationale » en soit réduite à la publicité télévisuelle pour attirer à elle des chômeurs désespérés – « pour susciter des vocations », selon la doxa officielle – n’est qu’un juste retour des choses !
Attention tout de même, car le laxisme généralisé n’empêche pas le fichage tchékiste* :
« La durée d’utilité administrative des dossiers scolaires est de 50 ans. »
Et :
« La finalité du dossier scolaire est de disposer d’informations sur l’élève, sur son(ses) responsable(s) légal(aux) (ses parents) […] »
nous précise-t-on, dans la rubrique « Le film annuel des personnels de direction »…
Patriotes à la pensée non conforme, vous êtes prévenus !
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*Tchéka : police politique soviétique créée en 1917 pour lutter contre les Russes anti-bolcheviks