Pour toute réplique aux attentats islamistes, l’Assemblée « nationale » (sic) a organisé hier une… minute de silence. Ce n’est pas la première fois que les députés s’engagent aussi puissamment dans le combat : ils avaient « courageusement » déjà lutté ainsi contre les terroristes en janvier dernier par une première minute de silence. Le caractère dissuasif de la sanction n’apparaît pas encore clairement puisque depuis, deux Français sont morts de l’invasion : Aurélie Châtelain et Hervé Cornara. Si ce dernier a été associé à la minute de silence hier, les députés ont au contraire ignoré la mort d’Aurélie Châtelain, dont la mémoire ne fut saluée par aucune « minute de silence ».
Cessant brusquement leurs bruits habituels – ronflements, textotages, bruissements de pages de journaux tournées, vitupérations orchestrées et déclamations faussement outragées –, les députés et les ministres se sont tus pendant quelques instants mardi, un silence lâche et coupable censé rendre hommage (?) aux victimes « assassinées », notamment « odieusement décapitées », « frappées sauvagement » lors « d’actes odieux [bis repetita] » selon Claude Bartolone.
Selon ce dernier se taire et ne rien faire a montré que la solidarité « sans faille de la représentation nationale envers les peuples qui sont lâchement frappés par la barbarie ».
Les républicains unis ont ensuite rendu un hommage solennel similaire à Charles Pasqua, deux fois condamné par la justice et chef et fondateur du Service d’action civique (SAC), groupuscule terroriste gaulliste coupable d’innombrables crimes dont le dernier, la tuerie d’Auriol, n’a semblé apparemment « odieux » aux yeux d’aucun député. Ces derniers, de la gauche à l’extrême droite, y compris les membres du gouvernement, se sont levés comme un seul homme. Se taire et ne rien faire est un art où ils excellent.
Certains députés de gauche ont cependant refusé de s’associer à l’hommage à l’affairiste corrompu, malgré les « Debout, debout ! » lancés par élus du groupe Les Républicains (LR, ex-UMP) et malgré les rappels de Manuel Valls du passé unanimement républicain de Charles Pasqua, de la « résistance » aux tribunaux pour corruption en passant par le gaullisme, le SAC, l’incapacité à agir contre les terroristes et l’invasion – un domaine où le premier ministre « brille » tout autant – et la responsabilité dans la mort de Sébastien Deyzieu.