En ce mois de février 2016, une délégation du Parti Nationaliste Français s’est rendue à Sofia à l’invitation d’un mouvement ami, l’Union Nationale Bulgare (Български Национален Съюз), pour participer à la traditionnelle commémoration du général Hristo Lukov. Le général est considéré par les Bulgares comme l’une des plus grandes figures représentatives de leur nationalisme par son héroïsme guerrier et son attachement à l’unité et l’indépendance nationale.
Né en 1888, diplômé de l’Académie royale militaire, il se distingue à plusieurs reprises par son courage pendant la Ière guerre mondiale. À partir de 1935, il est ministre de la Guerre et mène des réformes de modernisation qui amènent l’armée bulgare au niveau des autres armées européennes. En 1938 il quitte le ministère et prend la tête de l’Union Nationale Bulgare Légionnaire, mouvement nationaliste anticommuniste, également hostile au libéralisme. Il est assassiné sur le pas de sa porte à Sofia, le 13 février 1943, par deux partisans communistes qui lui tirent plusieurs coups de feu dans le dos sous les yeux de sa fille.
Malgré la tentative du pouvoir communiste de le faire disparaître de la mémoire nationale pendant 46 ans, chaque 13 février depuis 2002, l’Union Nationale Bulgare orchestre une « procession marche aux flambeaux », la « Lukovmarch » (Луковмарш), dans les rues de Sofia afin de se souvenir et de rendre hommage au grand soldat, nationaliste et homme d’État.
En ce 13 février 2016, bravant la pluie et le froid, dès 17h30 se regroupent dans le jardin du Palais national de la culture, des centaines de Bulgares et quelques amis européens : des Autrichiens, des Hongrois, des Allemands et notre délégation française. Déjà des centaines de policiers et gendarmes en tenue anti-émeute, avec véhicules blindés et camions lances à eau, encadrent le lieu de rassemblement. La garde d’honneur se met en place en tête du cortège, suivie de la banderole blanche frappée du portrait du général Lukov cerclé de lauriers et portant la devise choisie cette année : « La flamme est en toi ». Derrière la banderole, le prêtre orthodoxe, puis prennent place les délégations étrangères et enfin la longue colonne, formée par les quelques 2 000 nationalistes et patriotes ayant fait le déplacement, bordée des drapeaux aux couleurs nationales frappés du symbole proto-bulgare « IYI ». Comme un présage, la pluie s’arrête et le cortège s’ébranle sous une légère éclaircie dans un ordre serré impeccable.
Pour 100 mètres à peine ! Première halte. Un cordon de police barre l’accès au boulevard Vasil Levski. À la demande de plusieurs organisations « droits de l’hommiste », de groupes d’extrême-gauche et antifas (la Bulgarie n’est pas épargnée par ces organisations à la solde des destructeurs des traditions et mémoires nationales), la municipalité de Sofia a prononcé une interdiction de la procession. La jeune femme en tête de la garde d’honneur brandissant le portrait du héros s’avance. Le cordon de gendarmes s’écarte, nous passons ! Drapeaux au vent, les torches s’allument et tout le long de la marche les slogans retentissent : « Histo Lukov », « Gloire au héros », « Libre, social et national »…
Deuxième halte devant le monument dédié au héros du réveil national bulgare contre les Ottomans au XIXe siècle, Vasil Levski. La marche étant interdite, notre cortège ne pourra bifurquer vers l’église Sainte Sophie (qui a donné son nom à Sofia) et le monument officiel au soldat inconnu. Le cortège repart alors en direction de la maison natale du général Hristo Lukov.
À l’entrée du boulevard Dondukov, troisième cordon de police et troisième halte. Le cortège doit être scindé et seule une minorité des participants sera autorisée à se rendre jusqu’à la destination. La garde d’honneur, la banderole et les délégations étrangères suivies d’une cinquantaine de militants arrivent devant la maison natale portant une plaque de marbre noir.
Les organisateurs prennent la parole pour affirmer l’intemporalité de ses vertus et l’actualité de son message : le général a toujours fait preuve de qualités héroïques qu’il a mises au service de sa patrie et il a assumé ses engagements jusqu’au sacrifice pour l’unité de la nation bulgare dans une Europe soudée. Tout le monde met un genou à terre, une minute de silence. Puis résonne « Choumi Maritsa », l’ancien hymne bulgare (de 1886 à 1947), qui trouve son origine dans le mouvement de libération nationale de la Bulgarie sous domination ottomane à la fin du XIXe siècle.
Après dispersion, nous nous retrouvons avec les organisateurs et quelques invités pour partager un bon moment de camaraderie nationaliste et tisser de fructueux liens entre Européens.