La droite nationale en Autriche (ou ce qui en tient lieu) a donc échoué d’un cheveu au second tour de l’élection présidentielle. Le résultat est en effet très serré. Seuls 31 000 suffrages séparent les deux finalistes, le candidat du FPÖ Norbert Hofer (49,7 % et 2 223 000 voix) et celui des Verts (50,3 % et 2 254 000 suffrages), le gauchiste Alexander Van der Bellen. Les résultats définitifs de l’élection du dimanche 22 mai sont arrivés très tard, le lundi 23 en fin d’après-midi. Il a fallu attendre le décompte exact des centaines de milliers de votes par correspondance, surtout des Autrichiens de l’étranger, et des pensionnaires de maisons de retraite. Eloignés physiquement de leur patrie, les premiers le sont aussi souvent moralement, convaincus par l’euromondialisme. Quant aux seconds, ils votent moins fortement en moyenne pour le FPÖ que les autres classes d’âges, à l’instar de ce qui se passe avec le Front national en France, beaucoup de gens âgés ou très âgés répugnant à des changements supposés radicaux et dangereux. Norbert Hofer était pourtant arrivé largement en tête au premier tour avec quelque 35 % des voix, loin devant le candidat des Verts (21 %). Cela n’a pas suffi, pas plus que cela n’avait suffi aux régionales pour Marine et Marion Le Pen arrivées pourtant largement en tête au soir du premier tour dans les régions où elles concouraient. Bien qu’en Autriche, contrairement à la France, il n’y a pas eu de front républicain (les sociaux-démocrates et les conservateurs n’avaient pas donné de consigne de vote pour le second tour, ce qui est impensable chez nous), et bien que le pays n’ait pas connu une campagne médiatique hystérique comparable dans son ampleur à ce que l’on connaît en France, une majorité, certes très faible, d’électeurs ont quand même voté pour le candidat des Verts qui sont aussi immigrationnistes et gauchistes à Vienne qu’à Berlin ou à Paris, et alors même que le candidat du FPÖ l’a emporté dans la quasi-totalité des villes et des régions du pays, à l’exception toutefois de la capitale, du Vorarlberg, l’extrême ouest proche de la Suisse, et de quelques enclaves progressistes significatives dans le Tyrol et en Haute-Autriche.
Les six cent mille musulmans à papiers autrichiens ont fait la décision, en votant comme un seul homme pour le candidat cosmopolite et immigrationniste ; ils ont été particulièrement mobilisés, avec la diffusion massive à leur intention de tracts et d’affiches en turc, ce qui laisse quelques doutes quant au niveau de maîtrise de la langue allemande par ces masses considérables d’Autrichiens de papiers. Ce facteur est important et prouve une nouvelle fois qu’au scrutin majoritaire à deux tours ou lors de référendums ce sont les minorités ethniques qui font la décision. On l’avait vu déjà au Québec où, lors du référendum sur l’indépendance du Canada français, c’étaient les immigrés naturalisés qui avaient fait la différence en faveur du maintien du Québec au sein d’un Canada très majoritairement anglophone. Et nul doute qu’en France si un candidat patriote était en mesure de l’emporter, les masses musulmanes seraient appelées à lui faire barrage, ce qui serait d’ailleurs d’autant plus facile que ces mouvements populistes ont généralement fait allégeance à Israël et au lobby juif.
D’ailleurs en pure perte, car malgré les reptations du FPÖ qui était allé rallumer la flamme de Yad Vashem avec kippas sur la tête, comme un vulgaire Gianfranco Fini, le mouvement, si longtemps dirigé par feu Jörg Haider, n’a toujours pas conquis totalement sa respectabilité bien qu’il ait déjà participé à des coalitions tant sur un plan régional que national. Et Dieu sait pourtant qu’il n’a pas ménagé ses efforts en adoucissant son discours, en édulcorant son programme (il n’est plus question aujourd’hui de quitter l’Union européenne ni de rapatrier massivement les immigrés mais simplement de ne plus accueillir de nouveaux migrants), en votant la loi antirévisionniste la plus sévère en Europe (avec celle sévissant en Allemagne) qui condamne jusqu’à cinq ans de prison ferme les chercheurs non conformistes.
Suite de l’éditorial de Jérôme Bourbon dans le Rivarol du 26 mai 2016.