Treize. Ils sont finalement treize à se présenter à la primaire des Républicains (ex-UMP) des 20 et 27 novembre. Le 22 août le président du parti Nicolas Sarkozy, qui a aussitôt cédé la place à son fidèle Laurent Wauquiez, a sans surprise annoncé sa candidature à ce scrutin. Douze autres personnalités avaient postulé avant lui : Alain Juppé, François Fillon, Jean-François Copé, Bruno Le Maire, Nadine Morano, Nathalie Kosciusko-Morizet, Henri Guaino, Hervé Mariton, Frédéric Lefebvre, Geoffroy Didier, Jacques Myard, Jean-Frédéric Poisson. Tout cela devient parfaitement ridicule.
La généralisation des primaires, tant à droite qu’à gauche de l’échiquier politique, constitue une dégénérescence de la Ve République. Dans le cadre d’une élection présidentielle à deux tours, ce qui fait office de primaire, c’est le premier tour. Il est aberrant d’ajouter un troisième tour et même un quatrième puisque les primaires se déroulent également sur deux dimanches. Pour pouvoir gouverner pendant une législature entière en Allemagne, il a suffi à Madame Merkel de gagner les législatives qui se déroulent outre-Rhin en un seul tour. Pour pouvoir conquérir l’Exécutif en France et disposer d’une majorité, il faut désormais gagner six fois en l’espace de quelques mois : les deux tours des primaires, les deux tours de la présidentielle et les deux tours des législatives. C’est de la folie, une dépense d’argent et d’énergie tout à fait inconsidérée. D’autant que l’on sait pertinemment que quel que soit celui qui décrochera la timbale en 2017, la même politique sera menée, les mêmes lobbies dirigeront, les mêmes cénacles mondialistes donneront les ordres. Quel que soit le nom et le visage du successeur de Hollande, il présidera le dîner annuel du CRIF, ira rallumer la flamme de Yad Vashem, restera dans l’Union européenne, ne rétablira pas les frontières, n’inversera pas le courant de l’immigration, n’abrogera ni la loi Gayssot, ni la loi Taubira sur le “mariage” homosexuel ni la législation actuelle sur l’avortement, ne rendra pas justice au maréchal Pétain, ne rétablira pas les vérités historiques bafouées, n’appliquera pas le Décalogue, ne freinera pas l’islamisation du pays.
A cet égard le burkini, comme hier le voile, sur lequel la classe politico-médiatique se déchire ces temps-ci, est un faux problème, la vraie question, c’est celle de l’immigration de masse et du Grand Remplacement. Les media ont le don de masquer l’essentiel et de mettre en avant le dérisoire. Le problème n’est pas d’autoriser ou d’interdire le burkini, d’ailleurs pour l’heure très marginal, sur les plages, ce qui fut le feuilleton de l’été (il est des tenues bien plus choquantes aujourd’hui du fait de l’impudicité occidentale, il n’est que de voir l’évolution des tenues de bain depuis un siècle pour constater que les centimètres carrés de tissus n’ont cessé de diminuer pour aller vers une quasi-nudité généralisée) mais d’organiser le rapatriement graduel mais réel de millions d’allogènes qui n’ont rien à faire en France.
Avec la rentrée, et pendant de longs mois, jusqu’au scrutin présidentiel et législatif, les émissions politiques tant radiophoniques que télévisuelles vont se multiplier ainsi que les promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, les paroles oiseuses, les coups bas et les coups tordus, les fausses oppositions, les mensonges les plus éhontés. Tout cela pour faire vendre et pour faire ventre.
Dans ce domaine, reconnaissons que Sarkozy n’est pas le plus maladroit. Malgré ses casseroles tintinnabulantes, malgré son bilan désastreux à la tête de l’Etat de 2007 à 2012 et déjà comme ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac de 2002 à 2007, il a le talent, l’énergie, le culot pour faire prendre des vessies pour des lanternes. En 2007 il avait réussi, en utilisant les codes, les formulations, les propos de nature à plaire à l’électorat du Front national, à retirer à Jean-Marie Le Pen une partie importante des suffrages qui lui étaient naturellement destinés. Il a manifestement choisi, même sans les conseils cette fois de Patrick Buisson, de procéder à la même stratégie de séduction de l’électorat acquis au Front national ou tenté par lui. Il compte sur l’amnésie du corps électoral, sur les problèmes internes au Front national (rejet de Philippot et de sa ligne homosexualiste, laïciste et étatiste, exclusion de Jean-Marie Le Pen) et sur sa capacité personnelle à faire rêver, à enthousiasmer pour emporter le pompon. La partie n’est pas gagnée d’avance mais elle n’est pas non plus perdue, surtout si l’on considère l’extrême médiocrité de ses concurrents parmi les Républicains. Juppé a beau être le candidat officiel des media, de l’Etablissement et des Américains (ce qui a mécaniquement conduit Sarkozy à se rapprocher de la Russie de Poutine), il n’est pas aimé par la frange la plus droitière de l’électorat conservateur. Or c’est plutôt cette frange qui pourrait massivement se mobiliser pour les primaires.
C’est en tout cas le pari que tente Sarkozy. Lequel a compris, en politicien cynique et habile, qu’il fallait faire croire en son amour inconditionnel et passionné pour notre patrie. Aussi a-t-il intitulé son dernier livre paru chez Plon Tout pour la France, ce qui reprend quasiment au mot près le livre-programme du Front national pour les législatives de 1986 qui s’intitulait Pour la France. Difficile de croire à une simple coïncidence. Plusieurs des propositions qu’avance l’ancien président sont un copié-collé du programme historique du Front national comme la suppression de l’aide médicale d’Etat pour les clandestins et la suspension du regroupement familial, même si Sarkozy ajoute que sur ce dernier point il s’agit d’une mesure temporaire, limitée au mieux « à quelques années », ce qui en relativise d’emblée l’efficacité. Si, contrairement à la droite nationale, il n’entend pas supprimer purement et simplement le droit du sol, il souhaite le restreindre à en croire un entretien qu’il a donné en août à l’hebdomadaire Valeurs actuelles (qui lui est très favorable) : « Je veux qu’on le garde, mais pas de manière automatique. Il faudra créer une présomption de nationalité, permettant de ne pas attribuer la nationalité à quelqu’un qui aurait un casier judiciaire à sa majorité, ou dont on pourrait prouver que ses parents étaient en situation irrégulière au moment de la naissance. »
Même si ces mesures étaient intégralement appliquées, ce dont on peut et doit douter très sérieusement vu les antécédents du personnage, elles seraient de toute façon notoirement insuffisantes à faire face au tsunami migratoire que nous subissons. Mais ces propositions relativement décomplexées prouvent que Sarkozy se battra comme un lion pour redevenir le premier magistrat de France (il faut croire que la soupe est bonne !) et qu’il fera tout pour empêcher un Juppé qu’il méprise et qui a, il est vrai, une tête de croque-mort, de l’emporter à sa place. Il faut dire aussi que d’un point de vue judiciaire Sarkozy a tout intérêt à être élu. Cela interrompt pendant tout le temps du quinquennat les procédures judiciaires contre lui, l’immunité du chef de l’Etat étant totale en France. Compte tenu du nombre d’affaires dans lesquelles baignent les politiciens de tous bords, on comprend que beaucoup souhaitent conquérir l’Elysée pour se garantir une totale impunité. Mais de la France, de son indépendance, de son avenir, de sa pérennité, on peut être sûr qu’ils n’ont cure.
RIVAROL