L’abbé Jean-Marie Perrot, en breton Yann Vari Perrot est né le 3 septembre 1877 à Plouarzel.
En 1889, il exprime le désir de devenir prêtre. Il part alors faire ses humanités au Petit Séminaire de Pont-Croix. Après une année passée à Brest au sein du 19e régiment d’infanterie, il rentre au Grand Séminaire de Quimper, puis devient vicaire à Saint-Vougay en 1904, où il entreprend la création d’un patronage Paotred Sant-Nouga où il forme la jeunesse au travers de cercles d’études, d’une chorale et d’un groupe de théâtre.
L’association Bleun-Brug (Fleur de Bruyère) a été créée en 1905 par l’abbé Perrot avec sa revue Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne). il possède depuis cette époque une aura importante dans l’Emsav, mouvement nationaliste breton. Mobilisé le 5 août 1914 ; il demande à partir pour le front comme volontaire au Groupe des Brancardiers Divisionnaires.
L’abbé Perrot est muté en 1930 à Scrignac, bastion du PCF, par sa hiérarchie épiscopale qui désapprouve son engagement politique au-delà du plan culturel. Dès les années 1930, L’abbé Perrot est connu comme un sympathisant de l’organisation fascisante, le Parti national breton.
En 1937, il fait construire à Scrignac la chapelle de Koat-Keo par l’architecte James Bouillé, avec des sculptures de Jules-Charles Le Bozec, classée monument historique en 1997, aujourd’hui considérée comme un exemple significatif de la recherche d’une création architecturale bretonne moderne.
Dès la crise des Sudètes de 1938, le PNB affiche une position pacifiste et appelle les Bretons à refuser de combattre « pour l’impérialisme tchèque. » Dans ce contexte, plusieurs attentats sont perpétrés par des autonomistes membres ou proches du PNB, et plus particulièrement par l’organisation armée Gwenn ha Du de Célestin Lainé.
Le 9 août 1939, cette section spéciale du PNB organise un débarquement d’armes et d’affiches fournies par l’Abwehr aux nationalistes bretons, près de Locquirec. Célestin Lainé affirmera en 1957 que l’Abbé Perrot lui avait donné la clé du jardin de l’abbaye pour y déposer « ce qui lui plaira », et que cette cache avait servi à dissimuler une partie de la cargaison récupérée à l’issue du débarquement.
En octobre1940, il y publie un article dans son journal : Feiz ha Breiz, à l’occasion des 700 ans de l’expulsion des Juifs par le duc de Bretagne Jean Le Roux, en 1240, article dans lequel il rappelle la législation édictée par le duc à l’égard des Juifs, : – qui s’achève par ces mots : « Nul ne doit être accusé ou traîné en justice pour les Juifs tués… ».
L’article se poursuit par une justification en citant Saint Thomas d’Aquin qui comparait les Juifs à des passagers parasites et disait d’eux: « Il n’y a qu’une chose à faire d’eux […], les obliger à restituer leurs rapines, dédommager les passagers dont ils ont endommagé les bagages, et les mettre à ramer à la place des Chrétiens ».
Après cette citation, l’Abbé Perrot, la reprenant à son compte, conclut par le commentaire suivant : « Voilà ce que nous devons à nouveau faire d’eux à présent, un peu dans tous les pays d’Europe ».
Le 3 octobre, l’État Français vient d’instaurer le statut des juifs.
En novembre 1940, il reçoit également la visite de Joseph Otto Plassmann, directeur du « bureau II des questions raciales de la SS » et chargé par Himmler « de mener des investigations approfondies sur place afin de brosser un tableau précis de la situation ethnique en Bretagne ainsi que de l’état du Mouvement autonomiste breton ».
Bravant l’interdiction de Mgr Duparc de célébrer les fêtes du Bleun-Brug pendant l’Occupation, il organise le Bleun-Brug de Tréguier les 29 et 30 août 1942 à l’occasion du 500e anniversaire de la mort du Duc de Bretagne Jean V de Bretagne.
En octobre 1942, il est nommé membre du Comité Consultatif de Bretagne (CCB), une assemblée mise en place par le Préfet Régional Jean Quénette pour présenter des propositions dans les domaines de la langue et de la culture bretonnes.
Dans une lettre adressée en mars 1943 à Yann Fouéré, il s’en prend aux jeunes de la commune qui refusent le recensement au STO : « Il faut d’autant plus s’occuper de nos jeunes qu’un vent de communisme souffle en ce moment violemment sur leur tête (…) n’est-il pas temps de protéger sérieusement nos magistrats contre cette bande d’énergumènes qui n’écoutent que la radio de Londres ? »
L’abbé soutient par ailleurs l’invasion de l’Union soviétique et exalte dans un article de juillet 1943 « Les jeunes dans la fleur de l’âge qui sont allés donner la main aux Allemands pour se battre contre les sauvages de l’Est ».
L’abbé Perrot est assassiné le 12 décembre 1943 par Jean Thépaut, résistant membre de l’Organisation spéciale du PCF à Scaër, sur l’ordre du Bureau central de renseignements et d’action de Londres.
Les obsèques de l’abbé Perrot ont lieu à Scrignac le 15 décembre, en présence « du ban et de l’arrière-ban du mouvement breton ».
Après l’oraison funèbre prononcée par Monseigneur Duparc, évêque de Quimper, Célestin Lainé rend hommage à l’abbé « à la manière des anciens celtes » en passant une branche d’if au-dessus de son corps puis déclare : « La guerre est déclarée entre les ennemis de la Bretagne et nous. Ils ont tiré les premiers. Maintenant nous allons prendre les armes. Nous sommes prêts. »
Après la mort de l’abbé Perrot, Célestin Lainé, donne le nom de Bezenn Perrot au Bezenn Kadoudal, que les Allemands qui les commandent appellent der Bretonnische waffenverband der SS, où il a enrôlé une soixantaine d’hommes sous l’uniforme allemand de la Waffen- SS, un mois avant la mort de l’abbé.
L’abbé Perrot repose à la chapelle de Coat-Kéo, à Scrignac. La mémoire de Jean-Marie Perrot est toujours célébrée, notamment le Lundi de Pâques.
Unvaniez Koad Kev, association de la loi 1901, a été créée pour maintenir le souvenir de l’abbé Perrot, fondateur du Bleun Brug, Fleur de Bruyère, nationaliste breton, écrivain, et apôtre de Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne). Cette association est administrée principalement depuis 1957 par Yves Craff. En 2005, la direction change après un vote extraordinaire des adhérents, plaçant à la tête de l’association Roland de la Morinière (Membre du Parti nationaliste ADSAV) qui bénéficie de l’appui de Gérard Hirel (décédé en mai 2013), ancien Colonel de Gendarmerie, puis Directeur Régional du DPS du FN jusqu’en 1999.