Bosnie-Herzégovine : la République serbe de Bosnie conserve sa propre fête nationale
Après l’éclatement sanglant de la Yougoslavie, les accords de Dayton et Paris du 14 décembre 1995 ont tenté de faire perdurer la fiction d’un brassage et d’un vivre-ensemble possible entre des peuples qui s’étaient déchirés en Bosnie. Ainsi est née la Bosnie-Herzégovine, un pays scindé en trois entités territoriales et non-indépendantes : la Fédération de Bosnie et Herzégovine, la République serbe de Bosnie et le District de Brcko.
Dimanche 25 septembre les citoyens de la République serbe de Bosnie étaient appelés par leur président, Milorad Dodik à se prononcer sur le maintien du 9 janvier comme date de leur fête nationale. Le 9 janvier correspond en effet à la date de proclamation de l’indépendance de la République du peuple serbe en 1992. La proclamation de cet État, dont Radovan Karadzic était un des acteurs, fut un point de départ du conflit entre ces peuples qui, une fois le communisme abattu, ne voulaient plus ni vivre ensemble ni d’un pays multiculturel. Et trois mois plus tard le conflit meurtrier éclatait entre Croates de Bosnie, Bosniaques musulmans et Serbes de Bosnie jusqu’à cet accord imposé par la communauté internationale.
Logiquement le référendum a tourné au plébiscite : 99,8% des 1,2 millions d’électeurs convoqués aux urnes se sont prononcés pour le maintien du 9 janvier comme fête nationale de la « Republika Srpska ». Les Serbes de Bosnie tiennent à leur unité en tant que peuple et État et ne se sont pas laissé impressionner par les oiseaux de mauvais augure agitant le spectre d’une nouvelle guerre.
Milorad Dodik a expliqué à ses partisans que la République serbe de Bosnie était « un État ». «Les Serbes ont toujours été libres quand ils ont eu leur État. Et la Republika Srpska est redevable à ceux qui ont eu la vision de la créer, qui ont eu le courage de se mettre à sa tête », a-t-il déclaré citant en particulier Karadzic qui purge 40 ans de prison après sa scandaleuse condamnation pour « acte de génocide, crimes de guerre et contre l’humanité » par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. En République serbe de Bosnie, beaucoup se reconnaissent comme appartenant au peuple serbe ou comme membres de la «Republika Srpska», pas comme des citoyens de la Bosnie. Et beaucoup continuent de penser que Karadzic n’était pas un criminel de guerre mais un défenseur du peuple serbe !