Chronique de la répression scélérate contre le révisionnisme en Europe
Projet de loi Égalité et citoyenneté : création d’un un nouveau délit de négation des génocides
Le 27 juin 2016 Manuel Valls a fait déposer à l’Assemblée Nationale un projet de loi appelé Égalité et citoyenneté qui est la traduction législatives des mesures recommandées par les comités interministériels à l’égalité et à la citoyenneté des 6 mars et 26 octobre 2015. Le projet de loi se donne pour objectif de « retisser les liens de la communauté nationale ». L’une des mesures proposée est la création d’un nouveau délit dans le droit pénal français : le délit de « négation, minoration ou banalisation » des crimes de génocide. Actuellement au Sénat, le projet a été voté en dernière lecture. Son article 38 étend la pénalisation à la contestation de l’ensemble des crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou crimes de réduction en esclavage officiellement reconnus par une juridiction française ou internationale. Pourra ainsi être condamnée à cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, toute personne ayant « nié », « minoré », ou « banalisé » un des crimes en question ou si la négation, la minoration ou la banalisation de l’un de ces crimes constitue une incitation à la violence ou à la haine.
Le site Challenges a publié sous la plume de Delphine Granier un texte énonçant un certain nombre d’objections à ce nouveau délit. Extraits :
« Le Conseil constitutionnel a déjà jugé que la répression de la contestation de l’existence des génocides reconnus par la loi était contraire à la Constitution, dans une décision du 28 février 2012… Sur quels critères objectifs le juge pourra-t-il se fonder pour décider si telle « minoration », ou telle « banalisation » constitue en soi une incitation à la haine et à la violence ? Pour apprécier si tel ou tel propos peut être considéré comme une « négation », une « banalisation » ou une « minoration » de drames historiques. »
« Vouloir criminaliser la parole n’est ni légitime, ni efficace… En principe, quand bien même la liberté d’expression laisse filtrer des propos absurdes, irrespectueux, choquants, les interdire porte atteinte à nos droits les plus fondamentaux. En pratique, surtout, le silence ne résout rien ! Vouloir bâillonner ceux qui auraient « nié », « minoré » ou « banalisé » sera contre-productif. Car « si la vérité n’est pas régulièrement discutée et attaquée, elle devient un « dogme mort »
« Pénalisant la contestation de tel ou tel crime, le législateur devient le garant de la vérité. Mais l’Histoire n’étant ni figée, ni absolue, les sénateurs ont à juste titre soulevé le risque que « la référence à la « minoration » et à la « banalisation » devienne un butoir qui interdirait d’approfondir tel ou tel sujet ». Si la loi Gayssot avait été en vigueur dans les années 60, jamais la responsabilité des soviétiques dans le massacre de Katyn n’aurait pu être démontrée. »
Tours : les profs planchent sur comment enseigner le prétendu holocauste©
Enseigner la Shoah : quels mots justes employer ? Comment le faire à travers la littérature ou le cinéma ? Pour répondre à ces questions, deux professeurs du lycée Grandmont ont eu l’idée de monter une journée de formation et de la proposer à leurs collègues d’histoire-géographie, aux documentalistes et aux professeurs de français.
« Au lycée Grandmont, nous organisons des voyages vers les lieux de la Shoah », explique Éric Landais, un des deux professeurs à l’origine de cette journée de formation. « Et les professeurs doivent être prêts à répondre aux interrogations des élèves. » Et y répondre avec les mots justes : Alban Perrin, coordinateur de la formation au Mémorial de la Shoah, est venu rappeler que deux mots sont à proscrire : l’holocauste, sacrifice religieux dans l’ancien Israël, qui ne correspond en rien à l’extermination théorisée, programmée et minutieusement organisée des juifs. Pas plus que le terme « solution finale », qui était, lui, employé par les nazis. Les juifs d’Europe centrale avaient un mot pour le dire mais c’est celui de Shoah (catastrophe, en hébreu) qui a été employé par Israël et qui s’est imposé depuis.
Les « stagiaires » ont également bénéficié des lumières d’Olivier Himy, inspecteur pédagogique régional d’histoire à l’académie de Poitiers, et d’Antoine Germa, agrégé d’histoire et scénariste : ils ont donné des pistes pour enseigner la Shoah à travers la littérature et le cinéma.
Le proviseur du lycée Grandmont, Gilles Zadem, s’est réjoui de cette journée de formation et, par intérêt personnel, a assisté à une partie des conférences et ateliers.
Belgique : le professeur qui aimait trop « Mein Kampf » condamné pour négationnisme
La cour d’appel de Liège a condamné un professeur d’allemand de l’Athénée royal de Spa à une peine d’un mois de prison avec sursis et à une amende de 900 euros pour des faits de négationnisme. Cet enseignant avait notamment soutenu devant ses élèves que «tout ce qui était écrit dans « Mein Kampf » n’était pas totalement aberrant». La cour d’appel de Liège a confirmé le jugement prononcé en première instance à Verviers en décembre 2015 en condamnant ce professeur à une peine d’un mois de prison avec sursis et à une amende de 900 euros.
C’est une collègue, professeure de morale, qui avait dénoncé en mai 2013 le prévenu, un licencié en langues germaniques qui donnait des cours aux classes de 5e et 6e à l’Athénée de Spa et dans une autre école non concernée par les faits.
L’enquête reposait notamment sur les témoignages des élèves. Le professeur niait l’existence du génocide juif lors de la seconde guerre mondiale et se montrait également favorable aux thèses nazies. Il avait notamment affirmé « qu’Hitler avait raison de faire la guerre » et que « tout ce qui était écrit dans « Mein Kampf »n’était pas totalement aberrant ».
Parmi les faits reprochés au prévenu, l’un concernait l’attribution d’un point bonus à un élève qui avait raconté une plaisanterie à teneur antisémite. Le professeur avait contesté les faits et soutenu qu’il tentait de développer par ses propos le sens critique de ses élèves. La Cour n’a pas suivi ses explications et l’a condamné.
Allemagne : nouveau procès contre la révisionniste allemande Ursula Haverberk
Ursula Haverbeck compte parmi les dissidents les plus connus d’Allemagne. Depuis une quinzaine d’années Ursula Haverbeck poursuit son Odyssée dans les prétoires allemands : à Hambourg, à Munich, de Berlin à Bielefeld. Le 11 octobre dernier, la courageuse combattante pour une Allemagne libre, un mois avant de fêter ses 88 ans, comparaissait devant un tribunal national, une fois de plus, pour son engagement pour la liberté de pensée et la liberté de recherche par rapport à quatre points tirés de son site Internet qui contreviennent au paragraphe 130 StGB (incitation à la haine raciale).
Ursula Haverbeck n’avait pas d’avocat de la défense ; la raison en est qu’aucun avocat ne pouvait en effet la défendre sans se mettre lui-même en infraction – encore un aspect de l’état misérable du système. Haverbeck s’est donc défendue elle-même : dans son introduction, elle allait plonger profondément dans l’histoire mondiale pour éclairer l’arrière-plan qui préside à ce procès. La jeune juge voulut à plusieurs reprises interrompre l’accusée mais Haverbeck ne se laissa pas intimider face au système judiciaire, continuant à parcourir son manuscrit.
Après l’introduction détaillée de Haverbeck accompagnée par les remarques de bas niveau de la juge et, du côté du procureur, par un désintérêt ostentatoire, arriva le plaidoyer de l’avocat général. Il réclama, pour l’expression d’opinions non-violentes sur la page internet de l’accusée, 10 mois de prison, sans sursis. La juge dépassa cette punition et ordonna une privation de liberté de 11 mois. Avec les deux autres condamnations (pas encore légalement confirmées) contre Haverbeck, à Hambourg (10 mois de prison ferme) et à Detmold (8 mois de prison ferme), on arrive à un total de 29 mois de prison, autrement dit près de 2 ans et demi…
Georges Didi-Huberman, lauréat du Prix Adorno, développe, depuis son ouvrage consacré aux photographies prises au sein du Sonderkommando d’Auschwitz, une « politique des images ». Il est aujourd’hui commissaire (politique, donc) de l’exposition « Soulèvements » au Jeu de paume, à Paris, qui montre des « photos floues de femmes poussées vers la chambre à gaz de Birkenau, un témoignage bouleversant arraché clandestinement par des détenus juifs au risque de leur vie ».
http://culturebox.francetvinfo.fr/expositions/evenements/une-evocation-des-soulevements-en-images-au-jeu-de-paume-247923