Vincent REYNOUARD : “Ce qui ne nous abat pas nous rend plus fort”
RIVAROL : Le 4 novembre dernier, les juges de Paris vous ont infligé 5 mois de prison ferme pour « contestation de crime contre l’humanité » et 4 000 euros de dommages et intérêts à accorder la LICRA qui vous poursuivait pour deux vidéos révisionnistes mises en ligne en décembre 2014. Dans l’une d’elles, vous disiez : « 5 000 euros seront offerts à quiconque me démontrera au terme d’un débat libre, loyal et courtois que les chambres à gaz homicides hitlériennes ne sont pas un mythe de propagande », ce qui a motivé votre condamnation.
Si l’on additionne deux autres condamnations récentes, l’une à Caen d’un an de prison ferme, l’autre à Paris de deux mois, cela fait en tout dix-neuf mois de prison ferme…
Vincent REYNOUARD : La décision des juges n’est pas surprenante. Personnellement, je m’attendais à un an ferme. Mais il est vrai que Paris est toujours un peu en retrait comparé à la province. A Coutances (petite sous-préfecture), les juges m’ont infligé deux ans, à Caen (préfecture), ce fut un an. A Paris, c’est cinq mois.
R : Certes, mais c’est une peine de prison ferme. Il y a encore quelques années, cela n’allait pas aussi loin.
VR. : En effet, la société va toujours jusqu’au bout de sa logique. Vers 1890, l’abbé de Salinis soulignait : « La logique des nations est aussi rigoureuse que la vérité de Dieu même. Un individu peut reculer devant des conséquences, la société, jamais. » La loi Gayssot prévoyait de la prison ferme : les juges de l’époque n’ont pas osé. Car nous étions au pays de la liberté d’expression. Vingt-cinq ans après, ils le font quasi automatiquement et personne, ou presque, ne réagit. J’ajoute que mon ami flamand Siegfried Verbeke est également poursuivi (son procès aura lieu en France le 4 janvier 2017) pour avoir mis à disposition son compte bancaire pour recevoir des dons en ma faveur après que la banque eut de sa propre initiative fermé mon compte. Afin de trouver un motif de poursuite contre mon ami révisionniste, la justice française affirme que l’argent collecté devait servir à payer les amendes et dommages et intérêts auxquels j’ai été condamné. Or je n’ai jamais payé une amende de ma vie ni versé le moindre dommage et intérêt et je n’ai pas l’intention de commencer. A la LICRA qui me réclamait de l’argent, j’avais envoyé de faux billets. Qui édicte une fausse histoire mérite bien de la fausse monnaie. En vérité, nous observons une évolution sociale : de moins en moins de gens comprennent le véritable fondement de la liberté d’expression, rappelé en 1976 par la Cour européenne de sauvegarde des droits de l’homme (affaire Handyside) : « La liberté d’expression […] vaut non seulement pour les “informations” ou “idées” accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. »
R : Que de chemin parcouru depuis 1976…
VR. : Oui, et ce n’est pas fini, car la société n’a pas encore été jusqu’au bout de sa logique. La Loi Gayssot prévoit un maximum d’un an de prison ferme, mais pourquoi se limiter à un an ? D’où le projet de loi qui, comme vous l’avez rappelé dans l’un de vos précédents éditoriaux, vient d’être adopté par la Sénat et qui portera la peine de prison à 5 ans. Certes, la loi n’est encore ni votée (l’Assemblée nationale doit encore l’adopter), ni ratifiée, mais cela viendra. Puis on passera à 10 ans de prison. Et un jour, on pourra être extradé vers Israël. Fort heureusement, je pense que tout se sera effondré avant cela…
V : Votre situation est de plus en plus précaire, mais vous restez optimiste.
VR. : Tout d’abord, il y a le soutien de ceux qui me sont fidèles. C’est une grande aide, capitale même. De plus, j’ai trois principes dans la vie :
1) Une confiance totale en la Providence.
2) Une phrase attribuée à Nietzche : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ».
3) Un principe samouraï : « Trébuche et tombe sept fois, mais sept fois relève-toi. » A chaque fois qu’une épreuve me frappe, je me dis : « Bien, je profiterai de ce désagrément pour améliorer les choses ». C’est ma façon de faire confiance en la Providence, de me relever et de dire que j’en sortirai plus fort… Jusqu’à présent, ça a marché. C’est une opinion personnelle, mais je pense que l’Univers est une grande intelligence et que nous sommes tous reliés à elle. Il existe une interaction constante et si nous nourrissons des pensées positives, alors elle nous enverra des événements positifs. Cela même si, à certains moments, on peut croire que les événements sont très négatifs ; au bout du compte, on s’aperçoit que c’était le contraire. Par exemple, lorsque je me suis exilé en Angleterre en juin 2015, j’ai vraiment perdu beaucoup et, à un moment, j’ai été proche du suicide. Puis je me suis relevé, je me suis battu. Et aujourd’hui je m’aperçois que je suis dans un pays de liberté, à l’abri de la répression. Je ne tremble pas chaque jour à 6 heures du matin en craignant ce fameux coup de sonnette qui annonce l’arrivée de la Police ; quelle horreur ce coup de sonnette matinal ! Pourtant, la Police est venue chez Marie (NDLR : l’ancienne collaboratrice de Vincent Reynouard), dans son nouveau logement, pour m’appréhender : je sais donc que si j’étais en France (ou en Belgique), je serais déjà en prison pour y purger la peine d’un an à laquelle les juges de Coutances puis Caen m’ont condamné. Au bout d’un an, en outre, je ne sortirais pas car il me faudrait purger toutes les autres peines auxquelles j’aurais été condamné entre-temps. Et de fil en aiguille, je pourrais rester des années en prison. Donc, au final, l’Angleterre a été un bienfait, et cela même si, au début, cela a été un calvaire. Mais ce calvaire, je l’ai vécu par ma faute : car je me suis accroché à ce que j’ai alors perdu. Si j’avais accepté, rien de tout cela ne serait arrivé, et j’en serais aujourd’hui au même point. Un livre d’Osho lu voilà quelques semaines m’a renforcé : Mojud, l’Homme à la vie inexplicable. C’est parfaitement ça ! C’est exactement ce que je ressens, mais écrit bien mieux que je n’aurais su le faire…
Suite de l’entretien avec Vincent Reynouard dans le Rivarol n°3257 du 10 novembre 2016.