Syrie : armes chimiques et missiles sol-air, le jeu troubles des Saoudiens et des Américains
Témoins des atrocités, les quartiers d’Alep, qui ont passé quatre ans sous le joug des terroristes, en conservent toujours des traces. Dans une partie de la vieille ville, parmi les dernières à être libérée, les troupes syriennes ont découvert un dépôt de produits chimiques. Il s’agit notamment de soufre, de chlore et de matières premières destinées à fabriquer des granules en plastique et des explosifs. La découverte a été faite le 11 janvier selon l’agence syrienne Sana, qui ajoute que les matériaux ont été produits en Arabie saoudite.
À la mi-décembre, les autorités syriennes avaient remis à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques des preuves documentaires confirmant l’utilisation d’armes de ce type par les terroristes à Alep. La réaction de l’organisation se fait toujours attendre.
Pourtant, lorsque, en 2013, des accusations d’utilisation d’armes chimiques ont pesé sur Damas, la communauté internationale a réagi beaucoup plus rapidement. Après l’attaque chimique de la Ghouta, les autorités de nombreux pays occidentaux avaient exigé que les États-Unis « attaquent » la Syrie, car son gouvernement a « franchi la frontière ». « Or, l’enquête a révélé que ce sont les membres de l’opposition armée qui ont eu recours aux armes chimiques. Le gouvernement syrien a plusieurs fois été accusé de mener des attaque au chlores, et ce, même quand la seule usine de fabrication se trouvaient aux mains du Front al-Nosra ».
De son côté la Russie a dénoncé l’implication des États-Unis qui tentent de rallumer les braises du conflit syrien chaque fois que les combats s’apaisent relativement. Par exemple, la décision des États-Unis de livrer des missiles sol-air en Syrie est folle, a déclaré jeudi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova. « Ils ont décidé de s’ingérer en Syrie sans avoir réglé les autres problèmes. Et voilà que ces derniers mois, l’administration américaine ne fait rien concernant la Syrie, si ce n’est de prendre la folle décision d’y livrer des missiles sol-air ».
Selon elle, la Russie et d’autres parties concernées essaient de créer à Astana (Kazakhstan) un mécanisme de négociation entre le gouvernement syrien et les forces de l’opposition armée. « Nous réalisons une mission très délicate. Et subitement, au moment où ces préparatifs battent leur plein, le président Barack Obama prend une décision sur l’envoi de missiles antiaériens en Syrie ».
Pour Moscou, ces actions des États-Unis relèvent d’une « idéologie de vengeance ». « Dès que l’incendie commence à s’éteindre, on se met à y jeter des allumettes. La Syrie n’est pas le seul pays où l’administration US agit de cette manière. Nous voyons une différence d’approches : d’un côté on règle des questions complexes, de l’autre côté on transforme des dossiers assez simples en problèmes », a conclu la porte-parole.