Le nom actuel de fête des Mères, associée commercialement et non pas moralement à celle des pères, est discrédité, car on lui enlève son principe d’hommage non pas personnel ou familial, scolaire, mais national, ethnique, à la maternité, et il est vrai que l’on ne peut que troubler aujourd’hui des têtes enfantines, dans des familles ouvertement ou secrètement désunies et affrontées à un enseignement dégradant toute sexualité naturelle, au bénéfice de cet envoûtement vicieux qu’est la théorie du genre ou, pour ainsi dire, indiscernement des genres, en restreignant l’hommage aux mères à un rituel de cadeaux!
Il en va ainsi, direz-vous, des fêtes désacralisées de Noël, de Pâques, de l’Ascension, de l’Assomption de la Vierge au Ciel, mais cet hommage aux mères mérite que l’on donne son histoire : et le jeune lecteur pourra comparer deux époques et trancher pour savoir la plus sombre ou la plus digne de ce que la jeune Antigone de Sophocle, à l’instant de la mort, appelle la lumière sacrée !
L’Allemagne avait son Muttertag ou journée des mères, terme repris par l’État français, l’Italie la sienne, et l’Europe, qui avait retrouvé sa civilisation, oui, cette Europe qui est mentionnée, comme éclairée par Athènes et Sparte, par un Cicéron dans sa plaidoirie pour son client Flaccus accusé d’avoir exécuté l’ordre du Sénat d’interdire l’exportation de l’or « d’Italie et de toutes nos provinces vers Jérusalem », brillait non pas seulement militairement ou législativement, économiquement mais d’abord et surtout éthiquement. En quoi elle était redevenue féconde, et redonnait un ressort aux âmes par l’espoir de survie et de créativité saine !
Cette célébration de la Journée des Mères fut accompagnée de l’enthousiasme des prélats catholiques qui ne se retrouvera plus dans l’exaltation et l’encouragement à de pareille vertu, un dimanche 25 mai 1941, en pleine bataille de Crète, au lendemain de la naissance de l’auteur de ces lignes ! Lisons sur le sens religieux et national, européen aussi, de cette célébration le Journal des Débats, du 26 mai 1941 qui était alors imprimé à Clermont-Ferrand et sortira son dernier numéro le 19 août 1944, dans cette ville d’Auvergne et patrie de Pascal où se préparaient de nombreuses scènes coutumières aux bolchévismes !
Le maréchal Pétain, chef de l’État, a prononcé cet après midi à 18h. à l’occasion de la « Journée des Mères », l’allocution radiodiffusée suivante :
« Mères de familles françaises, la France célèbre aujourd’hui la famille.
Elle se doit d’honorer d’abord les mères. Depuis dix mois, je convie les Français à s’arracher au mirage d’une civilisation matérialiste. Je leur ai montré les dangers de l’individualisme. Je les ai invités à prendre leur point d’appui sur les institutions naturelles et morales auxquelles est lié notre destin d’hommes et de Français.
La Famille, cellule initiale de la société, nous offre la meilleure garantie de relèvement. Un pays stérile est aussi un pays mortellement atteint dans son existence. Pour que la France vive, il lui faut d’abord des foyers.
Le foyer, c’est d’abord la maison où l’on se réunit c’est le refuge où les affections se fortifient. C’est cette communauté spirituelle qui sauve l’homme de l’égoïsme et lui apprend à s’oublier pour se donner à ceux qui l’entourent.
Maîtresse du foyer, la mère, par son affection, par son tact, par sa patience, confère à la vie de chaque jour sa quiétude et sa douceur, elle fait rayonner autour d’elle l’amour qui permet d’accepter les plus rares épreuves avec un courage inébranlable.
Mères de notre pays de France, votre tâche est la plus rude. Elle est aussi la plus belle.
Vous êtes avant l’État, les dispensatrices de l’éducation. Vous seules semblez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui fait les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne.
Et voici qu’aujourd’hui dans nos deuils, dans nos misères, vous portez la plus lourde croix.
Mères de France, entendez ce long cri d’amour qui monte vers vous. Mères de nos tués, mères de nos prisonniers, mères de nos cités qui donneriez votre vie pour arracher vos enfants à la faim, mères de nos campagnes qui, seules à la ferme, faites germer les moissons, mères glorieuses, mères angoissées, je vous exprime aujourd’hui toute la reconnaissance de la France. »
Ainsi parlait l’homme que l’on condamna à mort !
Pierre Dortiguier