Il y avait déjà les sans dents. Les gens qui ne sont rien. Et puis il y avait aussi les fascistes. Les nazis. Les nauséabonds. Les gens qui s’étripent dans l’obscurité où filent des torches fuligineuses, parmi les hurlements gutturaux, les bruits de bottes, les porte-jarretelles et la musique de Wagner — les damnés s’agitant dans la nuit des longs couteaux. Depuis ce week-end, il y aura les sans couteaux, les secondes doublures du fascisme, les sans rien, qui devaient en venir aux mains lors d’un formidable règlement de comptes de refondation et qui sont sortis sages de leur séminaire sans rien dire, les nains de la montagne accouchant d’une souris.
Le secrétaire général Nicolas Bay, “l’économiste” Monot, le terrible Gilbert Collard et d’autres anonymes jetaient des flammes, ils allaient avoir la peau de Philippot, ce pelé, ce galeux, ce p… par qui le mal était venu, cette terrible peste électorale qui démolit les ambitions les plus légitimes. Quant à ce pelé, ce galeux, ce p… de Philippot, il faisait de sa copine Sophie Montel un casus belli, et de l’affaire de l’Euro. Eh bien, au résultat, rien. On remet son colt dans son étui, on va pondre sans doute un questionnaire à l’usage des militants, on sourit en silence à la presse et l’on attend le congrès du printemps prochain. Pour l’euro, on verra en fin d’un éventuel quinquennat de Marine. Chut ! Peace and love ! Still schweigen für Bretzelburg ! Sans remonter aux crépuscules d’Adolf, même le beau temps de 1998 semble loin, où Brutus Mégret manquait de trucider Jean-Marie, pendant que celui-ci le traitait de félon raciste et que les gendres se crachaient mutuellement sur la gueule ! Au pays de la vague Oui-Oui marine, tous les jouets sont devenus gentils.
Même les doctrinaires marionistes montés sur le destrier du respect de la vie, sabre au clair, debout sur leurs étriers, sont rentrés au petit trot à l’écurie.
Faut-il imputer cela à une formidable autorité de la cheftaine du Front national ? Doit-on penser que, là où le Menhir peinait à faire taire les opposants, il a suffi qu’elle lève un sourcil pour mater tout son monde ? Poser la question, c’est y répondre. Marine n’est qu’un bouchon de liège qui flotte à la surface d’une rivière aux courants douteux : elle profite du fait que tous se sentent morveux au FN, que personne n’a de stratégie claire ni d’alternative à ce qu’elle est. En fait, depuis qu’il s’est lancé sur l’océan de la dédiabolisation, le Front national est devenu un bateau ivre dont le capitaine partage l’ébriété. Et la refondation qui lui est offerte ressemble à une fuite en avant dont les tendances opposées attendent des évolutions opposées. Des hiérarques dépassés en attendent un aggiornamento, comme les prélats qui ont cuisiné Vatican II, pressés par les difficultés qu’ils rencontrent, mais ignorant des effets qu’il peut produire.
Tout est fait au petit bonheur la chance. La question du nom, par exemple. L’Eglise catholique romaine, dans un mouvement analogue, changea de contenu avec Vatican II — ou plus exactement se fit subvertir par des ennemis placés en son sein — mais garda son nom ; le FN entend changer le sien par-dessus le marché, car, à en croire son vice-président Florian Philippot, il « suscite une hostilité, un blocage immédiat chez encore beaucoup trop de Français ». L’argument ne vaut rien, car le nom permet l’identification, il exerce un puissant attrait sur l’électorat FN et, s’il est changé en période de crise, cela peut provoquer un vrai désarroi dans cet électorat, déjà douché par les élections du printemps. Il faut donc se demander : pourquoi Marine et Philippot veulent-ils changer de nom ? Ou plutôt : qui leur a dit de le faire et pourquoi ?
La chance de Marine Le Pen est que personne ne pose les bonnes questions et que nul n’était en mesure de peser sur le FN, son avenir, son programme, durant le séminaire du week-end dernier. A commencer par celui qui est à la fois son bras droit et son principal concurrent potentiel, Philippot. L’analyse qu’il a livrée à la presse pour « sauver ses fesses » (pour reprendre le vocabulaire de Marion) lui interdit toute compréhension de la situation. Selon lui, tout va à peu près bien au FN, la présidentielle et les législatives furent des succès, la ligne politique qu’il a proposée et que Marine a entérinée, portera ses fruits à condition de la mener à terme, en changeant de nom et en étant « capable de parler à tous les Français, sur tous les sujets, en sortant du discours naturel sur l’immigration et l’insécurité ». Ses adversaires qui proposent de revenir aux « fondamentaux du FN » que sont l’immigration, l’insécurité, l’islamisme, ramèneraient le parti « vingt ans en arrière » et le conduiraient « dans le mur ».
Cette vision est un déni de la réalité et une caricature. Déni parce que les élections du printemps ont bien été un échec pour le FN, et que cet échec est l’effet de la ligne que Marine Le Pen et lui ont lancée. Caricature parce que les fondamentaux du FN sont plus étendus que ne le croit Philippot. S’il avait participé aux travaux du FN voilà vingt-cinq et trente ans, il saurait que les argumentaires, la doctrine et le programme y étaient infiniment mieux travaillés qu’aujourd’hui, par un grand nombre de cadres compétents et convaincus, beaucoup moins intéressés par l’argent et les places qu’aujourd’hui. Philippot et ses semblables feignent de ne pas voir que le concept autour duquel tout s’articule est l’identité, identité politique, culturelle, ethnique, bien sûr, mais aussi spirituelle. Ni l’économie ni le social dans cette optique ne sont négligeables, mais ils se trouvent subordonnés à l’identité, et si l’immigration, comme le libre- échangisme mondialiste socialiste, a une si grande importance, c’est qu’elle a une incidence sur toute la vie quotidienne des Français et sur tout le destin de la France. En 1917 Clemenceau avait pour seul programme « je fais la guerre, je fais la guerre, je fais la guerre », parce qu’elle englobait tout et que rien ne pouvait se concevoir sans elle.
Hannibal
Billet hebdomadaire Rivarol n°3293 du 27/7/2017
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PAUVRE FRANCE ! ce philippot est une véritable gageure !
Tu crois que chez Jupiter le super prétentieux à l’aura démesurée c’est mieux; TU FERAIS BIEN DE FAIRE PREUVE DE PLUS D4HONNËTETE INTELLECTUELLE CE QUI TE GRANDIRAIT. Mais comme tu es totalement, intoxiqué, par la pensée unique universelle tu en es incapable.