Les terroristes islamistes sévissent plus que jamais en Europe, jusqu’en Finlande et ailleurs, à Bamako ou en Sibérie. L’Espagne, déjà durement touchée en 2004 par Al-Qaïda (191 morts à Madrid), a été de nouveau frappée cet été à Barcelone, puis dans la station balnéaire de Cambrils. Cent vingt bonbonnes de gaz auraient aussi été retrouvées dans l’appartement d’Alcanar où Abdelbaki Es Satty, un ouléma marocain de 44 ans, a trouvé la mort. Mais, l’Europe ayant connu au moins dix-sept attentats de grande ampleur au cours de ces deux dernières années, inutile d’en dresser une liste désormais trop longue ou trop répétitive pour mériter d’être établie.
Essayons cependant de dégager de ce brouillard sanglant quelques points de repères qui nous permettrait de cerner un peu l’évolution de ce pénible phénomène qui toutefois — navré de devoir rappeler cela — fait cent fois moins de morts que les accidents domestiques ou les maladies nosocomiales. De plus, nous ne redirons pas ici ce qui a été mille fois ressassé ces dernières semaines par les media. Chacun de nous connaît le leitmotiv relatif à une jeunesse en perdition, déracinée, passant à l’acte sans crier gare et pour laquelle la foi s’est confondue avec une idéologie à prétentions révolutionnaires, ceci sur fond de fascination-répulsion vis-à-vis d’un Occident affecté de diverses pathologies mentales dégénératives. S’y ajoute pour certains la nostalgie de l’Andalousie musulmane ou encore le prurit d’un ressentiment jamais apaisé à l’égard du passé colonial européen.
Quant à la colonisation, faut-il rappeler que la France n’a pas « colonisé mais fondé » l’Algérie, la seule colonie en Afrique du Nord, la Tunisie et le Maroc ayant été deux protectorats. Ce que fit pertinemment observer (bien que sur le tard, en 1982), le nationaliste Ferhat Abbas, qui convenait que l’Algérie n’avait pas eu d’existence avant 1833 en tant qu’État ou nation. Il va de soi que nos terroristes tombés de la dernière pluie ignorent tout de l’histoire. Celle non dénaturée par les verres déformant de l’idéologie, d’autant qu’un Macron — alors en marche irrésistible vers la magistrature suprême — en avait rajouté une couche en qualifiant à Alger, le 15 février 2017, la colonisation de « crime contre l’humanité » et de “barbarie”. Une grotesque repentance aussi unilatérale que compulsive ne pouvant à l’arrivée que conforter voire encourager les apprentis chahids (martyrs) dans leur détermination ou leur vocation à « casser du mécréant », héritier et descendant de colons. C’est aussi abonder dans le sens de la pitoyable rhétorique sur laquelle jouent certains dirigeants arabes pour échapper à leurs responsabilités dans le naufrage économique du Maghreb.
Comme l’écrivait le 20 août Christian Vanneste, « le terrorisme n’est pas un ennemi, en chair et en os, c’est un moyen d’action politique [un instrument], un concept. L’ennemi est celui qui utilise le terrorisme pour parvenir à ses fins politiques ». C’est la définition même de l’islamisme, qui est avant tout une idéologie de prise du pouvoir et qui, pour ce faire, n’hésite pas à sacrifier autant de jeunes fanatiques, de soldats perdus, que nécessaires. Insistons cependant : le vecteur idéologique, support du terrorisme, étant essentiellement un outil d’action politique, ses objectifs dépassent de très loin la dimension religieuse et eschatologique que peuvent lui donner généralement les acteurs de bout de chaîne !
Écoutons à ce propos ce que nous disent de façon peu amène certains méchants conspirationnistes qui se répandent sur la Toile : « Ce sont les mêmes cercles de pouvoir qui organisèrent l’affaire du 11 septembre 2001 et le coup d’État concomitant aux États-Unis, et qui à présent font les guerres ; la répétitivité des événements [terroristes] rend évident le lien entre le pouvoir mondialiste et les violences, certes ce lien est difficile à prouver. Les djihadistes sont des larbins [ou des mercenaires] — inconscients ou conscients, peu importe — de ces cercles de pouvoir (sur ce terrain, ils peuvent serrer la main des trotskystes). Quiconque réfléchit un peu sur les contraintes d’organisation d’une campagne d’attentats conclut que des Services action de puissances politiques sont à l’œuvre. Ce ne sont pas quelques loulous de banlieue, ni quelques imams enturbannés, qui peuvent monter de telles opérations sans se faire repérer ». Tout est dit ou presque…
Le fait que 11 des 12 terroristes de Catalogne aient été marocains laisse à penser que se produit en arrière-plan une islamisation ou une radicalisation de plus en plus active du royaume chérifien gouverné de facto par les Frères musulmans (ou assimilés) depuis novembre 2011 sous couvert du Parti de la justice et du développement, le PJD. Pays qui est également le premier producteur mondial de cannabis (est-ce un hasard ? Un parallèle serait à effectuer avec l’Afghanistan, champion toutes catégories d’opiacés : 3 à 4 000 tonnes annuelles), selon le rapport de juin 2016 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Selon ce document, la production de cannabis au Maroc avait atteint en 2013 quelque 700 000 tonnes pour une surface de culture de 47 196 hectares. Drogue qui se déverse sur l’Europe à travers l’Espagne, la France et la Belgique et dont les réseaux sont bien connus de nos autorités judiciaires, en témoignent la chute et la mise en examen le 25 août dernier pour complicité de trafic de stupéfiants du commissaire François Thierry, ex- numéro 1 de la lutte antidrogue ! Nul ne se risquerait à tirer des conclusions hâtives à propos de faits et d’événements qui n’ont évidemment aucun rapport entre eux.
Notons que le Maroc est avec la Tunisie l’un des principaux foyers africains de recrutement pour Daech en Syrie et en Irak. Les djihadistes marocains étant « principalement originaires du nord du pays, notamment des foyers paupérisés de Tétouan, Tanger et de Fnideq, mais aussi des banlieues de Fès, de Salé ou de Casablanca » pouvait-on lire sur courrierinternational.com le 13 décembre 2015. Pour les attaques structurées — celles du 13 novembre 2015 à Paris, du 22 mars 2016 à Bruxelles, du 17 août en Espagne —, les Marocains d’origine sont là encore les plus nombreux. Dans la vaste zone qui inclut la France, l’Espagne et la Belgique, la diaspora chérifienne montre des signes de radicalisation, notamment depuis que la contestation qui ne se dément pas dans le Rif (depuis qu’un marchand d’espadons a été broyé dans une benne à ordures) est sévèrement réprimée par le pouvoir central.
En dépit des effets d’annonce de politicards en peau de lapin (Gérard Collomb a ainsi signé le 23 août avec son homologue espagnol Juan Ignacio Zoido, un accord relatif à une “coopération” en matière de formation entre la Guardia Civil et la gendarmerie nationale), il faut maintenant s’attendre à ce que le reflux de Daech en Syrie (où l’État islamique est en train de perdre la guerre) et en Irak, n’entraîne à l’Ouest une recrudescence d’attentats, l’Europe pouvant devenir un théâtre d’opérations éclaté pour y poursuivre sa guerre hybride. À ce titre, faut-il craindre, avec le retour des trois mille ressortissants français combattants de Daech (des hommes aguerris et fanatisés) et de leur famille, une térébrante flambée de meurtres en tous genres, au couteau, à la hache, au véhicule faucheur ?
Parviendra-t-on enfin à conjurer le mal (d’abord symbolique) du terrorisme, avec des chants pathétiques, des marches, des lumignons, des peluches et des fleurs tôt fanées ? Notons une nouvelle fois que les hommes publics qui se montrent le plus tolérant avec cette foi d’importation qu’est l’Islam, sont ceux qui se montrent le plus intolérant à l’égard de nos « racines chrétiennes ». Curieux également que le seul remède trouvé au mal soit toujours plus d’ouverture, de mixité, d’accueil, de tolérance pour l’autre, mais d’intolérance pour ceux qui manifestent un avis contraire. L’intervention de Bergoglio-François en faveur d’une immigration sans frein ni limites, pour le regroupement familial, et partant, contre l’assimilation (désormais impossible pour les masses analphabètes qui affluent), est à ce titre emblématique des politiques de moins en moins cachées de l’hyperclasse, un génocide lent mais sûr, des peuples de la Vieille Europe.
Pour Macron, la sécurité des Français est la raison d’être de la diplomatie française : « Nos concitoyens attendent de l’État qu’il garantisse leur sécurité. Cette exigence est profonde et viscérale et nous devons y répondre sans faiblir ». L’homme que le système électoral a placé à la tête des destinées hexagonales, parle de la “sécurité”, non pas comme d’une nécessité et d’un devoir inscrit dans la Constitution, mais comme d’une “exigence” de ses concitoyens. Autant dire qu’il entend répondre par une offre à une demande. Le pur discours d’un boutiquier en gros.
Disons-le franchement : l’islamisation de nos cultures, terreau des guerres confessionnelles possiblement à venir, est un très grave problème, mais il n’est pas le problème numéro un. Le plus grand péril actuel est le sida mental qui frappe notre Occident déboussolé, ici et là-bas : outre-Atlantique et chez nous, en France et en Europe. Nous avons élu Macron, tout comme les Allemands se préparent à reconduire Frau Merkel ou à hisser Schulz sur le pavois. C’est dire que le Système ne nous laisse plus le choix qu’entre la peste bubonique et l’entérite ulcéro-nécrosante de Crohn. Au printemps nous devions en principe opter pour Fillon ou Macron. Au final, Fillon nous a rendu un signalé service en jetant bas le masque au soir du premier tour de la présidentielle… pour ne pas parler des “Républicains”, cette engeance d’eunuques de la cervelle issue d’une vomitive bourgeoisie sans foi ni loi, prompte à adhérer au nom des “valeurs” au dogme remplaciste à l’instar de la fausse église post-conciliaire. Tel est le seul et vrai problème, l’Islam et l’islamisation de notre société n’étant que les conséquences détestables de toutes nos démissions successives, morale, intellectuelle et politique. Car combattre l’islamisation de nos sociétés n’a aucun sens si l’on ne commence pas par dénoncer ceux qui en sont à l’origine et, plus en amont, quelles sont les idéologies qui sous-tendent et justifient l’action de gens qui, à l’image du Premier ministre, prétendent “réparer” la France. Un discours très certainement inspiré par l’illuminé Attali, parrain du susdit Macron et grand boucher des peuples devant l’Éternel. Attali n’est-il pas le prophète assumé de la guerre mondiale à venir ?
Méditons pour finir ce qu’écrivait dès 1949 Albert Camus dans Les Justes : « Le train du monde m’accable en ce moment. À longue échéance, tous les continents (jaune, noir et bistre) basculeront sur la vieille Europe. Ils sont des centaines et des centaines de millions. Ils ont faim et ils n’ont pas peur de mourir. Nous, nous ne savons plus ni mourir, ni tuer. Il faudrait prêcher, mais l’Europe ne croit à rien. Alors, il faut attendre l’an mille ou un miracle. Pour moi, je trouve de plus en plus dur de vivre devant un mur ». Que ne dirait-il aujourd’hui ?
[…]Jérôme BOURBON et Léon CAMUS
Éditorial de Rivarol n° 3295 du 06.09.2017
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