La création officielle du Mouvement Franciste a lieu le 29 septembre 1933, à 23 heures, lors d’une cérémonie organisée à l’Arc-de-Triomphe de Paris. Marcel Bucard déclare alors vouloir : « (..) fonder un mouvement d’action révolutionnaire dont le but est de conquérir le pouvoir » et « d’arrêter la course à l’abîme ». Le Francisme se veut tout de suite membre français d’une internationale fasciste : « Notre Francisme est à la France ce que le Fascisme est à l’Italie », écrit Bucard (20 août 1933 dans La Victoire).
Croire en la France par Marcel Bucard
C’est en 1933 que j’ai fondé le Francisme. Je l’ai défini : Un acte de foi dans la France.
La victoire des combattants avait été sabotée. L’esprit de lucre l’emportait sur l’esprit héroïque, le travail de plus en plus exploité servait d’enjeu aux saltimbanques de la politique pour la satisfaction de leurs profits ou l’asservissement de leurs haines. La démocratie livrée à l’or avait fait de la République une caricature invraisemblable.
Et devant des nations qui, alentour, dans un effort gigantesque de renouvellement, se cherchaient et se donnaient de nouvelles manières de vivre, la France de la Révolution, celle qui doit toujours aller de l’avant, restait recroquevillé sur ses illusions mortes, accrochées aux oripeaux d’un conservatisme étroit et stérile ou se gargarisant des grands principes des grands aïeux, mais incapable d’un nouveau bond vers l’avenir !
« La mystique républicaine, avait écrit, déjà en 1914, le grand Péguy,
c’était quand on mourait pour elle. C’est à présent qu’on en vit … »
Devant la carence d’autorité, l’incapacité, la veulerie ou la perfidie des gens au pouvoir, et l’inquiétude d’une opinion démoralisée, j’en appelai alors à un sursaut de la jeunesse. On ne fait rien de grand ni de durable sans la foi.
Qu’elle soit l’affirmation d’une croyance en Dieu, ou dans un idéal, dans la patrie ou dans l’honneur ou simplement en soi-même, la foi conduit à l’enthousiasme et entraine les volontés.
La France avait perdu confiance en elle-même.
Le Francisme, qui puisait sa force dans l’instinct de renouvellement du peuple, en conformité avec son génie propre et ses traditions révolutionnaires, s’affirmait la seule mystique capable d’entrainer les esprits, la seule doctrine de construction de l’Etat moderne, selon les lois éthiques et culturelles qui se développent en Europe, le seul mouvement d’action ayant la volonté d’agir non pour le sucés d’un parti politique ou d’une classe sociale, mais pour la sauvegarde du patrimoine commun, le bien-être du travailleur et le Triomphe de l’idéal français.
C’était en un mot une Révolution des Ames que nous prêchions.
Il en coûte toujours et souvent fort cher de vouloir briser les idoles. Mais je me garde de me plaindre des persécutions que nous avons endurées. A souffrir pour son idéal on se durcit la volonté !
Interdit par Blum en 1936 pour crime de patriotisme, renaissant aussitôt sous le nom « d’Amis du Franciste », puis se réaffirmant dans le cadre légal du « Parti Unitaire Français d’Action Socialiste et Nationale », combattu sans trêve par le capitalisme judéo-marxiste et par la réaction bourgeoise, sans cesse se redressant plus vigoureux et plus fier, malgré la répression des pouvoirs publics, le mouvement ouvrier et paysan franciste, sans argent et sans soutien, riche seulement de sa foi exaltante, fort de son idéal révolutionnaire ardent, a lutté jusqu’à la dernière minute pour barrer la route aux massacreurs de la patrie.
Hélas !
Rongé par le chancre de la politique alimentaire, asservi et trahie par une tourbe internationale, livré à de fausses élites qui se servaient de la république au lieu de servir la France, le peuple, chloroformé par des bandits de presse et de finance, fut mené vers de nouveaux abattoirs et dut se battre, sans gloire, pour une cause qui n’était point celle des intérêts sacrés et immédiats de la patrie.
Une guerre n’a de grandeur que dans la mesure où elle est dominée par les réalités du monde psychique et moral. La guerre dans laquelle la IIIe République jeta la France était sans grandeur !
On se servait de l’armée française pour tenter d’endiguer une révolution en marche d’où le peuple doit tirer sa libération. Le sang des hommes allait encore couler … Et la France, celle de Guynemer, celle de Foch, celle des Poilus de Verdun, allait être conduite à la défaite et à la ruine…
Tous ceux que nous avons attaqués se sont révélés à l’expérience les pires ennemis de notre peuple et de notre patrie. Toutes les idées que nous avons soutenues au prix de notre sang ont été vérifiées par les faits. Si les Français, étourdis par la propagande tapageuse des vendus et des traitres, avaient su se rendre compte à temps qu’ils avaient dans le mouvement franciste cette poignée de militants d’élite qui ont été de tous temps le ferment des révolutions et le meilleur gage de l’avenir de la cité, ils se seraient à coup sûr épargnés toutes leurs misères présentes et tous leurs deuils.
Cet Etat socialiste, fondé non sur la haine des classes, mais sur la justice et la solidarité, que les politiciens d’hier furent incapables de bâtir, aurait été édifié depuis plusieurs années déjà, sans heurts, sans larmes ni sang versé. Au lieu d’errer comme de pauvres bêtes traquées a la recherche d’un ravitaillement problématique, les Français connaitraient une vie simple mais saine et heureuse. Au lieu de se trouver encore sons la domination des puissances d’argent, les Français connaitraient la liberté, la liberté ! Ce bonheur incomparable pour un peuple de se sentir le maître de ses propres destinées.
Au lieu d’être inquiets et désarmés en face des forces qui continuent à les exploiter comme si rien ne s’était produit, comme si rien ne devait changer, paysans, employés, ouvriers, artisans, tous ceux qui travaillent et produisent, groupés en organisations puissantes, seraient intégrés à la première place dans l’Etat. Si les Français nous avaient écoutés alors, cette collaboration que les convertis de la onzième heure ont déterrée dans la défaite, nous la leur aurions donnée, nous, sous le signe de la victoire, dans la joie et dans le plein épanouissement de notre fierté intacte.
Mais… pas un grain, pas un seul, ne sera perdu de nos semailles obstinées ! Cette Paix, cette Justice, cet Ordre qui conditionnent la sécurité des foyers, le droit au travail et la tranquillité des peuples, nous allons nous acharner à les établir.
II y a dans le peuple de France trop de réserves d’énergie, de bon sens, d’honnêteté et de courage que la pourriture judéo-capitaliste avait pu masquer sans la détruire, pour désespérer de l’avenir.
Et c’est à lui qu’il appartient, en définitive, de construire la paix. Car il n’y aura de paix en Europe qu’à la condition expresse que la France, régénérée dans son vouloir-être sache, par la vertu de sa foi elle-même, par l’effort tenace de son propre travail, reprendre sa place. Une Europe sans la France ce serait le monde sans joie. Seule une France refaite par le socialisme franciste pourra connaître cette paix bienfaisante et féconde.
II n’y a dans cette paix ni lâcheté, ni faiblesse, ni abdication de notre personnalité. Certes il nous faut payer aujourd’hui nos fautes, toutes nos fautes. « Nos actes nous suivent », a écrit Paul Bourget. Car, c’est une loi imprescriptible à la foi divine et humaine que le châtiment s’abatte sur qui a manqué à son devoir. Mais dans la douleur qui nous étreint tous, sachons nous instruire et nous grandir. Autour du plus noble vieillard de ce temps, Pétain, le plus grand de France, qui s’évertue à redresser la patrie blessée et pantelante, serrons les rangs et entrons hardiment dans le mouvement révolutionnaire qui doit recréer une France éternelle dans une Europe enfin unie. C’est pour faire cette révolution que le Francisme vous appelle.
Dans le grand désert d’idées et d’hommes où notre patrie semble agoniser s’élève le drapeau du Francisme.
Sa doctrine qui est celle de la nécessité historique est le meilleur ciment pour bâtir la cite française telle que l’on rêvée nos morts des deux guerres. Son idéal, sa mystique puisent dans le tréfonds de notre histoire toutes les raisons d’exaltation de l’âme.
Hommes et femmes de France, mes frères d’armes des champs de batailles, mes camarades francistes, la France sera ce que nous voudrons qu’elle soit. Ensemble faisons le miracle de la foi !
Croire ou désespérer : il n’y a pas de milieu. Ou le désespoir qui engloutit tout ou la foi qui sauve : « Celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort », dit le Christ.
Croire en la France, c’est le premier mot d’ordre du Francisme !
Marcel Bucard