Le 15 février, était publié le « Rapport Spinetta » relatif à l’état du secteur ferroviaire français, suivi, dans la foulée, de l’annonce, par le gouvernement Macron / Philippe d’une réforme de la SNCF.
Les grandes lignes du rapport Spinetta, à savoir fermeture des lignes non rentables, privatisation du réseau (déjà rendue obligatoire par l’U.E.), suppression du « statut des cheminots »,méritent des réserves importantes.
Lorsqu’il est énoncé que 9000 km de lignes devraient être fermées et remplacées par des cars, conseillant de concentrer les moyens sur les grandes lignes et sur les lignes de banlieue des grandes agglomérations, cela s’inscrit dans une continuité de vues de la haute administration – autrement dit « l’Etat profond ». Dans les années 1960, alors que 6700 km de lignes étaient rayées du réseau, il était préconisé, en s’inspirant du modèle états-unien, que le transport voyageur est supposé dépendre de la voiture particulière et de l’avion. Déjà, le transport voyageurs se résumait à la banlieue parisienne et à quelques grandes lignes rayonnant depuis Paris, à savoir l’Etoile de Legrand, décidée en 1842, avec 10 000 km de lignes. Enfonçant le clou, en 1978, fut publié le « rapport Guillaumat » qui préconisait de supprimer toutes les gares dans les villes de moins de 20 000 habitants et de réduire le réseau à 10 000km de lignes ! Nous y voilà de nouveau.
Oh ! L’argument avancé est celui de la gestion vertueuse : on ne peut pas gaspiller l’argent du contribuable ; l’Etat ne peut pas continuer à dépenser près de 2 milliards d’euros pour seulement 2 % des voyageurs transportés par fer, qu’il est inadmissible que 16 % des moyens consacrés au ferroviaire servent à ces 2%.
Cela appelle deux réserves rédhibitoires. Primo, ces technocrates oublient la question centrale du bien commun national, à savoir le maillage du territoire de services publics conséquent dont font partie les moyens de communication. Or le fait que des parties entières du territoire national deviennent des déserts humain fragilise aussi sûrement la France que la pourriture qui mine le tronc d’un arbre fragilise celui-ci, donne l’apparence d’une bonne santé parce que seul le cambium conduit la sève. Tôt ou tard, le vide intérieur provoquera une cassure et la mort de l’arbre. De même, la désertification territoriale crée des vides qui, tôt ou tard, l’appel du vide aidant, seront comblés par des populations qui ne seront pas nécessairement héritières de nos 2000 ans de civilisation. Fermer les services publics revient à accélérer la désertification humaine des terroirs. Il est donc vital de maintenir des lignes ferrées dans des régions peu peuplées tout autant que des services publics postaux, médicaux, scolaires.
Secundo, dire que l’on ne peut gaspiller l’argent du contribuable est malhonnête. Car l’État républicain français, comme ses voisins européens, a abdiqué sa souveraineté financière entre les mains de la finance internationale, depuis 1973, ce qui se paie au prix fort d’un service de la dette annuel de 41 Mds €, montant qui explosera si les taux d’intérêts remontent, comme cela est le cas. En outre, cet État finance à grand frais l’invasion migratoire pour mieux réaliser le génocide du peuple français, ce qui représente au bas mot 60 Mds € chaque année ! Là est le gaspillage.
Par ailleurs, l’État de leur république, avec ses démembrements territoriaux, a multiplié les structures administratives redondantes qui font de la machine administrative publique une source de dépenses inutiles.
Que sont, comparativement à cette gabegie, 2 Mds € qui servent à irriguer le territoire national et sont un investissement pour le développement de la France – ou simplement le maintien de ce qui existe ? Sachons aussi qu’aucun service public de transport, tant rural qu’urbain, n’est rentable financièrement. Les recettes de la vente des billets couvrent rarement plus de 25 % des coûts (35 % en Alsace), tant en France que chez nos voisins.
Autrement dit, lorsque la technocratie et la classe politique régimiste, lesquelles s’interpénètrent au point de parfois se confondre, nous expliquent que l’Etat n’a plus les moyens de se permettre de telles dépenses, elles se moquent des Français et montrent par là même outre leur incurie, leur mauvaise foi et leur politique de trahison.
Certes, pour déminer le terrain, Édouard Philippe a annoncé que les lignes menacées ne seraient pas fermées. C’est une autre crapuleuse hypocrisie : en « refilant » le problème aux régions, sachant que celles-ci ne parviendront pas à prendre en charge l’entretien de la plupart d’entre elles, il ne fait que reculer l’échéance. Preuve en est que, depuis 2011, les régions ont laissé fermer 900 km de lignes !
Venons-en au « statut des cheminots ». Le gouvernement a réussi à monter les Français contre celui-ci. Certes, nombre de dispositions sont à revoir, mais ce statut, justifié par les contraintes du service ferroviaire, n’est pas la cause du déficit qui provient de ce que les pouvoirs publics ont sous investi dans le ferroviaire depuis quarante ans au moins et que les dirigeants de la SNCF ne sont plus des cheminots, comme jadis. Tout a été fait pour casser l’esprit cheminot, fait de dévouement : au nom du libéralisme, tout esprit de corporation doit disparaître.
Surtout, que ceux des Français qui fustigent ces « privilèges », s’attaquent aussi à ceux des fonctionnaires de l’U.E. qui prennent leur retraite après 15 ans de service à des montants de 9000 euros ! Les larbins du mondialisme ont droit à des égards que les travailleurs français n’ont pas. Ne nous trompons pas d’ennemi !
Ceux de nos compatriotes qui se félicitent de la suppression des « privilèges » des cheminots – souvent parce qu’ils ne les ont pas, ou plus – devraient savoir qu’il s’agit d’un effet de l’offensive néo libérale et mondialiste visant à détruire les systèmes de protection sociale chèrement acquis en Europe et à précariser un peu plus l’ensemble des salariés. Ils en sont les victimes et le seront encore plus à l’avenir. Rappelons-nous ce propos du milliardaire Warren Buffet : « la guerre des classes existe et les riches sont en train de la gagner ». Qu’on ne s’y trompe pas : cela participe de l’offensive menée contre les peuples européens par les forces du mondialisme.
Que les syndicats de gauche ou réputés tels mènent la révolte contre le projet Macron / Philippe ne doit pas nous aveugler. La « crise cheminote » du printemps 2018 est l’un des symptômes de la guerre menée contre ce qui subsiste de notre civilisation européenne riche de 3000 ans d’histoire.
Plus que jamais, est légitimé le combat des nationalistes : restaurer notre communauté nationale, culturellement homogène, et assurer des conditions de vie et de travail permettant de respecter et d’assurer l’épanouissement des personnes humaines qui en sont membres et la font vivre.
Éditorial de MILITANT n°702 de Mars 2018
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