Les régimes fascistes ont beau appartenir à une époque de plus en plus lointaine, il n’en demeure pas moins que les antifascistes n’ont jamais été aussi nombreux. L’adhésion des extrémistes de gauche à ce courant est somme toute relativement cohérente, mais ce qu’on comprend moins, c’est pourquoi une frange non négligeable de la droite monarchiste ou même des catholiques traditionalistes se revendique comme tels. On peut supposer qu’une partie de la réponse provient du fait que la société a érigé le fascisme comme la pire hérésie et afin de s’acheter une certaine respectabilité, ces derniers hurlent avec les loups. On peut aussi croire que le bilan de la Seconde Guerre mondiale n’est pas étranger à ce positionnement.
Joseph Mérel, un auteur lui-même catholique, s’adresse justement à cette frange monarchiste qui conspue le fascisme comme étant la fille de la Révolution française, au même titre que le socialisme ou le libéralisme. Si les origines profondes du fascisme tirent effectivement leurs racines de 1789, il n’en découle pas directement, il en est plutôt l’antithèse.
Le fascisme aboutissement logique du monarchisme
En tentant d’unir monarchie et fascisme, Mérel ne cherche pas ici à établir une espèce de front de raison superficiel face à un ennemi commun, bien qu’il considère l’unité comme étant primordiale face à la subversion, mais à marier les deux idées, ou à faire évoluer le monarchisme vers son aboutissement logique soit le fascisme, qui seul est parvenu, quoique de façon « maladroite », à réfuter les idéaux de 89 qui sont « (l’)être suprême Rousseauiste, (la) souveraineté populaire, (l’)individualisme, (le) subjectivisme échevelé, (l’)égalitarisme, (l’)hédonisme ».
Le fascisme, dépassement des lacunes du monarchisme
La monarchie, il faut l’admettre, avait des lacunes qui ont mené à l’instauration de monarchies constitutionnelles dans certains pays ou à la révolution de 1789 qui n’est pas tant le résultat de l’action de groupes subversifs qui auraient décidé du cours des évènements, mais qui relève justement des faiblesses de l’Ancien Régime. La monarchie absolue portait en elle-même les germes du libéralisme.
C’est le système monarchique qui a laissé se développer des classes sociales brisant l’organicité de la nation en permettant aux corporations de s’éroder, pour laisser place à des classes antagonistes, qui ont fini par faire éclater le système en place.
Mérel n’adhère donc pas à une théorie du complot qui expliquerait les grands évènements, dont 89, par le travail de groupes occultes comme la franc-maçonnerie. Si la subversion gagne inexorablement du terrain, ce n’est pas à cause d’une main cachée qui tirerait les ficelles, mais bien à cause de la tiédeur des catholiques et du désintérêt de nombreux fervents pour les affaires de ce monde.
En écrivant cet ouvrage, parfois polémique, souvent professoral (dans le bon sens du terme), il espère d’ailleurs réveiller ces derniers et les faire sortir de leur statu quo petit-bourgeois et conservateur qui finalement ne mène qu’à davantage de concessions.
Fascisme et catholicisme, même recherche du bien commun
Loin d’être dogmatique, l’auteur, qui place le catholicisme et la recherche du bien commun comme cadre, ne nie pas l’existence d’un certain antichristianisme fasciste, mais l’impute, sans le dédouaner, à des circonstances historiques atténuantes, comme l’opposition systématique de la part d’un clergé politiquement engagé. Il faut relativiser ce courant et il rappelle que c’est en changeant la perception des catholiques envers l’idéologie fasciste que ces travers pourront être éliminés et que l’on pourra s’assurer qu’ils ne ressurgissent pas.
Mérel revient en outre sur les « points de tension » entre le dogme catholique et le fascisme comme la volonté hégémonique de ce dernier, son hypertrophie de l’état et sa tendance à pervertir le message chrétien. Il explique chaque point, le décortique, le met en contexte et, grâce à un réquisitoire brillant et profond, parvient à réfuter chaque point. Si après cet exposé le lecteur catholique n’est pas convaincu, celui-ci doit garder à l’esprit que les points de convergence sont plus nombreux que les points de tension. Cela explique pourquoi tant de catholiques sincères appuyèrent les régimes se revendiquant comme fascistes.
Par souci d’honnêteté, il faut aussi ajouter que, bien qu’il considère la monarchie comme le plus catholique des systèmes, la monarchie française ne brilla pas toujours par son soutien à la cause catholique.
Pour une révolution de l’ordre, le fascisme
Pour Joseph Mérel, ce qui importe le plus est d’instaurer un régime catholique qui place au-dessus de tout la recherche du bien commun, en respect avec l’organicité de la nation (exit le libéralisme d’Adam Smith où tout le monde est en compétition). Et pour ce faire, il faut cesser de nourrir une nostalgie pour le régime monarchiste, dépassé, et lancer une « révolution de l’ordre ».
Rémy Tremblay
Joseph Mérel, Fascisme et Monarchie, Reconquista Press, 2018, 298 p.
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Un monarchiste légitimiste (dont je suis), est d’abord CATHOLIQUE; il est évidemment anti-républicain, anti-laïcard et clairement pas anarcho-socialiste. Par voix de conséquence il ne peut être « fasciste », surtout s’il est Français. Le fascisme est née de la rencontre du socialisme, en la personne de MUSSOLINI qui fut l’un des principaux dirigeant du parti socialiste italien (frère de la SFIO de l’époque), et de l’anarchisme, en la personne du poète au beaux gestes, Gabriel d’ANNUNZIO; le « fascisme est une réaction italienne anti-communiste qui ne s’exporte pas », dixit MUSSOLINI dans l’encyclopédie italienne (qu’il a fondée): là on peux se retrouver. Oui, contre le marxisme on peux s’allier aux fascistes, on doit s’allier aux franquistes comme l’on fait les carlistes. Mais s’allier n’est pas être ou devenir.