…pourquoi c’étaient les meilleurs, et pourquoi ils ont quand même perdu
C’est mesurable -et mesuré- les soldats Allemands étaient les meilleurs combattants de la Seconde Guerre mondiale. Si des puissances comme l’Angleterre, la Russie et les USA ont jugé indispensable de se coaliser contre l’Allemagne, c’est bien qu’elles pensaient ne pas pouvoir en venir à bout séparément. Tout s’est passé comme si les Allemands avaient réellement une supériorité intrinsèque et comme si leur projet de préserver cette supériorité n’était pas sans fondement. Ils auront finalement ployé sous le nombre, sous la masse. L’article ci-dessous -traduit de Mark Weber- présente, sans entrer dans des considérations idéologiques, les travaux des historiens militaires. Place à Mark Weber.
Les soldats Allemands de la Seconde Guerre mondiale ont souvent été caricaturés, durant et après la guerre, comme des simples d’esprit brutaux et dépourvus d’imagination. Les films hollywoodiens et les émissions de la TV US n’ont eu de cesse de mettre en scène le contraste entre des GI sûrs d’eux, à l’aise et décontractés avec des Allemands lents d’esprit, cyniques et cruels.
Comme le remarquait l’historien et journaliste Britannique Max Hastings: « La propagande est un élément incontournable des conflits modernes ». « Durant la Seconde Guerre mondiale on estimait qu’il était capital pour l’issue des combats contre l’Allemagne que les peuples des pays alliés soient convaincus de la supériorité de leurs combattants sur ceux de l’ennemi. Un « dogface » américain ou un tommy anglais valait trois krauts à la tête dure. Sur le champ de bataille, les robots d’Hitler ne pouvaient rivaliser avec l’imagination et l’initiative des alliés… ». Les plus grands films américains du temps de guerre ont dépeint les soldats allemands comme des simplets bornés. Et, précise Hasting, durant les décennies qui ont suivi « un esprit de narcissisme militaire alimenté par des films comme « Le jour le plus long », « Un pont trop loin », « La bataille des Ardennes », a perpétué ces images d’Épinal des armées Alliés et Allemandes ».
Dans la droite ligne de la vision développée par la propagande, Le Premier ministre anglais d’alors y allait de son petit dénigrement des soldats et officiers Allemands. En 1941, lors d’une allocution radiodiffusée, Winston Churchill évoquait « La machine de guerre Nazie, avec ses officiers Prussiens d’opérette claquant des talons… [et] les masses de soldats Huns abruties par le dressage s’avançant dociles comme un essaim de sauterelles rampantes ».
Comme à peu près tout ce qui a été raconté au public à propos de la Deuxième Guerre mondiale, cette image dégradante n’avait pas grand-chose à voir avec la réalité. Au contraire, les spécialistes d’histoires militaires qui se sont penchés sur la question s’accordent à dire que les hommes des forces militaires allemandes, – la Wehrmacht – ont montré une aptitude au combat et une inventivité inégalées durant les presque six années qu’a duré le conflit.
Trevor N. Dupuy, un éminent analyste militaire Américain, colonel de l’armée US, et auteur de nombreux livres et articles, a étudié la performance comparée des soldats de la Seconde Guerre mondiale. Il conclut qu’en moyenne, 100 soldats allemands valaient 120 Américains, Anglais ou Français ou 200 soldats soviétiques. À un contre un, écrit Dupuy, « Les soldats de l’armée de terre ont toujours infligé des pertes 50 pour cent supérieures à celles qu’ils subissaient de la part de leurs adversaires Anglais ou Américain, et ce, quelles que soient les circonstances [c’est l’auteur qui souligne]. Cela se vérifiait qu’ils soient en attaque ou en défense, qu’ils soient en état de supériorité numérique ou, comme c’était plus souvent le cas, qu’ils soient en infériorité numérique, quand ils avaient la supériorité aérienne et quand ils ne l’avaient pas, quand ils gagnaient ou quand ils perdaient ».
D’autres historiens militaires respectés, comme Martin van Creveld et John Keegan, ont fait des constats semblables. Max Boot a tiré des conclusions similaires dans son livre très fouillé, War Made New. « D’homme à homme », écrit cet auteur influent et historien militaire, « La Wehrmacht était probablement la plus formidable force combattante dans le monde, au moins jusqu’en 1943 si ce n’est plus tard. Les soldats allemands étaient connus pour faire preuve de plus d’initiative que ceux des démocraties qu’étaient la France, l’Angleterre ou les USA.
Autre universitaire a avoir examiné la question, Ben H. Shepherd, auteur de plusieurs ouvrages et qui enseigne l’histoire à l’Université Calédonienne de Glasgow en Écosse a, dans une récente somme – les soldats d’Hitler: l’armée Allemande du troisième Reich – démoli l’image de zombie discipliné habituellement accolée aux soldats allemands. En fait, la Wehrmacht privilégiait des qualités telles que la flexibilité, l’audace et l’initiative », quant à l’idéologie Nazie, elle accordait une grande importance aux qualités de courage, d’endurance, d’inventivité et de force de caractère ainsi qu’à la camaraderie ». Il remarque aussi « l’importance que l’armée allemande accorde à une organisation supérieure. À tous les niveaux, l’armée allemande était plus efficacement organisée que toutes les armées auxquelles elle faisait face. »
Observant la campagne de France de 1940, Sherpherde écrit: « … Ce sont leurs qualités propres qui ont rendu les Allemands capables de triompher de façon si spectaculaire. Ils ont notamment tiré parti d’un plan opérationnel particulièrement imaginatif et audacieux. Mais si on devait ne retenir qu’une seule raison générale de leur triomphe, c’est leur approche doctrinale de la tactique et des opérations qui surclassait de loin celle de leurs adversaires. À tous les niveaux, on trouvait les qualités d’audace et d’adaptation et une capacité de réagir rapidement aux changements sur les champs de bataille. Les qualités des soldats Allemands et la capacité des chefs à tous les niveaux de penser et d’agir de façon autonome et efficace, ont été les véritables clés du succès allemand ».
Même quand le cours des choses s’est inversé, poursuit l’auteur, les Allemands se battaient bien. « L’armée a enregistré ces succès initiaux grâce au haut niveau d’entrainement, à la cohésion et au moral de ses troupes, et grâce aussi à une excellente coordination avec la Luftwaffe [L’armée de l’air] … On a fait grand cas de la supériorité qualitative du soldat Allemand lors de la campagne de Normandie en juin et juillet 1944, et il y a en effet beaucoup à en dire. En particulier, une étude exhaustive des soldats du front ouest concluait que toutes choses égales d’ailleurs, une centaine de soldats Allemands auraient fait jeu égale avec 150 soldats alliés ».
« En conséquence de tout cela » explique Shepherd, » Les unités allemandes montraient une grande capacité à tenir le terrain en défense [c’est-à-dire surtout durant la dernière année de guerre]. Elles faisaient preuve d’une grande ingéniosité et de flexibilité… À partir de 1943, les Allemands exécutèrent une retraite défensive d’une ténacité sans pareille contre une Armée Rouge de plus en plus impressionnante à l’Est et contre la coalition des Alliés occidentaux dont la supériorité s’alimentait de la puissance grandissante économique et militaire des USA.
Max Hasting, est un historien Britannique reconnu et d’une grande audience, auteur de plus d’une douzaine de livres, dont plusieurs sur la Seconde Guerre Mondiale tel que « Bomber Command and Armageddon », ou une magistrale vue d’ensemble, « Inferno: The World at War, 1939-1945 ». Dans « Overlord » une histoire de l’invasion alliée en 1944 du nord de la France et de la campagne acharnée pour le contrôle de la Normandie il écrit:
« Les Alliés en Normandie ont fait face à la meilleure armée combattante de la guerre, une des plus grandes que le monde ait jamais connu…La qualité des armements allemands – surtout les tanks – était d’une importance primordiale. Leurs tactiques magistrales…Le commandement aux échelons inférieurs était bien meilleur que celui des Américains et peut-être aussi que des Anglais… À travers toute la Seconde Guerre Mondiale, chaque fois que les troupes anglaises ou américaines ont eu à faire face à des Allemands en nombre égal, les Allemands l’emportaient. Historiquement ils avaient déjà une réputation de soldats formidables. Sous Hitler, leur armée a atteint son zénith. »
Surtout, Hasting met en avant le fait que les Allemands combattaient avec un équipement et des armes qui étaient généralement meilleurs que ceux de leurs adversaires. « Arme contre arme, et char contre char, même en 1944, leurs équipements surclassaient de manière décisive ceux des Alliés dans chaque catégorie sauf l’artillerie et le transport », écrit-il. Même durant les dernières années de la guerre, « les chefs Alliés invitaient leurs armées de terre à combattre la Wehrmacht avec un équipement inférieur dans chaque catégorie sauf l’artillerie et le transport. Les mitrailleuses allemandes, mortiers, pistolet mitrailleurs, armes antichars et les transports de troupes blindés étaient tous supérieurs à ceux des Anglais ou des Américains. Surtout, les Allemands avaient de meilleurs chars. »
Durant toute la guerre, les performances des soldats Allemands sont restées inégalées. Selon Hasting, « … Les Américains, comme les Anglais, n’ont jamais été au niveau de l’extraordinaire professionnalisme des soldats allemands, ». « Peu de soldats Alliés se voyaient autrement qu’en civil temporairement sous l’uniforme, tandis que leurs homologues allemands avaient cette incroyable capacité à se transformer de bouchers ou employés de banque en tacticiens naturels. Un des plus absurdes clichés de la propagande de guerre était l’image du soldat Nazi comme un borné intraitable. En réalité, le soldat Allemand montrait presque invariablement plus de flexibilité sur le champ de bataille que son homologue allié… La vérité dont on ne peut se soustraire est que la Wehrmacht d’Hitler était la force combattante d’exception de la Seconde Guerre Mondiale, une des plus grandes de l’histoire. »
Après la guerre, Winston Churchill commenta le conflit de façon plus objective qu’il ne l’avait fait alors qu’elle faisait rage. Dans ses mémoires, il compara le bilan des Anglais et des Allemands lors de la campagne de Norvège d’avril – juin 1940 – la première fois que les soldats des deux nations se sont combattus au cours la Seconde Guerre Mondiale. « La supériorité des Allemands dans la conception, le commandement et l’énergie était évidente, » écrivit-il. « À Narvik, une force Allemande hétéroclite de fortune forte d’à peine 6 000 hommes a tenu en échec pendant six semaines quelque 20 000 soldats Alliés et, bien qu’ayant été d’abord chassés de la ville, les Allemands ont finalement pu assister au départ de leurs ennemis. Ces Allemands ont parcouru en sept jours la route de Namsos à Mosjoen que les Anglais et les Français avaient déclarée impraticable…Nous, qui avions la maîtrise de la mer et qui pouvions surgir sur n’importe quel point d’une côte sans défense, étions dépassés par le rythme du mouvement de l’ennemi sur terre, sur de grandes distances, et malgré tous les obstacles. Dans cette rencontre norvégienne, certaines de nos meilleures troupes, les Gardes Écossais et Irlandais, ont été médusés par la vigueur, l’allant et l’entrainement des jeunes hommes d’Hitler.
Des figures militaires Britanniques de haut rang étaient également impressionnées par l’habileté, la ténacité et l’audace de leurs adversaires. « Malheureusement, nous combattant les meilleurs soldats du monde – quels hommes » s’exclama dans son rapport à Londres le Lieutenant Général Sire Harold Alexander, commandant du 15 è groupe d’armée en Italie, en mars 1944. Un des officiers les plus capables de Montgomery, le Brigadier Frank Richardson, dit plus tard des soldats Allemands auxquels lui et ses camarades étaient confrontés: « Je me suis souvent demandé comment nous avions pu les battre. »
De semblables jugements émanaient de la part de soldats des deux côtés du conflit. Le lieutenant d’artillerie Italien Eugenio Conti, qui était déployé avec d’autres unités d’autres nations Européennes dans les féroces combats sur le front de l’Est durant l’hiver de 1942 – 1943 se rappela par la suite: « Je me suis demandé ce que nous serions devenus sans les Allemands. J’étais obligé d’admettre à contrecœur, que nous, les Italiens aurions fini dans les mains des ennemis. Je remerciais le ciel qu’ils étaient avec nous dans la colonne… Sans l’ombre d’un doute, en tant que soldats, ils n’avaient pas d’équivalent. » Un officier de l’US army qui combattit en Belgique vers la fin de 1944, le lieutenant Tonu Moody, évoqua par la suite comment lui et d’autres GI ont considéré leurs adversaires: « Nous avions l’impression que les Allemands étaient bien mieux entraînés, mieux équipés et étaient une meilleure machine de combat que nous. »
Même durant les dernières semaines de la guerre, alors que les perspectives étaient vraiment sinistres, les hommes d’Hitler continuèrent de se battre avec une verve étonnante. Comme le reconnaît un rapport du renseignement Soviétique de mars 1945: « la plupart des soldats Allemands se rendent compte du caractère désespéré de la situation de leur pays après les percées de janvier, même si certains continuent de faire état de leur foi dans la victoire finale. Et pourtant, il n’y a aucun signe d’un effondrement du moral de l’ennemi. Ils continuent de se battre comme des chiens avec une discipline intacte. »
Miloslav Djilas fût une figure majeure de l’armée des partisans de Tito contre l’Allemagne, et, après-guerre, il occupa des postes élevés en Yougoslavie. Se retournant vers le passé, il se rappelle de l’endurance des soldats Allemands, de leur constance et de leur habileté alors qu’ils se retiraient des zones montagneuses accidentées dans les conditions les plus décourageantes: « L’armée Allemande laissa derrière elle un sillage d’héroïsme… affamés et à demi nus, ils ont nettoyé les glissements de terrain, pris d’assaut les pics rocheux, creusé des passages. Les avions Alliés s’en servaient de cibles d’entrainement. Ils étaient à court de carburant… À la fin, ils y sont arrivés, laissant le souvenir de leur martiale virilité. »
Quoi qu’il en fût de leur meilleur entraînement, de leur engagement et de leur débrouillardise quoi qu’il en fût de la plus haute qualité de leurs tanks, mitrailleuses et autres équipements, rien de tout cela n’a permis aux combattants Allemands de compenser la supériorité quantitative de l’ennemi.
En dépit de ressources limitées, de défis prodigieux, divers et variés dont la pénurie chronique de pétrole, la nation Allemande et ses chefs ont montré une extraordinaire capacité d’organisation, fait preuve d’inventivité et d’adaptabilité en 1942, 1943 et 1944 dans l’utilisation des ressources humaines et matérielles disponibles pour accroître de façon spectaculaire une production de haute qualité d’armes et d’équipement. Mais durant la même période,, l’Union Soviétique et les États-Unis se sont attelés à mettre en œuvre leurs bien plus vastes ressources naturelles et réserves de mains-d’œuvre pour sortir une plus grande quantité d’armes, de bateaux, de bombardiers, d’avions de chasse, de tanks et de canons.
Surtout, les grandes puissances Alliées disposaient de bien plus d’hommes à envoyer au combat et pour soutenir l’effort de guerre.
C’est la supériorité du nombre qui s’est avérée décisive en fin de compte. La Seconde Guerre Mondiale fût une victoire de la quantité sur la qualité.
Même alors que leur pays endurait des privations toujours plus accablantes, des destructions et des souffrances, et alors que leurs villes étaient réduites en cendres, les combattants Allemands, soutenus par leur peuple, affichèrent un énorme engagement, de la discipline et de l’ingéniosité pour relever le défi de la supériorité quantitative imposée par leurs puissants ennemis.
Ce point a été souligné dans le sombre communiqué final des forces armées Allemandes, publié le 9 mai 1945: « Finalement, les forces armées Allemandes ont succombé dans l’honneur à une supériorité énorme. Fidèle à son serment, la performance du soldat Allemand dans son suprême effort pour son peuple restera inoubliable. Jusqu’au bout, la patrie l’aura soutenu de toutes ses forces par un effort exigeant les plus grands sacrifices. Le comportement exceptionnel du front et de l’arrière trouveront leur reconnaissance finale plus tard dans le jugement équitable de l’histoire. L’ennemi lui-même ne manquera pas d’exprimer son respect pour les sacrifices consentis par le soldat Allemand sur terre, sur mer et dans les airs.
Mark Weber
(Traduction : Francis Goumain)
Sans mettre en doute le courage,la valeur et le professionnalisme du soldat allemand pendant la seconde guerre mondiale,il faudrait quand même parler de la Pervertine .Cette méthamphétamine ,largement distribuée dans la Wehrmacht,accessible aux civils, qui permet de ne pas dormir pendant plusieurs jours et donne un sentiment de toute puissance (Blitzkrieg,percée des Ardennes)
Alors;on en parle de la Pervertine? Ou serai-je à nouveau censuré?
Les preuves de cette supériorité sur le Front de l’Est sont abondantes. On peut dire en l’occurrence que ce n’est pas 200 soldats russes qui équivalaient 100 soldats allemands, mais bien souvent 10 Russes qui tombaient pour un Allemand. Il faut dire que le soldat russe était envoyé au front parfois sans arme du tout, souvent aussi un revolver dans le dos, et presque toujours alcoolisé. Sans compter que la majorité des koulaks haïssaient les communistes et préféraient se laisser tuer au front plutôt que de rentrer dans les lignes.
PS: il s’agit d’Eugenio Corti et non Conti, qui fait ce récit dans son roman « Le Cheval rouge ».