Depuis quelque temps, la Suisse, cette démocratie-modèle, est régulièrement prise à partie d’une façon pour le moins inamicale et voire même parfois franchement haineuse. A priori, c’est pour des motifs politiques.
Dans ce but, certains événements regrettables de la Seconde Guerre Mondiale sont mis en avant, sans qu’on ait l’honnêteté de faire état des circonstances difficiles dans lesquelles la Confédération Helvétique devait maintenir sa neutralité et sa souveraineté, non seulement par rapport aux pays de l’Axe, spécialement l’Allemagne, mais aussi par rapport aux Alliés.
En premier lieu les États-Unis, à la pointe des critiques accusatoires, devraient accepter qu’on leur rappelle à quel point ils se sont permis de violer la neutralité Suisse durant des années. À partir de 1943 les bombardiers américains survolaient ce pays neutre, parfois en formation de combat, en vol vers leurs cibles sur le Reich.
À plusieurs reprises ils ont aussi mené des opérations offensives contre le territoire Suisse. Ainsi, le premier avril 1944, Schaffhausen a été la victime d’un intense raid Allié qui a causé des pertes humaines considérables et des destructions étendues. Wagons de passagers ou de marchandises, viaducs et gares ont subi des bombardements ou des mitraillages répétitifs comme à Chiasso et Bâle se traduisant par de nombreux morts et des dégâts matériels importants. Le seul 22 février 1945 a vu la mort de 18 Suisses auxquels se sont ajoutés 50 blessés, certains gravement: c’était lors de bombardements américains dans le nord du pays.
À la suite d’une nouvelle attaque aérienne américaine sur Bâle et Zurich le 5 mars 1945, laquelle, une fois de plus, provoqua de considérables pertes en vies humaines et des gros dégâts matériels, le gouvernement de Washington reçut une note de protestation vigoureuse pour se plaindre de ce que la neutralité de la Suisse était régulièrement bafouée, de ce que le nombre de violations de sa frontière était en constante augmentation et pour signifier que de tels bombardements étaient intolérables.
La situation était devenue à ce point tendue que Washington envoya le commandant de l’armée de l’air américaine en Europe en personne, le général Spaatz, et son chef d’état-major à Berne [la capitale de la Suisse] pour s’excuser et promettre des réformes.
Parmi les divers avions américains qui sont arrivés sur le territoire suisse, on ne trouve pas moins de 160 bombardiers géants quadrimoteurs B17 « forteresses volantes » et des B-24 « Liberators », soit parce que les équipages cherchaient à éviter d’être fait prisonnier en Allemagne, ou parce que c’étaient des déserteurs qui voulaient échapper au service militaire, ou parce qu’ils étaient contraints d’atterrir ou ont été abattus par la chasse suisse ou par la DCA.
Des avions militaires d’autres pays ont aussi à plusieurs reprises exécuté des opérations offensives contre la Suisse : sur une grande échelle, la Royale Air Force, et également, dans une mesure moindre mais qui reste considérable, la Luftwaffe, et même parfois des avions français.
Toutefois, aucune de ces nations en guerre n’a à ce point défié la neutralité Suisse et provoqué un tel niveau de destruction et de pertes en vies humaines que les bombardiers et chasseurs de l’armée de l’air des États-Unis.
Joachim Hoffmann
Titre original de l’article publié sur le site IHR : Wartime Bombings of Neutral Switzerland (Traduit par Francis Goumain)
En complément, quelques mots d’explication de l’historien Suisse René-Louis Berclaz :
Les bombardiers américains se sont « trompés » de cible vers la fin de la guerre pour faire pression sur la Suisse qui était obligée de commercer avec le Troisième Reich pour son ravitaillement. Des bombardiers US ont été abattus par la DCA suisse ou contraint de se poser par la chasse. C’était une forme de représailles… Les équipages étaient « internés » dans des hôtels de luxe des stations de sport d’hiver où ils menaient la belle vie. Ils pouvaient se promener, faire du ski, fréquenter les bars et les boîtes de nuit… Ceux qui en abusaient ou qui voulaient s’évader étaient alors internés dans des camps fermés. Un aviateur américain s’était plaint de sévices en affirmant que c’était pire que les camps allemands. Il a obtenu des excuses officielles de la Confédération… Il y a des livres sur le sujet écrits par des historiens suisses dans un style repentant.
Il existe une tout autre explication à ces bombardements « par erreur »… mettre la pression par la menace aérienne sur la Confédération (neutre — donc travaillant à sa guise avec tous pour de muktiples raisons et en partie par impossibilité de vivre en autarcie — le « plan Wahlen ayant montré ses limites) pour que celle-ci abandonne ses relations économiques, financières et commerciales avec l’Allemagne National-socialiste… en bonne voie alors de ne plus être le cheval gagnant d’Europe. La RAF, pour sa part… se contentait de lâcher des sacs de sable à l’entrée du tunnel du Gothard… à titre d’avertissement.