Des citations factices attribuées à Hitler ou à d’autres dirigeants du troisième Reich circulent un peu partout depuis des années. De telles citations sont souvent utilisées par des polémistes – de gauche ou de droite – pour discréditer leurs adversaires idéologiques en montrant que les nazis avaient des positions semblables. Le procédé fonctionne parce que les gens sont habitués à ce que tout ce que pouvaient bien penser ou dire les dirigeants nazis était maléfique, médiocre ou pervers et que personne de sensé et de moral ne saurait soutenir de pareilles vues.
Voici un aperçu de ces fausses citations dont on affuble Hitler et d’autres nazis de premier plan.
Goebbels : « La vérité est l’ennemie de l’État »
Le chef de la propagande d’Hitler est censé avoir dit : « Pourvu qu’un mensonge – même gros – soit suffisamment répété, les gens finissent par y croire. Le mensonge ne peut être maintenu qu’aussi longtemps que l’État parvient à masquer à son peuple les conséquences politiques, économiques et / ou militaires du mensonge. Il est donc essentiel pour l’État d’user de tout son pouvoir pour faire taire les dissidents, puisque la vérité est l’ennemie mortelle du mensonge, et donc, par suite, la plus grande ennemie de l’État. »
Rush Limbaugh, le célèbre chroniqueur radio, n’est que l’un des nombreux Américains influents à avoir resservi cette citation. Lors d’une émission en mai 2007, il prétendit que ces remarques émanaient « du cabinet de guerre d’Hitler, du propagandiste en chef nazi, Joseph Goebbels, qui s’adressait à ses comparses du Parti nazi. » Limbaugh poursuivit en soutenant que le « Parti Démocrate » aux USA était en train d’utiliser « un avatar du procédé de Goebbels en tentant de faire taire les dissidents ». Et en janvier 2011, un membre du Congrès américain, Steve Cohen, du Parti Démocrate au Tennessee, accusait les Républicains de propager « un gros mensonge, à la manière de Goebbels » au sujet du plan de santé national.
En réalité les conceptions de Goebbels étaient à l’opposé de ce que suggère cette citation de contrebande. Il a toujours soutenu que la propagande devait être exacte et véridique.
Lors d’une allocution en septembre 1934 à Nuremberg, il déclarait : « La bonne propagande n’a pas besoin de mentir, en fait, elle peut s’en dispenser. Elle n’a pas de raison de craindre la vérité. C’est une erreur de croire que le peuple ne pas supporter la vérité. Il en est capable. Tout est une question de savoir présenter la vérité au peuple de manière à ce qu’il puisse l’accepter. Une propagande qui ment avoue qu’elle sert une mauvaise cause. Elle ne peut réussir à long terme. »
Dans un article rédigé en 1941, il citait l’exemple des mensonges de la propagande de guerre britannique et il poursuivait en accusant les propagandistes anglais d’avoir adopté la technique du « gros mensonge » identifiée par Hitler dans son Mein Kampf. Goebbels écrit : « Les Anglais s’en tiennent au principe selon lequel plus un mensonge est gros, plus il passe. Ils persistent dans leurs mensonges même au risque de paraître ridicule. »
Hitler et le contrôle des armes
Dans un discours prétendument prononcé en 1935, Hitler est supposé avoir déclaré : « cette année restera dans l’histoire ! Pour la première fois une nation civilisée aura un recensement complet des armes ! Nos rues seront plus sûres, notre police plus efficace, et le monde suivra notre exemple ! »
C’est la citation favorite des Américains qui défendent le droit constitutionnel de « posséder et de porter des armes ». Elle est utilisée pour discréditer ceux qui sont en faveur des restrictions sur la possession et l’emploi des armes. Elle est aussi utilisée à l’appui de l’affirmation selon laquelle Hitler et son gouvernement auraient fait baisser la possession d’armes en Allemagne et auraient confisqué celles détenues par les particuliers.
La réalité est assez différente. Quand Hitler et le Parti national-socialiste ont accédé au pouvoir début 1933, ils ont hérité d’une loi sur les armes à feu plutôt restrictive adoptée, cinq ans plus tôt, par le gouvernement libéral – démocrate de Weimar. En 1938 le gouvernement d’Hitler révisa la précédente loi dans le sens d’un l’assouplissement, favorisant donc le droit des Allemands à posséder une arme. La seule confiscation en règle des armes à feu jamais imposée aux Allemands a été le fait, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, des forces d’occupation américaines et d’autres puissances Alliées victorieuses.
Hitler sur la « Loi et l’Ordre »
Hitler est supposé avoir dit lors d’un meeting en 1932, juste avant qu’il ne devienne chancelier :
« Les rues de nos villes sont en ébullition. Les universités regorgent d’étudiants émeutiers en révolte. Les communistes cherchent à détruire notre pays. La Russie nous menace de sa puissance et la République est en danger. Oui, danger de l’intérieur et danger du dehors. Nous avons besoin de la loi et de l’ordre ! Oui, notre pays ne peut survivre sans la loi et l’ordre … Votez pour nous et nous rétablirons la loi et l’ordre. Par la loi et l’ordre, nous serons respectés parmi les nations du monde. Sans la loi et l’ordre notre République échouera. »
Cette citation, qui est destinée à embarrasser et à discréditer ceux qui sont en faveur de « la Loi et de l’ordre », était particulièrement prisée des jeunes Américains à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. On pouvait la retrouver sur les affiches du film de 1971 « Billy Jack ».
Dans ses nombreux discours de campagne en 1932, Hitler mit l’accent sur les thèmes de justice, de liberté, d’emploi et d’unité nationale – jamais sur « la loi et l’ordre ». Les universités allemandes en 1932 ne regorgeaient pas d’étudiants émeutiers en révolte. En réalité, les étudiants allemands étaient parmi les plus fervents supporteurs d’Hitler et de son mouvement national-socialiste.
Goering sur la culture
Hermann Göring, un responsable de haut rang du troisième Reich, est souvent cité pour avoir dit : « Quand j’entends le mot culture, je sors mon flingue. »
Le Reichsmarschall Göring, qui était le chef de la Luftwaffe, n’aurait jamais dit une chose pareille. Comme d’autres hauts dirigeants du troisième Reich, il estimait les arts et s’enorgueillissait de son goût pour la culture.
Cette citation est une déformation d’une réplique d’un personnage de la pièce Schlageter de l’auteur allemand Hanns Johst. La réplique originale (traduite) est « quand j’entends [le mot] culture … je suis content d’avoir un Browning ! » On retrouve une déclinaison de cette réplique dans « Pourquoi nous combattons » et film de propagande de guerre du gouvernement américain qui suggère que le « nazi » typique est un voyou inculte.
Hitler et la Conscience
« Je libère l’homme de cette chimère qu’on appelle conscience », aurait dit Hitler. Cette citation souvent répétée apparaît, par exemple, dans The Great Quotations un recueil supposé faire autorité, compilé par le journaliste et auteur Juif Américain George Sledes. Elle dérive d’une remarque attribuée à Hitler par Hermann Rauschning dans son livre, The Voice of Destruction (Conversations with Hitler), qui est la source de nombreuses citations frauduleuses, soi-disant basées sur des conversations privées avec Hitler, mais qui en réalité n’ont jamais eu lieu.
Le texte « original » de cette citation, telle que donnée par Rauschning, est : « la providence a voulu que je sois le plus grand libérateur de l’humanité. Je libère les hommes de l’emprise d’une certaine intelligence ; de la vile et dégradante auto-mortification d’une chimère appelée conscience et moralité et de l’exigence de liberté et d’indépendance personnelle dont seuls sont capables quelques-uns. »
En réalité, Hitler a souvent souligné l’importance d’agir en conscience. Par exemple, rien que pour l’année 1941, on ne trouve pas moins de trois déclarations ou discours en public dans lesquels il parle d’agir en accord avec sa conscience. Rudolf Hess, un ami proche et un collaborateur de confiance, a pu dire que son dévouement à Hitler reposait en grande partie sur la perception qu’il avait de la ferme conscience d’Hitler. Lors d’un discours en 1934, Hess déclara que « la conscience et la moralité d’une personne sont une bien plus grande protection contre les abus du pouvoir que le contrôle parlementaire ou la séparation des pouvoirs. Je ne connais personne qui ait une conscience plus élevée ou qui soit plus fidèle à son peuple qu’Adolf Hitler… La Haute Cour du Führer, c’est sa conscience et sa responsabilité devant son peuple et devant l’histoire. »
Hitler : « Détruire par Tous les Moyens »
Le film de propagande du gouvernement américain, « Pourquoi nous combattons », cite Hitler comme ayant dit : « ma devise est « détruire par tout moyen ». Le national-socialisme va refaçonner le monde. » C’est une version revue et corrigée d’une remarque attribuée à Hitler par Hermann Rauschning dans son livre de référence. Le texte « original » tel qu’énoncé par Rauschning est : « je veux la guerre, Pour moi, tous les moyens sont bons… ma devise est pas de « ne fait pas », quoi que tu fasses, bouscule l’ennemi ! Mon leitmotiv est : « détruit le par tous les moyens. Je suis celui qui fera la guerre ! ». On peut trouver une autre version de cette remarque inventée dans le livre Hitler et le nazisme (1961) de l’historien Louis Leo Snyder qui fût professeur au City College de New York.
Hitler sur le terrorisme
Hitler a souvent été cité pour avoir dit : « le terrorisme est la meilleure arme politique parce qu’il n’y a rien de plus paralysant pour les gens que la peur d’une mort soudaine. » Cette citation est basée sur deux remarques inventées du livre fallacieux de Hermann Rauschning, la Voix de la Destruction.
Hitler : « Nous Sommes des Barbares »
On cite aussi Hitler pour avoir dit : « On dit que je suis un barbare inculte. Mais évidemment que nous sommes des barbares. Nous voulons être des barbares, pour nous, c’est un titre honorifique. Nous allons rajeunir le monde. Ce monde est proche de sa fin. »
C’est encore l’une des citations frauduleuses de l’œuvre fantaisiste d’Hermann Rauschning.
Hitler et la « Jeunesse Brutale »
« Une jeunesse violente, dominatrice, intrépide, brutale – voilà ce que je recherche… Je veux voir dans ses yeux l’éclair de fierté et d’indépendance du prédateur. Je ne veux pas d’exercices intellectuels. Le savoir c’est la ruine de la jeunesse. » Cette remarque abondamment citée est incluse, par exemple, dans The Great Quotations de George Seldes. La source citée par Seldes est un article de The Nation du célèbre auteur et journaliste américain John Gunther (1901 – 1970).
Il s’agit en réalité d’une version d’une pensée attribuée à Hitler par Hermann Rauschning dont le travail imaginatif est la source de nombreuses citations frelatées. Dans le même esprit, on retrouve une autre citation frauduleuse d’Hitler, également reprise par Seldes – censé faire autorité : « L’éducation pour tous est le poison le plus corrosif et désintégrateur que le libéralisme ait jamais inventé pour sa propre perte. »
Ces citations travestissent les vraies vues d’Hitler. En réalité, l’Allemagne nationale-socialiste était un leader mondial de la science, de l’enseignement, de la technique et de la médecine. Hitler était admiré par certains des intellectuels les plus en vue de son époque comme Knut Hamsun, Ezra Pound, Louis-Ferdinand Céline et Martin Heidegger.
Mark Weber
Titre original de l’article paru en anglais sur IHR : Fraudulent Nazi Quotations (Traduction: Francis Goumain)
Goebbels s’est inspiré du juif Edwards Barney (gendre du malade mental,S.Freud)
,auteur de « Propagande » célèbre pour avoir amener les américaines à fumer par le biais du premier archétype (le levier) explicité par V.Volkoff dans Le Moontage , le féminisme provoque le cancer du poumon… Mais au fait aurait-il plagié Gustave Lebon (Psychologie des foules)?
Autre citation aussi célèbre que fausse attribuée (encore … mais on ne prête qu’aux riches!) à Goebbels: « Wenn ich Kultur höre … entsichere ich meinen Browning » = « Quand j’entends le mot culture … ». (Citation toujours mal traduite, « Kultur » signifiant plutôt « civilisation » dans la langue de Goethe).
En fait il s’agit là d’une phrase tirée d’une pièce de théâtre de Hanns Johst, dramaturge allemand (1890-1978). Titre de la pièce « Leo Schlageter ». Albert Leo Schlageter fut un résistant allemand aux troupes françaises occupant le Territoire de la Ruhr en 1923. Il fut fusillé par les Français le 26 mai 1923.