Le Jobbik a réalisé hier soir un excellent résultat en Hongrie lors des élections législatives, poursuivant sa progression et son implantation. Le mouvement nationaliste totalise 20,54 % des suffrages, soit 4 points de plus qu’en 2010 lors du précédent renouvellement du parlement (16,67 % en 2010). Le point faible du mouvement demeure la capitale Budapest, où il obtient des moyennes inférieures au reste du pays, contrairement à l’Est où il obtient entre 25 % et 35 %. Le président du Jobbik Gabor Vona (photo à gauche) manque d’emporter un siège au scrutin majoritaire à Gyöngyös, avec 35,86 % contre 37,13 % au candidat du Fidesz ; c’est le meilleur résultat du mouvement.
Ces scores montrent que l’implantation et la conquête des esprits ne sont nullement conditionnées par l’abandon de ses valeurs fondamentales, l’épuration de son parti et le remplacement de ses cadres par des énarques ou des avocats maçons, et l’aplatissement général devant les anti-valeurs du système comme l’a fait le Front national en France, mais qu’elles sont parfaitement compatibles avec un ligne politique radicale, véritablement anti-système.
Le Fidesz-Union civique hongroise (Fidesz-Magyar Polgári Szövetség, Fidesz-MPSz), qui était allié avec le Parti populaire démocrate-chrétien (Kereszténydemokrata Néppárt, KDNP) de Viktor Orban, le Premier ministre conservateur sortant, réalise 44,54 %. Ce résultat lui assure de conserver une large domination dans le futur parlement. Le parti est cependant en net recul (-8 points) par rapport à 2010 (52,73 %). Malgré cette nette déperdition de voix, il conserve la majorité des deux tiers au Parlement, à un siège près, avec 133 députés, ce qui lui permettra de s’affranchir de certains débats parlementaires.
La gauche s’est unie tardivement dans la campagne, et évite ainsi la débâche ; mais les cinq partis de gauche ne totalisent que 25,99 % des voix et 38 députés. Les Verts hongrois recueillent 5,26 % des voix et 5 députés, en recul d’un peu plus de 2 points par rapport à 2010. Les autres partis, représentant les minorités ethniques, des revendications sociales ou d’extrême-gauche, n’obtiennent que des scores négligeables.
Ce résultat permet au Jobbik de garder une importante présence au Parlement (23 députés dans un nouveau parlement qui n’en compte plus que 199, contre 386 auparavant) et d’aborder les élections européennes avec confiance, même si, après la trahison du Front national, il n’est pas certain que les futurs députés européens puissent reformer un groupe.
Ce score, d’autant plus important qu’il intervient alors que le Congrès juif mondial a réclamé à plusieurs reprises son interdiction, lui permet de conserver des financements publiques comme sa présence dans diverses instances politiques, administratives, médiatiques (le système hongrois permet aux différents partis présents au parlement une représentation dans les médiats).
Le scrutin de dimanche a été marqué par une forte abstention de 39,8 %.
[Article mis à jour le 7 avril à 16 h 35]
C’est pas un peu “ajusté”, les élections, en Hongrie, comme les tirages au “sort” du foot en faveur de la France ? la nouvelle majorité des deux-tiers sur un parlement de 199 sièges est de 133, et quelles sont les projections ? pile 133 !…
Si la coalition du Fidesz n’obtient “que” 132 sièges, ça va être cher, un peu comme en France, où le PS n’a plus qu’un ou deux sièges de majorité absolue…
Oui c’est confirmé, 133, au siège près ! Le nouveau mode de scrutin a été fait sans doute un peu pour cela… Néanmoins on ne vas dénoncer un parlement qui a validé la suppression d’un petit tiers de ses membres quand même.
Et qu’il qu’il en soit, il n’en reste pas moins que dans ce mode tarabiscoté, le Fidesz emporte quand même la quasi-totalité des sièges au scrutin majoritaire, c’est une récompense logique, quoi que disproportionné sans doute.