Quand le croissant vert virait au feldgrau…
Il y a quelques temps, l’inénarrable Bernard-Henri Lévy et ses disciples prenaient le flambeau dans la lutte, lutte essentiellement verbale, contre les « nazislamistes ». On fit le constat rapidement qu’une part de la droite (dont les excités nationaux-sionistes) s’était en partie rangée derrière l’appréciation du « philosophe » de Grasset. Je trouvais ce néologisme plutôt cocasse. Je décidais donc de me pencher sur cette question en remontant le fil du temps. Je fus navré de tomber sur les événements des « heures sombres » de l’histoire européenne afin de traiter cette problématique dérangeante pour la gauche islamophile, qui voit en islam une « religion de Paix et d’Amour » et parfois, dois-je le dire, réjouissante pour les Nationalistes Révolutionnaires qui ne tombent pas dans le piège que le présent système nous tend. Après avoir étudié la question, celle de l’implication des musulmans aux côtés des forces de l’Axe en Europe, je me suis demandé finalement si BHL n’avait pas eu tort de créer le néologisme « nazislamiste » tant il pouvait être pertinent.
Bref contexte
Sans nécessairement s’appesantir sur le contexte politico-militaire de la Seconde Guerre mondiale, il semble toutefois profitable d’évoquer trois dates clés de compréhension des événements ayant changés le cours de la guerre. Ces changements brutaux se sont fait d’ailleurs au profit des forces alliées laissant l’Axe en difficulté.
La première date clé est l’entrée en guerre des États-Unis après le bombardement de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Les forces alliées se voient à ce moment renforcées d’un nouvel acteur militaire de poids. La deuxième date majeure est la défaite de l’Afrika Korps à El-Alamein en Égypte en 1942. Enfin, la troisième date clé, essentielle dans le bouleversement du cours de la guerre, est la défaite de Stalingrad en 1943. À compter de cette date, les forces de l’Axe sont militairement inquiétées mais la ferveur militaire allemande demeure grâce à des troupes motivées. Néanmoins, il faut à cette date composer avec des troupes quelquefois originales et inattendues pour appuyer l’effort de guerre germanique. Les musulmans sont à ce titre des éléments primordiaux dans la poursuite des campagnes.
Le propos de cet article n’est pas d’évoquer le contexte militaire de l’Axe en Afrique du Nord et son influence au Moyen Orient. Le propos est davantage axé autour des campagnes menées lors de l’opération Barberousse à compter de 1941 et plus précisément du rapport entre les autorités allemandes et les populations musulmanes locales dans les territoires de l’est. Cet article peut donner lieu à une suite. Il serait prétentieux et fastidieux de décrire l’ensemble des populations musulmanes des territoires occupées lors du second conflit mondial. Il s’agit plutôt ici de présenter l’engagement des musulmans des Balkans aux côtés des forces de l’Axe.
L’islam comme religion politique : Musulmans des Balkans
Adolf Hitler estimait que l’islam pouvait être une force vive dans la lutte contre le communisme, l’impérialisme des franco-britannique et la « démocratie juive » étasunienne.
Le rôle crucial du grand mufti de Jérusalem
La difficile cohabitation entre juifs et musulmans en Palestine s’aggravait malgré la publication du Troisième Livre Blanc par les autorités britanniques en 1939 limitant notamment l’immigration juive dans la région. Néanmoins, la puissance mandataire britannique en Palestine avait accordé davantage de concessions vis-à-vis des sionistes, tant modérés que radicaux. Le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, s’était quant à lui rapproché diplomatiquement de l’Allemagne d’Hitler. Refugié en Europe entre 1941 et 1945, le grand mufti de Jérusalem s’installa à Berlin où il avait son bureau dans une villa luxueuse de Berlin-Zehlendorf. Il reçut une généreuse allocation pour ses activités politiques, ses frais de logement et ses loisirs. Depuis Berlin, Amin al-Husseini appela à la révolte dans le monde arabe contre les Alliés et les prémisses des colonies juives en Palestine. Intéressons-nous davantage aux musulmans des Balkans et à leur participation à l’effort de guerre en Europe.
Musulmans des Balkans
L’implication du grand mufti de Jérusalem a été un moteur essentiel dans l’engagement des musulmans au sein des forces de l’Axe. Amin al-Husseini participa notamment à la grande tournée dans l’État indépendant de Croatie mené par Ante Pavelic, comprenant la Bosnie, dans le but de solliciter les musulmans bosniaques à lutter contre les monarchistes orthodoxes serbes et les partisans de Tito. Hermann Neubacher, dépêché par le Ministère des Affaires étrangères allemand pour les territoires d’Europe du Sud-Est, montrait de vives sympathies à l’égard de l’islam. Son point de vue sur l’islam était même étonnant. Il défendait l’idée d’un panislamisme à l’image du paneuropéisme. Notons aussi que la Wehrmacht, tout comme la SS, n’étaient pas défavorables au fanatisme antiserbe et anticommuniste des musulmans bosniaques.
Avec l’appui du mufti de Mostar, Amin al-Husseini bénit et participa au recrutement des troupes pour une nouvelle division, la 13ème division de montagne de la Waffen-SS Handschar créée au printemps 1943. Le symbole de cette nouvelle division était un swastika accompagné du cimeterre ottoman.
Bien que les Italiens, présents en partie dans la région, et les Oustachis redoutaient cette division atypique, les musulmans bosniaques de la division Handschar se montrèrent particulièrement redoutables contre les partisans. Un an plus tard, en mars 1944, la Waffen-SS reçut sous ordre d’Himmler une nouvelle division active dans la région, la 21ème Waffen-Gebirgs-Division der SS Skanderbeg composée d’Albanais et de Macédoniens.
Ces deux divisions ont combattu avec acharnement jusqu’aux derniers souffles du Reich. Comment les instances diplomatiques du Troisième Reich considéraient-elles les musulmans ?
Une diplomatie favorable aux musulmans des territoires occupés
Après la promulgation des Lois de Nuremberg en 1935, le Ministère de la Propagande, dirigé par Joseph Goebbels, avait retiré de ses documents le terme « antisémitisme » considéré comme incorrect. Les termes adéquats étaient alors « antijudaïsme » ou « politique antijuive ». À cet exemple, lors de son procès à Jérusalem le 11 avril 1961, Adolf Eichmann avait fait ce rappel sémantique face à ses accusateurs. Il semble judicieux de le rappeler car cette confusion entre les termes est fréquente. Pendant la guerre, les autorités allemandes cherchaient l’appui des musulmans, tant en Afrique du Nord avec le Deutsches Afrikakorps que dans les territoires occupés de l’est et des Balkans avec la Wehrmacht et la Waffen-SS. Les troupes germaniques, progressant sur le front de l’est à compter de 1941, espéraient le soutien voire une participation active des musulmans dans l’effort de guerre. Pour l’essentiel des musulmans des territoires de l’Union soviétique, l’Allemagne était la libératrice du joug politique et du matérialisme athée de Moscou. Joseph Staline menait une répression impitoyable à l’encontre des différentes religions présentes en son empire. Le Georgien avait notamment proscrit aux musulmans de son territoire de faire le pèlerinage à La Mecque. Les Soviets avaient détruit et pillé de nombreux lieux de culte chrétien et musulman suscitant des révoltes de la part de muftis et oulémas soutenus par leur communauté respective.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés avaient conscience que des musulmans pourraient approuver voire soutenir les forces de l’Axe. Le gouvernement de Winston Churchill avait légué un terrain à Londres en vue de la construction d’une grande mosquée. Churchill avait à l’esprit qu’Hitler pourrait retourner les musulmans, notamment au sein des colonies britanniques, contre l’Angleterre. Les autorités britanniques avaient déjà des difficultés à apaiser les tensions entre hindous et musulmans en Inde.
L’article n’avait pas pour objectif d’encenser particulièrement l’islam pendant la guerre. Il avait humblement prétention de décrire de manière historique le rôle de certains musulmans auprès des forces de l’Axe dans les Balkans. Cette histoire est relativement méconnue. On peut être étonné de constater la diversité, dans son sens noble, des acteurs et belligérants à partir de 1941. On sait par exemple qu’il y eut aussi des volontaires indiens, composés essentiellement de musulmans, au sein de la SS Freies Indien Legion. Ces volontaires d’Inde refusaient le joug britannique et avaient fait le choix des forces de l’Axe. Des actions de propagande allemande avaient été destinées à ces populations révoltées.
Ne soyons pas dupes. La diplomatie allemande vis-à-vis de l’islam et des pays musulmans ne date pas d’hier. Il s’agissait en premier lieu de déstabiliser, au sein de leurs colonies respectives, la France et la Grande-Bretagne. L’empire allemand n’ayant plus de colonies, surtout après ses dépossessions faisant suite au traité de Versailles en 1919, les cadres politiques et ambassadeurs allemands pouvaient appuyer l’anti-impérialisme des populations indigènes contre les empires occidentaux.
Le modèle politique, économique et philosophique défendu par les nations occidentales était d’essence libérale. L’Allemagne, puissance d’Europe centrale et meurtrie par sa défaite en 1918, devait de plus se plier aux exigences des puissances occidentales victorieuses (l’Italie d’Orlando n’avait pas nécessairement voix au chapitre au sein de la SDN. On remarque à ce propos la frustration du peuple italien en proie à la lourde menace bolchevique qui pesait dans la péninsule dès 1919) par le biais de la Société des Nations. La République de Weimar, régime fantoche instauré en Allemagne suite à la révolution de 1918, était particulièrement instable. De plus, l’Allemagne croulait à ce moment sous la menace bolchevique, tout comme l’Italie.
L’empire allemand retrouvé, les premières relations internationales du Reich étaient orientées vers les pays musulmans. La Turquie était un allié non négligeable de l’Allemagne. Durant la Grande Guerre, la Sublime Porte était déjà l’alliée de Guillaume II au sein de l’Alliance. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Turquie demeura un allié important du Troisième Reich. Sans entrer dans le détail, soulevons aussi que l’Iran engageait de bonnes relations avec l’Allemagne bien que les diplomates allemands durent répondre de la promulgation des lois raciales de Nuremberg de 1935 expliquant que les Perses avait des racines aryennes.
Il faut noter de manière générale qu’Hitler et Himmler estimaient particulièrement l’islam. Ils regrettaient d’ailleurs que l’empire allemand n’avait pas été elle-même le vecteur d’un islam germanique en Europe. Ils reprochaient au christianisme son caractère féminin d’ « essence juive ». Hitler appréciait le caractère belliqueux et conquérant dans l’islam. Au-delà de ces questions polémiques de l’époque auxquels les Nationalistes chrétiens doivent faire face, il s’agissait essentiellement pour Adolf Hitler d’avoir à ses coté, par l’intermédiaire d’Amin al-Husseini, des combattants, parfois fanatiques, pour donner tous les moyens et espoirs de la victoire de l’Axe.
Pierre Chantelouve
Hitler aurait donc recherché l’appui des musulmans plutôt que celui des Ukrainiens?
ça c’est une stupide erreur de sa part.
Petite erreur de légende dans la première photo, il s’agit bien de la 13 éme Handschar ( croato-bosniaque n°1 ) et non de Skanderbeg ( 21 éme – albanaise n°1 ), les SS Albanais portaient le plis blanc ( coiffe traditionnelle albanaise ) alors que les bosniaques portaient le fez (comme sur la photo ).
Il y eut aussi la 23 éme Kama ( croato-bosniaque n°2 ).
Pour compléter il y eut aussi une unité SS du Sandzak ( musulman dans une zone entre le Monténégro, l’Albanie et la Serbie ) la SS polizei-selbstschutz-régiment Sandschak.
Cela étant, le paragraphe final est absolument erroné, si Himmler éprouvait véritablement des penchants islamophiles (ce qui, dans un certain sens, semble cohérent, lorsque l’on est au fait des lubies païennes proliférées par celui-ci, on sait d’ores et déjà que l’islam est adéquat à l’orientalisme de la gnose), il n’en demeure pas moins que les pseudo-citations que l’on attribue à Hitler à ce propos, reposent sur la même valeur qu’un Deutsch-Mark en 1930.
L’auteur de la rédaction se contente exclusivement de se référer au pamphlet « Libres Propos », paru après-guerre. Or, ce dernier n’est pas l’œuvre d’Hitler, mais de Bormann, et fut écrit à l’insu du principal intéressé. Bormann était certes un NS fidèle, mais il était complètement aux antipodes du Führer sur le plan théologique : en effet il s’agissait d’un athée névrosé (et un des seuls dont Hitler a laissé s’introduire au sein de l’État), farouchement anti-clérical, n’ayant parfois eu que quelques mots-clés qu’il griffonnait sur un feuillet posé sur ses genoux, en modifiant la version qui lui était soumise, durant les thés de minuit ; exactement comme en témoignent les propos de Skorzeny au travers de son auto-biographie intitulée « La Guerre Inconnue ».
D’autre part, les éditeurs ont tripatouillé les propos de table, qui n’étaient naturellement pas destinés à la publication. C’est lors de la réédition du manuscrit dactylographié, que « Libres Propos » a commencé à contenir les phrases élogieuses à l’égard de l’Islam, et elles ont plus particulièrement été rédigées par le financier suisse François Genoud à des fins de propagande, comme il l’a lui-même avoué au très célèbre et monumental révisionniste britannique D. Irving, durant la fin de sa vie.
Hitler n’a jamais taclé la foi chrétienne, car il a été – et de loin – le dernier chef d’État à s’être efforcé de la défendre le plus radicalement possible (il sera probablement inutile d’énumérer toutes ses initiatives propres en faveur du Christianisme, mais je pourrais en citer des myriades). Il n’avait guère non plus spécialement d’appétence pour l’islam, cette alliance avec le monde arabo-musulman était d’abord et avant tout d’ordre pragmatique, ce fut a fortiori une perspective de « renouveau traditionaliste » en réaction à la fois au laïcisme ambiant et au wahhabisme envahissant, et enfin une occasion essentielle de promouvoir le fascisme au sein du Proche-Orient, de par la mainmise du mufti en tant que représentant suprême du Baath (lequel sera authentiquement incarné par la suite, par des dignitaires arabes à l’instar de Nasser, Saddam et actuellement Bachar).