Le parti codirigé par le corrompu condamné Alain Juppé a repoussé jeudi une session de la commission des recours qui devait examiner le cas de Jérôme Lavrilleux, le tout à sa demande. Il a pourtant avoué à plusieurs reprises, devant les médiats, avoir violé la loi dans le cadre de la campagne présidentielle de 2012 pour favoriser Nicolas Sárközy.
« Pour le moment, je me tais. Mais si on m’exclut de ce parti auquel j’appartiens depuis vingt-cinq ans, alors je reprendrai ma liberté de parole et je parlerai. Si on m’exclut de l’UMP, ça se réglera devant les tribunaux. J’ai déjà pris plusieurs avocats »
a menacé Jérôme Lavrilleux, laissant entendre à demi-mot qu’il pourrait impliquer de hauts dirigeants de l’UMP dans des affaires de corruption. Nicolas Sárközy à la veille de son retour ? L’ancien président de l’UMP, dont il était le bras droit, le désormais très discret Jean-François Copé ?
« Je n’ai pas été poursuivi par la justice, n’ai pas été mis en examen et encore moins été condamné… contrairement à d’autres qui ont toujours leur carte à l’UMP »
ajoute-t-il, visant Alain Juppé, coprésident de l’UMP, Patrick Balkany-Smadja, député-maire de Levallois-Perret, Manuel Aeschlimann, député-maire d’Asnières, Serge Bloch (dit Dassault), toujours sénateur malgré ses condamnations et mises en examen pour corruption, et toujours membre de l’UMP. Quelques cadres – dont une grande majorité d’étrangers – d’une longue liste.
« Je ne serai pas le type qui paiera pour tous »
avait lâché au début de l’affaire Sárközy-Bygmalion Jérôme Lavrilleux, rappelant les cas de « Juppé, Alliot-Marie, Woerth ou, bien sûr, Copé et Sarkozy ». Jérôme Lavrilleux propose que le parti agisse comme il le fait toujours :
« La sagesse serait simplement qu’on oublie toute cette procédure. »
C’est d’ailleurs la voie choisie par de nombreux dirigeants UMP qui le laisse agir totalement hors de contrôle. Ceux qui réclamaient bruyamment sa tête sont rentrés dans le rang. Jeune nation avait révélé à la mi-août ses près de 700 000 euros de revenu en quatre ans et son choix comme assistant parlementaire d’un autre communiquant, également issu de Bygmalion comme député européen, Quentin Bataillon. En plus d’être toujours membre de l’UMP, Jérôme Lavrilleux est membre du Parti populaire européen (PPE) en tant que député au Parlement européen.
Signe de la corruption généralisée au sein du parti libéraliste, Hervé Mariton lui a soumis une demande de parrainage pour la présidence de l’UMP, accompagnée d’un message personnel.
« C’est un fin stratège et surtout un vrai morpion. Il va gratter, gratter, gratter pour défendre son honneur et nous user jusqu’à la moelle. En clair, il vaut mieux l’avoir avec nous que contre nous »
précise un membre du bureau politique interrogé par Le Parisien, qui offre aux Français un aperçu du courage des politiciens de l’UMP face à la corruption et aux « morpions ».