Texte écrit par Yvan Benedetti et publié dans la version papier de Jeune nation à la fin des années 1990.
À voir avec quelle insistance le système célèbre le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme l’on comprendra aisément que la philosophie des droits de l’homme est en fait une arme dirigée contre la nation et le nationalisme. Or il n’existe pas une déclaration qui serait en l’occurrence, pour tous nos démocrates, la valeur de référence mais cinq déclarations différentes. Trois textes antérieurs à 1789, revendiqués par Margaret Thatcher lors de la commémoration du bicentenaire de la révolution bourgeoise de 1789, préfigurent les déclarations des droits de l’homme. Le premier, la “Magna Carta », Grande charte, date de 1215. Il fut rédigé dans l’abbaye cistercienne de Pontigny par des émigrés anglais en révolte contre leur roi, Jean-sans-Terre. Suivirent deux autres textes : “Pétition of Rights”, Pétition pour les droits, en 1629 et “Bill of Rights”, Déclaration des Droits, en 1689. Ces trois textes correspondent, en fait, à des moments particuliers et ponctuels de l’histoire anglaise et reflètent le combat de quelques hommes contre l’autorité royale.
Les fondements de l’antiracisme
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 fut votée par les États généraux, établis en Assemblée, le 26 août. Repoussée par Louis XVI au cours de la journée du 5 octobre, elle fut finalement ratifiée par le roi, cédant dans la nuit aux pressions exercées par la canaille féminine de Paris, marchant sur Versailles. Cette déclaration compte un préambule et dix-sept articles qui furent placés ensuite en tête de la Constitution de 1791. Elle stipule dans son article premier : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». Écrite en théorie pour des Français, cette déclaration pourtant ne s’adresse pas à eux mais, au-delà, à tous les hommes. Le postulat implique que l’Homme existe in abstracto comme existerait la fleur ou l’animal. Joseph de Maistre faisait habilement remarquer qu’« il n’y a point d’hommes dans le monde. J’ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc. […] mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe, c’est bien à mon insu ». L’ homme-individu, intrinsèque, est dépouillé de ses habits sociaux. Il ne fait plus partie d’un ensemble naturel, cohérent, constitué par la collectivité et la nation. L’étranger présent en France peut ainsi revendiquer les mêmes droits que ceux des nationaux.
En fait, « l’Homme tient de la nature ses droits fondamentaux. Mais ils ne lui sont garantis que par les communautés qui l’entourent : la famille qui l’élève, la profession qui le nourrit, la nation qui le protège » (article I des Principes de la Communauté du maréchal Pétain). Les droits de l’individu sont limités par ceux de la communauté à laquelle il appartient, eux- mêmes aliénés aux droits de la Nation, entité historique qui le transcende. « Reconnaître à l’homme des droits sans lui imposer des devoirs, c’est le corrompre. Lui imposer des devoirs sans lui reconnaître des droits, c’est l’avilir » (article II). Cette première déclaration des droits de l’homme, d’un ensemble désordonné et incohérent, ignore des droits essentiels comme la liberté d’association, d’enseignement, du droit à l’instruction et au travail. Elle contient en elle tous les avatars antisociaux de la révolution industrielle du XIXe siècle et l’avènement du communisme par la suppression de l’organisation corporative. La loi, dite Le Chapelier, du 14 juin 1791, qui interdit « toute association ou coalition entre citoyens de même profession », se base sur la déclaration des droits de l’homme. Elle livre, pendant près d’un siècle, le travailleur français sans défense à l’exploitation. Or cela est la cause directe de l’allongement de la journée de travail, de la baisse brutale des salaires, ainsi que l’envoi des femmes et des enfants dans les usines et les mines.
La deuxième déclaration des droits de l’homme et du citoyen, celle de l’An I, qui introduit l’acte constitutionnel du 24 juin 1793, comporte trente-cinq articles, dont l’article III qui énonce : « Tous les hommes sont égaux par la nature… » Il faut insister sur l’absurdité de cette allégation. Les hommes ne sont pas égaux par nature puisqu’ils se différencient physiquement, moralement, intellectuellement et spirituellement. Au début du siècle, l’inventeur français de l’anthropométrie, Bertillon, avait établi l’unicité des empreintes digitales. Plus récemment, on a mis en lumière que chaque être humain possède son propre et unique code génétique. Chaque homme en effet est unique avec ses facultés et sa personnalité particulières, composées d’une part d’hérédité et d’une autre part d’éducation.
Une émanation de la Franc-Maçonnerie
En réaction contre la Terreur, la troisième déclaration, servant de préambule à la Constitution du 22 août 1795, se montre moins hardie. Une déclaration des devoirs complète celle des droits. L’article sur la liberté et l’égalité en droit est remplacé par l’article III : « L’égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous ». Même si l’on établit parallèlement le système censitaire, selon lequel il est nécessaire de payer pour être électeur ! Les deux autres déclarations sont de facture plus récente. On doit la première, Déclaration universelle des droits de l’homme, dont le système fête avec grand faste le cinquantenaire puisqu’elle fut votée le 10 décembre 1948 à l’Assemblée générale des Nations Unis, à René Cassin. La seconde qualifiée de Convention européenne fut adoptée en 1950. Il fallut attendre vingt-quatre ans pour que la République française accepte de la ratifier car elle va à rencontre de notre droit. Tout Français peut donc se référer à cette Convention européenne pour s’opposer aux lois françaises en s’adressant à la Cour européenne de Strasbourg ou de la Haye.
Toutes ces Déclarations des droits de l’homme regroupent les principes philosophiques de la franc-maçonnerie. Dans une étude de novembre 1937, la revue maçonnique, La Chaîne d’Union, s’enorgueillissait en ces termes : « […] En 1789, les francs-maçons prirent une part active à la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme et il n’est point surprenant que cette déclaration reflète effectivement la constitution maçonnique ». On peut lire le contenu d’une lettre adressée à toutes les loges par la loge de Saint Jean d’Écosse et du Contrat social qui affirme : « Rappelez-vous les éléments de notre doctrine… et vous conviendrez qu’il semble que ce soit dans notre sein que l’Assemblée nationale a puisé sa célèbre Déclaration des droits de l’homme ». Les Droits de l’homme constituent une arme de guerre redoutable dirigée contre la nation car elle émane des sociétés secrètes qui combattent depuis plus de deux siècles pour la suppression des frontières et l’avènement d’une république universelle. En octobre 1987, pour prix de sa récompense, les cendres du juif maçon René Cassin furent transférées au Panthéon et l’on nous expliqua à cette occasion que « la gloire de René Cassin réside précisément dans son universalisme, par lequel il domine toute allégeance partisane, comme il veut effacer toute frontière entres les hommes, reconnaissant à chacun d’entre eux les mêmes droits inséparables de la dignité d’être ».
La Terre promise par Nuremberg
Il ne faut pas s’étonner aujourd’hui que la philosophie des droits de l’homme soit devenue l’arme principale du mondialisme qui fait la synthèse entre l’idéologie maçonnique et les intérêts de la finance internationale. En lui conférant des droits supérieurs à toutes les contraintes sociales et nationales, l’individu est livré nu et sans défense à la voracité des financiers. Plus encore, ils le rendent sensible aux seules satisfactions matérielles et aux seuls plaisirs physiques en le plaçant sous leurs dépendances. Les droits de l’homme, loin d’apporter à l’individu une prétendue liberté, n’engendrent que misère morale et désastre sociaux.
Ainsi les droits de l’homme récusent la notion même de souveraineté et s’oppose à l’État, à tel point qu’Alain Madelin se réjouissant de l’arrestation du général Pinochet, écrit dans le journal Le Monde (31 octobre 1998) : « Les partisans de la force ont leur école de pensée. Celle qui fait de l’État souverain la source du droit. À cette école s’en oppose une autre : celle de l’humanisme libéral qui, en proclamant les droits de l’homme, fait de l’homme la source du droit, car l’homme possède de par sa nature même des droits inaliénables, supérieurs à tout pouvoir ». Cette logique contenue aussi dans la notion de crime contre l’humanité pour atteinte aux droits de l’homme, constitue le fondement juridique d’une puissance mondiale qui exerce déjà sa tyrannie, aussi bien en affamant les enfants Irakiens, qu’en jugeant les Serbes au tribunal international de La Haye ou qu’en maintenant aux arrêts le général Pinochet.
René Cassin avait voulu que sa Déclaration soit « les nouvelles Tables de la Loi humaine ». Maurice Bardèche nous avait prévenu dès la fin de la seconde guerre mondiale que le mondialisme serait la Terre promise par Nuremberg.