Le New York Times dénonce aujourd’hui la « barbarie » de l’armée syrienne soutenue, comme on le sait, par la Russie. Que disait le New York Times il y a un siècle ?
La même chose et pour la même raison : faire tomber un pouvoir national fort pour lui substituer un pouvoir cosmopolite sous contrôle de la tribu élue. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le déroulement de la toute première hystérie médiatique antirusse : un livre de Naomi W.Cohen publié en 1999 « Jacob H. Schiff A Study in American Jewish Leadership » va servir de source.
Le jeune Jacob Schiff a très tôt émigré aux États-Unis où il est devenu un banquier très puissant : en deuxième place, juste derrière Morgan.
Mais ce n’était pas seulement un banquier; pour situer immédiatement son importance et le rôle politique et historique qu’il a joué pour sa communauté, il faut rappeler que c’est lui qui a aidé Adolph Ochs – un membre du Comité juif américain – à acquérir le New -York Times en 1896 parce qu’il pensait que « cela pourrait être très utile aux Juifs en général ».
L’objectif de sa vie: renverser le Tsar et, tel un moderne Moïse, « libérer » son peuple de ce « régime ».
Cohen le décrit comme celui qui a mené une croisade contre la Russie. En 1904, sans que le gouvernement américain l’y ait incité le moins du monde, Schiff décidait de financer le Japon dans la guerre qui l’opposait à la Russie. Après la guerre, il a toujours refusé de financer la Russie, affirmant que « la Russie avait perdu la faveur des marchés financiers américains par son traitement » barbare » des Juifs… Dans la même veine, il n’hésitait pas à affirmer qu’il se refusait à s’abaisser à aider ceux [les Russes] qui « avec une hostilité maligne, ont torturé mon peuple ». Il remettait en cause l’idée alors très répandue selon laquelle la Russie était une amie des Etats-Unis et mettait au pilori ceux qui – comme l’ambassadeur Robert McCormick ou l’ambassadeur William Rockhill – osaient nier les « atrocités Russes » ou soutenaient que les souffrances des Juifs Russes étaient grossièrement exagérées. En 1910, Schiff qualifia la Russie d ‘ennemi du genre humain et déclara que les pogroms avaient désormais fait place à « une méthode encore plus brutale d’extermination lente ».
Cependant, la Russie n’était pas le seul objectif de Schiff et, paradoxalement, la lutte contre l’empire des Romanov va être l’occasion d’une brillante victoire aux Etats-Unis même. L’arme principale cette fois ne sera pas l’argent, mais une spectaculaire campagne médiatique orchestrée par Schiff et le Comité juif américain (AJC).
En 1910, Schiff et l’AJC vont résolument s’en prendre au président américain d’alors, le républicain Howard Taft élu en 1908, le faire trébucher et faire élire en 1912 son concurrent démocrate, Woodrow Wilson. Ce fut l’affaire de la campagne de l’abrogation, campagne destinée à mettre fin à un traité de commerce de 1832 avec la Russie. Aux termes de ce traité, des droits réciproques de séjour et de commerce étaient accordés aux Russes et aux Américains. Toutefois, durant le dernier quart du dix-neuvième siècle la Russie a commencé à refuser le bénéfice du traité aux Juifs américains.
Taft, alors candidat à la Présidence, avait rédigé l’engagement républicain sur les droits des détenteurs de passeports, et il avait abordé la question dans ses discours de campagne. La situation est cocasse puisque d’un côté Schiff veut que l’Amérique force la Russie à respecter le traité y compris pour les Juifs Américains, alors que d’un autre côté, nous l’avons vu plus haut, il ne veut absolument pas que les Juifs fassent des affaires avec le régime Tsariste ! C’est là qu’on peut mesurer le véritable enjeu, l’application complète du traité commercial ou son abrogation sont secondaires; ce qui importe pour les Juifs, c’est d’être capables d’imposer l’ordre du jour dans les campagnes électorales américaines et d’influer de façon décisive sur leur issue, bref, de prendre le pouvoir aux USA.
Mais Taft, devenu Président, n’a pas pris la mesure de la menace; il pense qu’il peut « oublier » cette histoire de traité et, en février 1910, le problème était toujours en suspens. Pressé d’agir, Taft déclara qu’il » n’était pas disposé à risquer l’intérêt commercial de quatre-vingt-dix-huit millions de citoyens américains parce que deux millions estimaient que leurs droits étaient bafoués ».
Comme le dira Schiff, cela « signifiait la guerre » et il engagea 25 000 $ pour lancer une vaste campagne médiatique. Une vague d’agitations parcourut alors le pays qui alla s’amplifiant. L’AJC exigea une résolution commune du Congrès appelant à la fin du traité. Le congrès obtempéra en décembre 1911, après avoir auditionné Schiff, il se rangea de son côté et le traité fût abrogé.
Schiff salua la Victoire en termes vibrants : « Pour la première fois, la Russie, ce grand Colosse, a reçu une gifle de la part d’une grande nation… Cet acte marquera à jamais l’histoire de la civilisation. ». Certes, certes, mais en gardant à l’esprit que le plus important dans cette affaire n’était pas tant le coup porté à la Russie que d’avoir réussi à le faire infliger – contre sa volonté et son intérêt – par les États-Unis. Peu après sa défaite lors de la campagne électorale de 1912, Taft déclara amèrement qu’il avait eu raison de bout en bout de s’opposer à l’abrogation et que le ridicule était du côté de Schiff et de ses « frères circoncis ». Autrement dit, « J’ai essayé d’empêcher les Juifs de prendre le pouvoir, mais j’ai échoué ». Il est à noter que cette affaire aurait pu éclater beaucoup plus tôt, au cours des deux mandats de Théodore Roosevelt de 1901 à 1908, mais Schiff avait manifestement estimé que Taft était une proie plus facile que Roosevelt. L’année suivante, Wilson, qui avait fait campagne pour l’abrogation, et donc contre la Russie, a été élu.
Le parallèle avec la situation actuelle n’est pas difficile à faire; la seule différence, c’est qu’à l’époque, Jacob Schiff, conservateur, avait choisi de faire tomber un Républicain et de faire élire un Démocrate, alors qu’aujourd’hui des ex-démocrates, les néoconservateurs, soutiennent des Républicains.
Or, qui sont ces néoconservateurs précisément ? Des Juifs, progressistes sur absolument tous les sujets; la contraception, l’avortement, le mariage homo, l’immigration de masse, le métissage, tous sauf un : ils sont pour un soutien inconditionnel des USA à l’Etat d’Israël, c’est leur seule raison d’être et c’est ce qui les a poussés à passer des Démocrate, leur point d’attache naturel, aux Républicains. C’est seulement en cela qu’ils sont des « Néo » conservateurs : parce qu’ils viennent du camp Démocrate, et non pas parce qu’ils militeraient en faveur d’un renouveau du conservatisme aux USA, bien au contraire.
Pour le reste, tout est identique, mêmes médias, mêmes expressions, même lobbying, même volonté de faire tomber des pouvoir nationaux: les Tsars hier, Poutine aujourd’hui – qui incarne la volonté des Russes de rester une nation et un peuple dans le prolongement de son histoire – tout en assurant le progrès des intérêts de la tribu, aux USA hier, au profit d’Israël aujourd’hui, Israël, cet Etat minuscule mais qui est symbole d’un pouvoir Juif qui se veut désormais mondial.
Par rapport à cet objectif millénaire, la Terre Promise, la couleur politique des partis est évidemment totalement secondaire; l’important, c’est de comprendre que ce sont bien les mêmes qui sont derrière nos actuelles hystéries médiatiques et leur cortège de sanctions économiques et les mêmes qui commandent aux États-Unis : les néoconservateurs, dignes successeurs de Jacob Schiff.
Francis Goumain