À 7 h 30 ce matin, les résultats définitifs n’étaient pas connus. Le ministère de l’Intérieur, plus de dix heures après la clôture des bureaux, n’a pas encore rassemblé la totalité des données – ou n’a pas été capable de les diffuser. Les résultats de 96 départements sur 98 étaient disponibles, soit 1 994 cantons sur 2 054.
Abstention : 3e pire résultat sous la Ve République
Un peu plus d’un Français sur deux s’est déplacé ce dimanche pour aller voter. Avec 49,83 % d’abstention, ce scrutin est le 3e plus mauvais en termes de participation sous la Ve République, après 1988 (51 %) et 2011 (55,68 %). Si la participation est en progression par rapport à 2011, elle reste inférieure de plus de 10 points par rapport aux scrutins des années 2000.
L’abstention est particulièrement élevée dans les zones occupées, marquant le divorce très net non seulement des étrangers à papiers français avec la France, mais encore avec leur République malgré le clientélisme des partis du système et la multiplication de candidats « issus de la diversité » jusqu’au FN.
Comme annoncé, l’abstention a été très forte, moins que prévu cependant malgré un nouveau scrutin, de nouveaux cantons, des compétences pour les futurs élus qui n’ont pas même été définitivement déterminées. Les abstentionnistes demeurent le premier parti de France.
Le Front national à 5 points de moins que dans les sondages
Le rejet de plus en plus massif par les Français du système continue à profiter au Front national, mais le FN n’a pas réussi à s’imposer comme le premier parti de France. Incapable d’emporter un nombre significatif de cantons et de diriger un nombre conséquent de conseils départementaux, cela aurait dû être le titre de gloire du FN. Il lui échappe nettement. Incapable malgré la « dédiabolisation » de réaliser la moindre alliance, le FN, avec 25,12 % des votants (11,99 % des inscrits) se trouve nettement distancé par les listes UMP et UDI (unies ou séparées), qui totalisent 29,19 % des suffrages (21,12 % pour les listes d’union, 6,74 % pour les listes UMP et 1,33 % pour les listes UDI) (et, par rapport aux inscrits : 13,93 %, 10,08 %, 3,22 % et 0,23 %).
Alors que le parti d’extrême droite a dénoncé durant des années les « trucages » des sondages qui, selon la direction, le donnaient systématiquement plus bas que les véritables résultats, la situation hier a été totalement inversée. Les derniers sondages créditaient le parti de Marine Le Pen de 30 % et 29 %, soit 4 à 5 points de plus que le score finalement obtenu par le FN. Cette contre-performance a visiblement déçu, même si Marine Le Pen a tenté de faire de ce relatif mauvais résultat une victoire.
Malgré cette déception, le Front national peut se réjouir de plusieurs résultats. Le parti d’extrême droite a fait élire 8 conseillers dès le premier tour, ce qui n’était jamais arrivé. Le FN a obtenu la majorité absolue à Vic-sur-Aisne (Aisne, 53,81 %), au Pontet (Vaucluse, 53,7 %), Fréjus (Var, 51,17 %) et Eurville-Bienville (Haute-Marne, 50,35 %).
Les candidats du Front national sont arrivés en tête dans 322 cantons (contre 821 pour l’UMP et l’UDI et 512 pour les listes PS et union de la gauche). Le FN sera présent au second tour dans 1 073 cantons, soit plus d’un sur deux. Il y aura 314 triangulaires – si les candidats qualifiés pour le second tour ne se désistent pas – qui demeurent les plus propices à l’élection d’un candidat FN.
Sárközy triomphant, gauche laminée
Le principal enseignement du scrutin est, sans surprise, le rejet inédit de la gauche (de Lutte ouvrière au Parti radical) en France, réduite à 35 % des voix, contre 49 % en 2011. Au contraire, les droites (de l’UDI au FN) dépassent les 60 %. À l’extrême gauche, le recul est tout aussi net qu’au PS. Les listes trotzkystes (NPA/LO), diverses extrême gauche, Front de gauche, Parti de gauche, Parti communiste et EÉLV totalisent seulement 8,1 % des voix. C’est moins que ce qu’avait réalisé seul le Front de gauche, comme EÉLV il y a quatre ans. Le PC n’a obtenu que 8 élus au premier tour, le Front de gauche 4 (contre 20 en 2011) ; arrivée en tête dans seulement 39 cantons et présente uniquement dans 77 cantons, l’influence de l’extrême gauche dans les conseils départementaux sera dérisoire au soir du second tour.
Le PS qui visait – très modestement – la victoire dans environ 800 cantons pourrait ne pas atteindre ce résultat. Avec seulement 30 élus au premier tour, et une présence dans seulement 1 039 cantons – moins que le FN – avec ses alliés, où il n’est arrivé premier que dans environ 500 d’entre eux, la tâche sera difficile.
Les centristes sont également totalement marginalisés et ne seront présents que dans onze cantons au second tour, sans un seul élu. En 2011, le parti de François Bayrou avait obtenu 2 élus au premier tour et 14 au second tour.
À l’inverse, l’UMP savourait son triomphe hier. Avec 164 conseillers élus dès le premier tour, en étant arrivés en tête dans plus de 800 cantons et présents en tout au second tour dans 1 252 d’entre eux, les libéraux-conservateurs peuvent espérer un raz-de-marée pour le second tour, d’autant que cinquante-six « divers droite » ont par ailleurs été élus et que d’autres seront présents dans 307 cantons.
Alternance bipatite – et bientôt tripartite –, victoire de l’opposition malgré sa médiocrité, son absence de programme, de projet et de cadres, prime à l’étiquette, faible participation, poursuite de la progression et de l’intégration du FN : ces élections départementales n’auront finalement apporté aucune surprise.
Candidatures nationalistes et patriotes
La candidature nationaliste à Échirolles, avec Christophe Chagnon et Marie-France Veyret, totalise 0,84 % des voix.
Le Parti de la France réalise un très bon score à La Couronne : Pierre Deplanque et Dolorès Thomas obtiennent 16,31 %. Ses autres binômes obtiennent des résultats situés entre 1,7 et 4,2 %: 4,17 % à Pont-du-Château, 3,3 % à Calais avec Kévin Reche, 2,49 % à Beauvais avec Thomas Joly et 2,45 % à Brassac-les-Mines avec Dominique Morel et 1,72 % à Marly.
D’autres candidatures étaient soutenues par le Parti de la France : celles de Magali Martinez et Thierry Vermeille à Sorgues (5,87 %), et de Jean-Christophe Fiaschi et Valeria Vecchio à Draguignan (1,62 %)
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Légende : ExG = extrême gauche ; FG = Front de gauche ; PG = Parti de gauche ; PC = Parti communiste ; EÉLV = Europe écologie-Les Verts ; PS = Parti socialiste ; UG = Union de la gauche ; PRG = Parti radical de gauche ; DG = divers gauche ; Abs. = abstentionnistes ; Bl. & n. = blancs et nuls ; MD = Mouvement démocrate ; UC = Union centriste ; UDI = l’Union des démocrates et indépendants ; UD = Union de la droite ; UMP = Union pour un mouvement populaire ; DD = divers droite ; DLF = Debout la France ; FN = Front nationa ; ExD = Extrême droite