Pour sauver ce qui peut l’être – à peu près rien – le Parti socialiste tente de reformer autour de lui une majorité plus large que celle des élus du PS et du Parti radical de gauche (PRG) au Parlement. Mais les manœuvres de Jean-Christophe Cambadélis semblent déjà se solder par un échec. Le seul résultat visible en est jusqu’ici une crise plus violente que jamais à Europe écologie-Les Verts (EÉLV).
L’extrême gauche inexistante, mais vitupérante
La refondation de la gauche de gouvernement se fera sans le Parti de gauche (PG). Le secrétaire national du PG, laminé aux élections départementales, qui ne possède aucun député ni aucun sénateur – mais il revendique 9 000 adhérents, soit plus du triple du nombre de ses électeurs au second tour dimanche – a envoyé une lettre ouverte au corrompu Jean-Christophe Cambadélis. La missive est d’une violence peu commune pour une réponse à une invitation :
« Votre directeur adjoint de cabinet a bien voulu nous proposer par un mail de trois lignes ce lundi soir une rencontre dans le cadre des “consultations” avec les formations de gauche, que vous pensez nécessaire après votre [sic : le PG a obtenu 2 498 voix au second des élections départementales, 0,01 % des bulletins exprimés ; en tout et pour tout, il a réussi à faire élire un binôme] terrible défaite. Nous avions entendu parler de cette initiative dans la presse la semaine dernière et, bien que cette invitation soit lancée en dernière minute et avec une désinvolture qui signale votre désarroi, nous sommes sensibles au fait que vous ayez [sic] distrait le temps précieux de votre directeur adjoint pour nous adresser ce message. »,
vitupère de haine Éric Coquerel dans sa réponse à Jean-Christophe Cambadélis. La « gauche de la gauche » continue à rêver d’un grand soir électoral à l’occasion de la chute du PS. Effrayés par leurs positions criminelles sur l’invasion, l’économie, la justice, la police de la pensée, les Français ont pourtant montré ces dernières années qu’en France, le régime passerait de l’UMPS à l’extrême droite sans passer par la case SYRIZA comme en Grèce.
La fin d’EÉLV toujours plus proche
Le gouvernement pourrait avoir plus de chance avec EÉLV qu’avec le PG. L’appétit de certains de ses dirigeants – à commencer par l’inénarrable Jean-Vincent Placé, étranger toujours en place malgré les innombrables affaires dans lesquelles il a été impliqué – pour le pouvoir pourrait conduire à une participation du bout des doigts des extrémistes au gouvernement après un possible futur rapide remaniement.
Si le troisième couteau Cambadélis négocie avec le groupuscule PG via son directeur adjoint de cabinet, c’est Manuel Valls qui manœuvre auprès d’Europe écologie-Les Verts. Ces derniers sont tout aussi sectaires et agonisant que le Parti de gauche, et ses membres sont au moins tout aussi arrivistes. Mais, si au PG Jean-Christophe Cambadélis n’a à proposer que des promesses lointaines de surlendemains qui chanteraient – l’Internationale, bien entendu –, Manuel Valls peut proposer à François De Rugy, Barbara Pompili ou Jean-Vincent Placé beaucoup plus : un poste de ministre, avec salaire afférent, voiture, chauffeur, cuisinier, majordome et appartements de fonction dans les palais républicains, retraite en or, etc. Manuel Valls a d’ailleurs déclaré qu’un remaniement serait possible s’il y avait un « pacte » entre les deux partis agonisant, affirmant que la place d’EÉLV est « pleinement au gouvernement ».
Accessoirement, en parvenant à l’éviction de Ségolène Royal, l’opération aurait l’avantage pour certains de solder de vieux comptes.
Mais les autres membres du parti, quasiment tous les autres, tous ceux qui n’auraient pas un intérêt immédiat à cette nouvelle compromission rejettent ce projet. Les premières attaques sont venues du groupe EÉLV à l’Assemblée : plusieurs députés ont remis en cause l’opportunité de conserver François De Rugy et Barbara Pompili à la tête du groupe. Le député Christophe Cavard, qui a dénoncé une « tentative de putsch », a précisé que « Cécile Duflot n’a pas protesté, on s’est violemment engueulés, la réunion était très tendue ».
« Au bout de deux ans et demi, cela me semble normal de remettre en cause la composition du bureau du groupe. Vu les différences entre nous, c’est normal qu’on les règle »,
a ajouté Noël Mamère. EÉLV est mort, mais le cadavre bouge encore, sous les coups de ceux qui vivent sur ses lambeaux que sont les prébendes de leur République, parlementaires, assistants, permanents, aucun ne voulant prendre le risque d’être à l’origine de la probable mise au chômage de plusieurs centaines de parasites qui seraient ainsi obligés, pet-être, de trouver un travail véritable et honnête.
L’opération aurait pour Manuel Valls le double intérêt de rééquilibrer sa majorité et d’affaiblir ses derniers – et encombrant comme l’a montrée la fronde contre la disparition des conseils généraux ruraux – soutiens, les radicaux de gauche. Elle enlèverait à la future « gauche de la gauche » à construire une petite partie de ses troupes. Mais l’avènement d’une « gauche de la gauche » soudée et organisée semble aujourd’hui un rêve aussi lointain que celui d’une majorité PS élargie.