Les policiers continuent à enquêter sur les soupçons de financements de la campagne pour l’élection présidentielle de 2007 de Nicolas Sárközy par le gouvernement libyen. Après avoir longtemps soutenu Mouammar Kadhafi, l’ancien président de leur République avait réalisé une volte-face détonante, prenant la tête d’une coalition qui devait détruire le régime hier allié en quelques jours. L’encombrant ancien ami de Nicolas Sárközy avait lui été assassiné sur une route de Libye, emportant ses secrets avec lui.
Le fils de Guéant en garde à vue
Le fils de Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sárközy, a été placé en garde à vue dans le cadre de cette enquête. Claude Guéant est un très proche de Nicolas Sárközy ; il fut appelé en politique par Charles Pasqua – mentor de Nicolas Sárközy dans la politique francilienne – en 1994 comme directeur adjoint de cabinet du ministre de l’Intérieur, avant d’être nommé directeur général de la police nationale.
Durant les années 2000, c’est aux pas de Nicolas Sárközy qu’il s’attache : directeur de cabinet puis directeur de campagne en 2007, il devient, après la victoire de l’UMP aux élections de cette année-là, secrétaire général de la présidence. Ce républicain exemplaire ne manqua pas, dès 2010, de faire valoir ses droits (sic) à sa retraite de préfet, alors même qu’il continue par ailleurs à toucher des salaires très élevés comme secrétaire général de la présidence puis comme ministre de l’Intérieur et désormais comme avocat et affairiste, notamment comme « conseiller » d’un groupe minier implanté en Afrique.
Bien que ministre de l’Intérieur, Claude Guéant a développé de nombreux liens, plus ou moins douteux, avec l’Afrique. Il a été très proche du gouvernement libyen. C’est pour cela que lui-même a été mis en garde à vue au début du mois de mars et mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée, et faux et usage de faux.
Son fils, François Guéant, a été arrêté lundi matin. Comme son père, il a été interrogé sur des mouvements de fonds suspects. Il y a quelques jours, des policiers ont par ailleurs perquisitionné en Suisse au domicile de l’affairiste algérien Ahmed (qui s’est rebaptisé ‘Alexandre’) Djouhri, qui a longtemps agi dans les coulisses du pouvoir de leur république dont l’exemplarité apparaît chaque jour.
L’étrange Ahmed Djouhri
Accusé d’avoir participé à un braquage à main armée, Ahmed Djouhri avait bénéficié d’un non-lieu dans les années 1980 ; il ne fut jamais poursuivi pour d’autres accusations, notamment concernant une tentative de meurtre contre un concurrent de Ziad Takieddine – ancien sárközyste dénonçant désormais toutes les turpitudes de l’UMP dans lesquelles il a lui-même plus que trempé.
Malgré son parcours plus que trouble, Ahmed Djouhri est entré à la fin des années 1990 à Vivendi ; il était décrit par Libération comme « l’homme sans qui son PDG Henri Proglio n’est rien ». Il bénéficie d’importants relais dans différents cercles du pouvoir. Il a ainsi pu obtenir la fin d’une enquête que réalisaient deux journalistes de Paris Match à son sujet.
Dans son livre La République des mallettes, Pierre Péan précise que « Djouhri a géré la Libye avec Guéant », citant les propos de l’ancien ministre de l’Intérieur Hervé Morin. Il joua un rôle majeur dans la libération des infirmières bulgares en Libye, à tel point que c’est lui qui aurait négocié le silence de Cécilia Sárközy lors de son divorce. La première Dame de France occupée – une juive qui revendiquait n’avoir pas une seule goutte de sang français dans les veines – qui avaient participé à la mascarade élyséenne, et qui connaît également le déroulement de l’opération.
L’affairiste, qui joue les intermédiaires avec la France lors de l’élaboration de contrats avec le Proche-Orient, n’est pas que cela. Par son fils, il est lié au régime russe : Germain Djouhri est en effet l’époux de la fille de Sergey Chemezov, un oligarque issu du KGB comme Vladimir Poutine. Il est par ailleurs un proche de Jean-Charles Charki, gendre de Claude Guéant, un autre individu impliqué dans diverses affaires
Les enquêteurs cherchaient au domicile d’Ahmed Djouhri des preuves concernant le versement de commissions illégales.
Les deux hommes pourraient être mis rapidement en examen.