Pour la première fois, l’ancien premier ministre britannique a présenté ses excuses pour l’attaque criminelle menée contre l’Irak par les armées américano-britanniques en 2003. Poussés notamment par l’État criminel d’Israël, qui militait depuis de longues années pour la destruction du régime laïque et stable d’Irak, les services de renseignements britanniques et américains avaient créé de fausses preuves grossières.
Dès 2003, ces mensonges avaient été largement dénoncés, ce qui n’avait pas dissuadé les « démocraties » de se lancer dans une nouvelle « croisade ». Il ne s’agissait que du recyclage des mêmes méthodes utilisées pour le malheur de l’Europe contre les mouvements nationalistes durant les années 1930 et 1940 : le mensonge, la diffamation, la sidération mentale puis l’invasion et les massacres.
Dans des extraits d’entretien diffusé par CNN, interrogé par Fareed Zakaria, supporteur de l’invasion devenu critique, Tony Blair reconnaît un début de responsabilité, sans reconnaître que son gouvernement, avec celui de l’Américain Georges Bush, ont ouvertement menti sur l’existence « d’armes de destruction massive ».
-Considérant le fait que rien ne prouve que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, la décision d’envahir l’Irak et de faire tomber le régime était-elle une erreur ?
« Vous savez, à chaque fois que je me demande cela, je peux dire que je présente des excuses pour le fait que les renseignements que nous avons reçus étaient faux. Parce que même si nous savons qu’il a utilisé massivement des armes chimiques contre sa propre population, contre d’autres, le “programme”, dans la forme que nous pensions qu’il avait, n’existait pas de la manière que nous pensions, alors je peux m’excuser pour cela.
Je peux également m’excuser, dans le même temps, pour certaines erreurs de planification et, certainement, pour notre erreur dans la compréhension de ce qui arriverait une fois que nous aurions renversé le régime. Mais je trouve qu’il est difficile de s’excuser pour avoir renversé Saddam, je veux dire, même aujourd’hui en 2015 »,
a déclaré Tony Blair, minimisant l’étendue du crime commis et de sa responsabilité, tentant de le justifier par le renversement d’un « dictateur ». Il évoque également des prétendus massacres dont rien ne prouve l’existence. Surtout, le point de vue présenté par l’ancien dirigeant britannique laisse entendre qu’il s’agirait « d’erreurs » et « d’incompréhension » alors que l’intention criminelle et les mensonges volontaires sont évidents.
Interrogé sur sa terrible (ir)responsabilité dans la création de l’ÉI, à cause de l’attaque de l’Irak, il tente ici encore de minimiser les faits.
-Quand les gens regardent l’extension de l’ÉI, beaucoup de personnes dénoncent l’invasion de l’Irak comme la cause principale, que répondez-vous à cela ?
« Je pense qu’il y a là des éléments de vérité dans cela, mais je pense que nous devons être extrêmement précautionneux, autrement nous ne comprendrons pas ce qui se passe en Irak et en Syrie aujourd’hui. Bien sûr, vous ne pouvez pas dire que ceux qui ont renversé Saddam en 2003 n’ont aucune responsabilité dans la situation en 2015. Mais il est important aussi de réaliser que le Printemps arabe, survenu en 2011, a aussi eu son impact sur l’Irak d’aujourd’hui, et secondement, l’ÉI est arrivé sur le devant de la scène à la base en Syrie et non en Irak. Et cela me conduit à aborder un point dont je pense qu’il est essentiel quand nous regardons les politiques aujourd’hui et qui est : nous avons essayé l’intervention et l’envoi de troupes en Irak, nous avons essayé l’intervention sans l’envoi de troupes, en Libye, et nous avons aucune intervention du tout mais en essayant de faire changer de régime en Syrie. Ce n’est pas clair pour moi, si nos politiques n’ont pas fonctionné, les politiques suivantes ont-elles mieux réussi ? »,
a conclu interrogatif le premier ministre, minimisant encore les faits, et oubliant que l’État islamique puise ses sources en Irak au sein de La Base (el-Qaïda), et que son chef, Abou Bakr el-Baghdadi, parmi de nombreux autres cadres de l’ÉI, a combattu en Irak et a pu nouer des liens décisifs dans les prisons de la coalition.