Fusion
Les propos de Manuel Valls sur la fusion des listes de l’UMPS face au « danger » d’une victoire FN aux élections régionales ont mis la gauche au bord de la guerre nucléaire. L’intéressé a pourtant persisté hier.
« Cette question […] se posera le soir du premier tour à chacun. […] Le soir du premier tour, il ne faudra écarter aucune hypothèse et tout faire pour empêcher le FN de gagner une région, et nous verrons dans quelles conditions en fonction du résultat »,
a-t-il déclaré, avant d’expliciter sa tactique pour piéger Les Républicains (LR, ex-UMP) et tenter d’éviter de rappeler que la défaite sera la conséquence directe de sa politique.
« La gauche a toujours pris ses responsabilités, elle ne s’est jamais réfugiée dans un ni-ni, elle ne renvoie pas à dos la droite et l’extrême droite, nous faisons la différence, et la droite républicaine devra elle aussi faire un choix »,
alors que jusqu’ici les libéraux, en position de force, ont répondu par l’humour, l’ironie ou la morgue à la proposition de Manuel Valls, celle-ci n’a fait qu’une heureuse : Marine Le Pen.
« Manuel Valls choisit l’UMPS décomplexée et clarifie le débat ! La saine recomposition de la vie politique française autour des vrais clivages s’accélère, et le Front national ne peut que s’en réjouir. Nous quitterions enfin l’imposture du faux clivage gauche-droite pour aller vers le vrai clivage, celui qui oppose patriotes et mondialistes. Merci pour cet aveu Monsieur Valls. L’UMPS décomplexée, c’est admettre que bien évidemment plus rien ne sépare l’ex-UMP du PS »,
s’est réjoui le FN.
« On s’est fait avoir avec cette histoire d’‘UMPS’. Oui, assumons qu’il y ait le FN d’un côté et les républicains de l’autre »,
aurait encore affirmé Manuel Valls.
Le but final de Manuel Valls : rester au gouvernement après 2017 au sein d’une coalition
« À la présidentielle, si Marine Le Pen est au second tour, il faut bien être conscient que celui qui sera élu face à elle le sera avec des électeurs de droite et de gauche. Et ce ne sera pas 82 % contre 18 % comme en 2002. Ce sera plus serré et donc il sera extrêmement difficile de gouverner le pays après. Il faut donc réfléchir à une future majorité. […] Et une coalition, ça n’a pas que des inconvénients »,
a conclu Manuel Valls.
Plus qu’aux élections régionales, déjà considérées comme perdues à gauche, c’est donc à l’après 2017 que pense Manuel Valls qui rêve d’une grande coalition comme divers pays européens d’Europe centrale et du nord en ont mis en place ces dernières années.
Fission
La proposition de l’occupant de Matignon a fait l’unanimité contre lui. Moqué ou ignoré chez les libéraux, il a été très attaqué à gauche.
« De grâce, laissons-nous travailler, laissons-nous agir auprès de nos concitoyens, et puis cessons ces petites phrases qui jettent le trouble et qui nuisent à notre campagne. Donc, assez, stop ! »,
l’a vertement tancé Pierre Saintignon, candidat PS dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
« C’est une très bonne idée, on voudrait faire gagner le FN qu’on ne s’y prendrait pas autrement »,
a craché Martine Aubry, l’ennemie intime de Manuel Valls.
« Je n’ai pas l’habitude de mettre mon caleçon après mon pantalon. Il faut faire les choses dans l’ordre. Il y a un premier tour et un deuxième tour. Trop de confidences nuit [sic] à la cohérence. La cohérence, c’est de battre la droite et l’extrême droite dès le premier tour. […] D’abord le premier tour. Et puis le soir du premier tour, on verra »,
s’est énervé le corrompu Jean-Christophe Cambadélis.
« Je me suis dit : c’est pas possible, c’est complètement contre-productif. Imaginez le désordre que vous mettez à gauche ! En aucun cas, je ne fusionnerai avec la Manif pour Tous »,
a asséné de son côté Claude Bartolone.