Paul Claude Marie Touvier est né le 3 avril 1915 à Saint-Vincent-sur-Jabron.
Issu d’une famille savoyarde catholique et nationaliste de onze enfants, il est l’aîné des garçons (la mère est décédée en 1931 en mettant au monde le onzième enfant).
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, déjà veuf, il vit à Chambéry. Il sert au sein de la 8e division d’infanterie nord-africaine, il participe à la guerre où, à la suite du bombardement de Château-Thierry, il est blessé.
Il revient en 1940 à Chambéry occupé par les Italiens et adhère à la Légion française des combattants en octobre, en tant que responsable de quartier. La vie de Touvier prend un nouveau cours avec la création du SOL et de la Milice où l’héritage social, la notoriété comptent moins que l’action et la conviction idéologique.
Il bénéficie du premier stage de l’École des cadres d’Uriage où sont détectées ses qualités de policier. Il est chargé du deuxième service de la milice en Savoie. De la Savoie, Touvier est appelé à Lyon où il est équipier national, chef régional de la Milice (couvrant dix départements), inspecteur national et en janvier 1944 chargé de mission au secrétariat d’État au Maintien de l’ordre. La politique et la police apportent à Touvier la réussite sociale et les satisfactions psychologiques.
L’épuration : traqué, Paul Touvier qui n’a pas voulu suivre les allemands, trouvera son premier refuge chez l’abbé Stéphane Vautherin, habitant sur la colline de Fourvière celui-ci le cache sous un faux plancher pendant que des résistants fouillent la maison.
Après le départ de Lyon, une pension de famille offre un abri à Touvier à Montpellier. Il peut y loger sa famille qui est alors composée de son père, ses frères et sœurs, son beau-frère et son fils François, âgé de six ans.
Il se retrouve ensuite à Ceignac puis à Boutencourt dans l’Oise, où des membres de sa famille sont arrêtés par les gendarmes qui ne s’intéressent pas à Touvier, lequel présente des papiers au nom de « Claude Trichet », architecte à Valence.
Le 10 septembre 1946, Paul Touvier est condamné à mort par contumace par la cour de justice de Lyon, et le 4 mars 1947 à la même peine par la cour de justice de Chambéry. Comment aurait-il fait pour le fusiller deux fois? En juillet 1947, il est arrêté à Paris. A la fin des interrogatoires, avant d’être expédié devant le peloton d’exécution à Lyon, il s’évade dans des conditions rocambolesques en bénéficiant de complicités.
En août 1947, dans une chapelle de la rue Monsieur-le-Prince, il est marié clandestinement à une jeune femme de vingt-et-un ans, Monique Berthet, qu’il a rencontrée à Paris, par l’abbé Pierre Duben, aumônier des prisons. Deux enfants naîtront : Chantal en 1948 et Pierre en 1950.
Les années passent, et pour l’ancien condamné à mort, en 1967, arrive l’heure de la prescription de ses condamnations. Il reste cependant, et ceci pour la vie, sous le coup d’une interdiction de séjour dans la région de Lyon et de la confiscation de tous ses biens. Durant des années, Touvier va consacrer son énergie, et ses relations ecclésiastiques pour obtenir sa grâce auprès du président de la République avec la volonté de recueillir sa part d’héritage, ce que les peines accessoires lui interdisent. Paul Touvier, parviendra à obtenir sa grâce du président Georges Pompidou le 23 novembre 1971.
Cette mesure est rendue publique par L’Express dont un journaliste, Jacques Derogy de son vrai nom Jacques Weitzmann , enquête de longue date autour du fugitif, et déclenche une tempête. Des victimes déposent de nouvelles plaintes pour crimes contre l’humanité, crimes déclarés imprescriptibles. Les associations de résistants portent plainte en novembre 1973 contre Touvier pour complicité de crime contre l’humanité.
Menacé de mort par les résistants et craignant l’arrestation, Paul Touvier disparaît de nouveau. Sa maison de Chambéry est attaquée, pillée, brûlée.
Devant l’insuccès de la police à retrouver Touvier, c’est la gendarmerie qui est assignée par le juge d’instruction Claude Grellier à reprendre l’enquête début 1988. Il est arrêté par la Gendarmerie le 24 mai 1989, grâce aux indications des journalopes balances du Canard enchainé !
En effet, le 15 mars 1989, une enquête du Canard enchaîné met en cause les chevaliers de Notre-Dame, fondés par dom Gérard Lafond (mort en 2010) et fait le rapprochement avec la troupe scoute de Stéphane Vautherin. Le journal satirique rappelle que le père de Gérard, Jean Lafond, ancien directeur du Journal de Rouen, a été accusé de collaboration à la Libération.
L’Ordre des Chevaliers de Notre-Dame est à l’origine d’une association autonome, la Fraternité Notre-Dame de la Merci pour l’aide aux prisonniers et à leurs familles. C’est à ce titre que le président de cette association, Jean Pierre Lefebvre (ancien de la Division Charlemagne), a aidé financièrement Touvier et sa famille. Suite à cette arrestation, la défense de Paul Touvier est confiée à maître Jacques Trémolet de Villers, ancien collaborateur de Jean-Louis Tixier-Vignancour.
Le 13 août 1992, la chambre d’accusation conclut par un non-lieu qui suscite une vive émotion. Les magistrats ont estimé qu’à Vichy ne «régnait pas une idéologie précise». Que les juifs, en France, n’étaient pas regardés comme «les ennemis de l’État». Que l’État vichyste lui-même ne pouvait être compris comme «pratiquant une politique d’hégémonie idéologique».
En d’autres termes, Touvier, milicien français œuvrant pour le compte d’un État sans rapport avec l’idéologie antisémite, ne pouvait être accusé de crime contre l’humanité car cette notion relève des seuls agissements propres à l’Allemagne.
Le procureur général de Paris, Pierre Truche, forme un pourvoi devant la cour de cassation qui casse l’arrêt de non-lieu le 27 novembre. Paul Touvier comparaît alors devant la cour d’assises des Yvelines (Versailles), en mars et avril 1994, pour complicité de crime contre l’humanité dans l’assassinat par la ‘’gestapo’’ (SIC) de sept juifs à Rillieux, le 29 juin 1944 (la seule affaire retenue contre lui).
Il prouvera que c’était cent personnes qui étaient condamnés à être exécutés et donc qu’il en a sauvé 93. Mais ces 93 français ne comptent pas face à 7 juifs !
Au terme des débats, l’ancien milicien est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité le 19 avril 1994.
Paul Touvier meurt d’un cancer de la prostate généralisé à la prison de Fresnes le 17 juillet 1996, à l’âge de 81 ans, après le rejet de son pourvoi en cassation et de deux grâces médicales par le président de la République .
Il se trouvait depuis quelques mois «en stade terminal» de la maladie, et «inaccessible à toute mesure thérapeutique». Mais pour eux il fallait qu’il meure en captivité !
Le 25 juillet, une messe est célébrée pour ses obsèques à Paris dans l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Le prêtre, Philippe Laguérie, y exprime son soutien à l’ancien milicien et fustige l’anti-France.
Paul touvier présent
Article parfait.
Un oncle né aussi en 1915 ! tombé au champs d’honneur le 14 juin 1940 à 25 ans (lieutenant et élève de l’ENS promotion 1936) dans l’Aisne mortellement blessé souffrant atrocement d’une décharge de mitrailleuse au ventre (voir sur internet à Gilles de Ferrier du Châtelet – I Archicube – ENS- No 15 Février 2008).
Mobilisé en 1939 comme son frère, mon père.
Les ouvrages sérieux de Me J. Trémolet de Villers (procès en idéologie) et J. C.Valla (Contre-enquête)que vs devez connaitre sont à lire….
Tout comme le Gl H. Dentz !
Par contre le funeste Balkany qui a le culot de dire que la prison n’est pas pour les personnes âgées (Ml Pétain notamment aussi) alors qu’il a 71 ans….
Cordialement