Turquie : des opposants politiques kurdes arrêtés
Les autorités turques ont interpellé dans la nuit de jeudi 3 à vendredi 4 novembre les deux coprésidents du HDP, le principal parti prokurde et troisième force parlementaire de Turquie, au cours d’une vaste opération « antiterroriste ». Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, qui sont également députés, ont donc été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête instruite par le parquet de Diyarbakir portant sur des liens présumés avec le PKK, le marxiste Parti des travailleurs du Kurdistan. Au moins 9 autres députés du HDP ont été placés en garde à vue, et plusieurs autres étaient visés par un mandat d’arrêt.
Une perquisition était également en cours au quartier général du HDP à Ankara alors que le parti a posté sur son compte Twitter une vidéo qui semble montrer l’interpellation de Mme Yüksekdag à son domicile à Ankara : « Votre procureur est un bandit et vous aussi êtes des bandits ! », crie la co-dirigeante du parti à l’endroit des policiers.
Ce vaste coup de filet nocturne intervient dans un contexte très tendu alors que la Turquie vit sous état d’urgence depuis la tentative de coup d’État de juillet et que deux maires de Diyarbakir, « capitale » du sud-est à majorité kurde de la Turquie, ont été placé en détention. La région est ensanglanté par des combats quotidiens entre forces de sécurité et membres du PKK, considéré comme un groupe terroriste par Ankara.
Plusieurs pays européens et organisations non-gouvernementales accusent les autorités turques de ne pas se limiter aux présumés putschistes et de cibler des opposants politiques. De son côté, jeudi 27 octobre, Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs accusé l’Allemagne « d’accueillir et fournir un abri à 4 000 terroristes » dont il a réclamé l’extradition sans succès. En effet, après la tentative de coup d’État du mois de juillet dernier, les autorités turques ont lancé de vastes purges dans l’armée, l’éducation et les médias notamment, dont l’ampleur suscite l’inquiétude en Occident.