Dans un article de RIVAROL datant du 31 janvier 2018, j’avais traité de ce sujet ô combien important, celui de la lutte d’influence entre juifs et non-juifs à la Maison-Blanche, pour reprendre la formule d’Henri Kissinger : « À la Maison-Blanche, c’est la guerre entre juifs et non-juifs » (1).
Le camp juif, représenté par le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, semblait avoir gagné la partie ; mais depuis, la situation a brusquement évolué.
Jared Kushner a perdu ses accréditations pour accéder aux informations confidentielles de la Maison-Blanche, et n’est plus autorisé à assister aux réunions les plus sensibles. Le président l’a purement et simplement rétrogradé (2). Suite à cela, rapporte la lettre d’informations Faits & Documents (3), deux des proches de Jared Kushner, Reed Cordish et Josh Raffel, ont été renvoyés.
La décision de rétrograder Kushner aurait été prise alors que des membres de l’administration Trump s’inquiétaient de la possible manipulation du gendre de Donald Trump par des puissances étrangères (ont été notamment cités Israël et les Émirats arabes unis).
Décision intervenue quelques jours avant la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, proche de Jared Kushner (4), et du congrès du lobby pro-israélien AIPAC au cours duquel le vice-président Mike Pence doit s’exprimer fin mars. Par ailleurs, le Department of Financial Services (Département des services financiers) a demandé à plusieurs banques des précisions à propos d’arrangements financiers accordés à — ou demandés par — la Kushner Companies (la société fondée par le père de Jared, Charles Kushner, qui a été reconnu coupable à plusieurs reprises de fraude fiscale et de manipulation de témoins), notamment des prêts pour plusieurs centaines de millions de dollars du fonds Apollo Global Mangement, dont l’un des fondateurs, Jushua Harris, avait espéré en vain une nomination à la Maison- Blanche (5).
C’est dans ce contexte que le Conseil économique national, structure réactivée par Donald Trump pour mener sa politique économique, a vu, le 6 mars dernier, la démission de son directeur Gary Cohn (ou Cohen), ancien numéro 2 de la banque juive américaine Goldman Sachs. Il devrait être remplacé par Chris Liddell, passé par Microsoft et General Motors ; confirmant ainsi la politique économique de Donald Trump, fondé sur la réindustrialisation (économie réelle) au détriment de la finance (économie fictive). Dans la fournée des départs, se trouve également Dina Powell, membre du CFR (Council on Foreign Relations), faucon de l’Administration de George W. Bush, qui occupait jusque-là un poste de conseillère en politique étrangère ; elle retournera d’où elle vient, à la banque.
La mise à l’écart de ceux qui ont fait limoger Steve Bannon renforce, comme le souligne Faits & Documents, la position des militaires, principalement le chef de cabinet de Donald Trump, le général catholique d’origine irlandaise John Kelly, ainsi que le conseiller à la sécurité nationale Herbert Raymond McMaster, régulièrement accusé d’être « secrètement anti-israélien ».
Mais l’administration Trump ne s’est pas subitement transformée en gouvernement antisioniste. Ce nettoyage, qui pourrait apparaître suspect aux yeux du lobby pro-israélien, a été équilibré par la nomination, le 22 mars 2018, de John Bolton, au poste de conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche. John Bolton fut un des faucons au sein de l’administration de George W. Bush et son ambassadeur aux Nations unies.
Le journal libanais L’Orient le jour (6) rapporte que plusieurs ministres israéliens ont salué vendredi (23 mars) la nomination de Bolton, un “ami”, tandis qu’une dirigeante palestinienne s’est alarmée du choix d’un vieil adversaire de la cause palestinienne pour ce poste influent. La ministre de la Justice israélienne, Ayelet Shaked — qui s’est distinguée en juillet 2014, durant le bombardement de Gaza, en appelant à « tuer toutes les mères palestiniennes » (7) — a indiqué dans un communiqué que « le président Trump continue de nommer de véritables amis d’Israël aux postes les plus hauts placés. John Bolton fait partie des plus éminents d’entre eux », et d’ajouter « l’administration Trump s’avère être la plus amicale qu’Israël ait jamais connue ».
Le ministre de l’Education Naftali Bennet, chef du parti Le Foyer juif, a qualifié sur Twitter de “formidable” la nomination de John Bolton, « un spécialiste extraordinaire des questions de sécurité, un diplomate expérimenté et un ami fidèle d’Israël ». Le ministre de l’Environnement Zeev Elkin (membre du Likoud) n’a pas non plus tari d’éloges : « il est sans conteste possible l’ami d’Israël depuis des années, il l’a montré au poste d’ambassadeur américain auprès des Nations unies ».
Pour John Bolton, la solution dite de deux Etats, un Etat palestinien coexistant avec Israël, était “morte”ou « plus viable ». Mais il ne propose pas la solution de la création d’un seul Etat où vivraient les Palestiniens et les Israéliens. Cela irait à l’encontre du séparatisme juif… Bolton affirma en 2014 que « la seule logique sous-tendant la demande d’un Etat palestinien, c’est l’impératif politique des adversaires d’Israël d’affaiblir et d’encercler l’Etat juif », préconisant une « solution à trois Etats » dans laquelle la Cisjordanie serait rattachée à la Jordanie et la bande de Gaza à l’Egypte.
Les commentateurs israéliens mettent en exergue les positions intransigeantes de Bolton vis-à-vis de l’Iran, et en particulier son opposition farouche à l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 par l’administration Obama.
Cette nomination a produit l’effet souhaité : prévenir la furie des Israéliens et de leur lobby à la suite de la mise à l’écart de Kushner et le limogeage de ses proches.
SIONISME INTERNATIONAL EN PERTE DE VITESSE ET MONTÉE DE L’ANTISÉMITISME ?
La mise à l’écart de Kushner et le renvoi de ses amis doivent être mis en relation avec la géopolitique proche-orientale. En effet, comme je l’ai expliqué dans ces mêmes colonnes (dans deux articles parus dans les numéros du 21 et du 28 février 2018), Donald Trump a pris certaines distances avec la politique régionale d’Israël.
Lorsque, en août 2017, une délégation israélienne — composée notamment du directeur du Mossad, Yossi Cohen, et du chef du renseignement militaire israélien, Herzl Halevi — s’est rendue à Washington pour demander que l’accord de paix en Syrie inclue l’expulsion du Hezbollah et des troupes des Gardiens de la Révolution iranienne du pays, les Américains ont refusé. Un des participants israéliens à la réunion a rapporté : « Nous ne comprenons pas les objectifs de cette administration… Et pour dire la vérité, nous ne sommes pas sûrs que nos interlocuteurs américains savent ce qu’ils veulent ou ce que le président leur a demandé de faire. La ressenti général est la confusion et le chaos. » (8).
À quoi s’ajoute le fait que Donald Trump a mis fin, en juillet 2017, aux aides financières à certains groupes terroristes, suite à quoi il a fermé, en janvier 2018, le Military Operations Command, un centre opérationnel de la CIA basé à Amman (capitale de la Jordanie) qui a versé, jusqu’en 2018, les salaires de dizaines de milliers de membres du « front sud » de l’ASL en leur fournissant armes et munitions. Contraignant Israël à prendre le relais du financement et de l’armement de ces groupes à partir de fin 2017 (9).
Du côté de la Russie, la situation est très tendue. L’affaire du F-16 israélien abattu par la DCA syrienne a bien mis en évidence la détérioration des relations russo- israéliennes. En témoigne d’ailleurs la déclaration officielle de la Russie, via son ministère des Affaires étrangères qui a appelé, suite aux dernières frappes israéliennes en Syrie, à la “retenue”, et a considéré comme « absolument inacceptable de créer des menaces contre la vie et la sécurité des soldats russes » qui se trouvent en Syrie (10).
Le New York Times a rapporté qu’immédiatement après le bombardement israélien, le président russe Vladimir Poutine, furieux, a appelé par téléphone le Premier ministre Benjamin Netanyahou, ce qui a mis un arrêt net aux plans d’attaque de l’armée israélienne. Un haut gradé israélien a révélé au journal américain que « même publiquement, les Russes ont pris partie pour l’autre camp, contre nous, et pas seulement en privé… Ils auraient pu empêcher le lancement du drone (iranien), mais ils n’ont rien fait. Nous avons entendu le message russe, très fortement et clairement » (11).
Ces événements se sont déroulés en février, et il n’a pas fallu attendre plus d’un mois pour que Vladimir Poutine soit accusé d’antisémitisme par les organisations juives aux Etats-Unis et en Israël.
Dans une interview accordée à NBC news, le président russe a été interrogé sur les Russes arrêtés pour ingérence électorale américaine. Poutine a répondu : « Je m’en fiche, car ils ne représentent pas le gouvernement… Peut-être qu’ils ne sont même pas Russes, mais Ukrainiens, Tatars, ou JUIFS, mais avec la citoyenneté russe, ce qui devrait aussi être vérifié ; peut-être qu’ils ont une double citoyenneté ou une carte verte ; peut-être que les Etats-Unis les ont payés pour cela… »
Vladimir Poutine, qui choisit toujours méticuleusement les mots qu’il emploie, n’a certainement pas parlé de “juifs” par hasard ; il sous-entend sans doute par là que des agents juifs, liés à Israël (des sayanim), ont agi durant la campagne présidentielle américaine dans le but de nuire aux intérêts de la Russie en lui faisant porter le chapeau.
La réaction ne s’est pas faite attendre. Un des principaux organismes juifs américains a affirmé que les remarques de Poutine « rappelaient étrangement les Protocoles des Sages de Sion ». Le Comité juif américain (AJC) a demandé au président russe de « clarifier ses propos au plus vite ».
La députée de l’Union sioniste Ksenia Svetlova, qui a émigré en Israël depuis la Russie, a tweeté : « Nous connaissons assez bien ces vieilles rengaines : “Peutêtre que les Juifs dirigent le monde, peutêtre que les Juifs utilisent du sang pour leurs rituels, peut-être que les Juifs ont massacré des Juifs en Pologne (référence aux récentes déclarations du président polonais)”. Maintenant voici le dernier tube “peut-être que les Juifs se sont mêlés des élections américaines” » (12).
Elle a aussi appelé le gouvernement à condamner fermement les propos de Vladimir Poutine, et son confrère de l’Union sioniste, le député Nahman Shai, a également condamné les propos du Maître du Kremlin comme étant de « l’antisémitisme classique », et d’ajouter « ses déclarations montrent que rien n’a changé dans le fait de considérer les Juifs comme responsables de tout le mal du monde… Nous avons besoin d’une réaction forte de la part du gouvernement israélien ».
Il semblerait, à entendre les représentants juifs, que les heures les plus sombres et l’antisémitisme de masse se profilent à nouveau. À croire que c’est une loi de l’Histoire.
Jean Terrien
Source : Rivarol n°3323 du 28 mars 2018
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(1) <https://www.egaliteetreconciliation.fr/ Henry-Kissinger-cite-dans-un-brulot-anti- Trump-a-la-Maison-Blanche-c-est-laguerre- entre-juifs-et-49215.html>.
(2) <http://www.lemonde.fr/ameriques/article/ 2018/03/01/les-javanka-en-perte-d-influence- a-la-maison-blanche_5263999_3222. html>.
(3) Faits & Documents, N° 448.
(4) <https://edition.cnn.com/2018/03/05/ politics/benjamin-netanyau-donald-trump- jared-kushner/index.html>.
(5) Faits & Documents, p. 8.
(6) <https://www.lorientlejour.com/article/ 1106639/trump-nomme-le-faucon-boltonconseiller- a-la-securite-nationale.html>.
(7) Press TV, Mothers of all Palestinians must be killed : israeli MP, 16/07/2014.
(8) <https://www.nytimes.com/2018/02/12/ opinion/the-middle-easts-coming-war. h t m l ? a c t i o n = c l i c k & p g t y p e = H o m e – page&clickSource=story-heading&- module=opinion-c-col-left-region®ion= opinion-c-col-left-region&WT. nav=opinion-c-col-left-region>.
(9) <https://warontherocks.com/2018/02/israels- deepening-involvement-syrias-rebels/>.
(10) Agence France-Presse, « Mettre en danger la vie des soldats russes en Syrie est “inacceptable” », Moscou, 10/02/2018.
(11) Information rapportée par le New York Times : https://www.nytimes. com/2018/02/12/opinion/the-middle-easts-coming- war.html?action=click&pgtype=Homepage& clickSource=story-heading&- module=opinion-c-col-left-region®ion= opinion-c-col-left-region&WT. nav=opinion-c-col-left-region
(12) Rapporté par Times of Israël : <https:// fr.timesofisrael.com/les-propos-de-poutine-surles- juifs-dignes-des-protocoles-des-sages-desion/>
Ils sont drôles ces Juifs sionistes, sitôt qu’on les prend la main dans le sac, « ayayay, shoah, sang des Juifs, ouiouin, antisémites… » Ils vont très vite déchanter, le monde est en train d’apprendre leur immense imposture dénoncée par des juifs de l’intérieur. Le rat commence à sentir la fumée.