La Banque centrale européenne (BCE) est très officiellement indépendante du pouvoir politique ; en régime ploutocratique, cela signifie qu’elle est directement aux ordres des forces de l’argent. Elle s’est offerte, avec l’argent des contribuables des différents pays européens, une tour qui a coûté 1,2 milliard d’euros.
La crise ne touche ni la BCE, ni les oligarques
« L’Europe est en crise » : la formule, assénée par tous les bureaucrates de Bruxelles, est répétée quotidiennement par les médiats du système. En conséquence, les Français, les Grecs, les Italiens, les Irlandais, les Espagnols doivent se serrer la ceinture, accepter de voir leur salaire stagner pendant que les prix augmentent. Ils doivent se taire quand leurs droits sont réduits. Ils doivent accepter que les services publics soient détruits, pour les moins rentables, ou privatisés quand ils peuvent enrichir plus encore les trusts et les multinationales. Peu importe que les salaires des grands patrons en Europe soient plus élevés que jamais. Peu importe que les États aient trouvé plusieurs centaines de milliards pour renflouer les banques ; peu importe que les oligarques soient plus riches que jamais : c’est la « crise ».
Dans cette Europe « en crise », nos gouvernants ont réussi à réunir la somme de 1,2 milliard d’euros pour financer les nouveaux bureaux de la Banque centrale européenne. C’est la somme qu’a coûtée, officiellement, une immense tour construite à Francfort, la 30e plus haute d’Europe.
« Les banquiers centraux ne se sont rien refusés [sic]. Tout est de dernier cri, design »
précise Le Monde. La crise, visiblement, n’a pas atteint la BCE non plus.
Un scandale à 1,2 milliard d’euros
Dès son installation en 1998 dans ses premiers bureaux, auparavant occupé par la banque centrale allemande, les dirigeants de la BCE ont cherché à construire une tour spécifique pour affirmer leur pouvoir. Le projet a véritablement été lancé en 2008. Il devait coûter 850 millions d’euros. Il en a finalement coûté un tiers de plus et pris trois ans de retard.
Pire encore : les locaux ne sont déjà plus adaptés aux nouvelles missions de la BCE. Pour justifier l’achat de la nouvelle tour, les dirigeants de la banque européiste avaient affirmé être trop à l’étroit dans les anciens locaux, et, surtout, le loyer aurait été trop élevé. Or, ces anciens locaux seront finalement conservés – avec toujours un loyer très élevé qui désormais s’ajoutera à l’investissement des 1,2 milliard d’euros de la tour et de l’énorme budget de fonctionnement afférent – : Mario Draghi y installera les personnels chargés de la supervision et du contrôle des banques.
La BCE gardera donc l’ancienne « Eurotower » et a fait financer par le contribuable européen la « Skytower ». La première, comme un symbole de la domination de plus en plus forte de la finance, ne comptait que 148 mètres de haut et 40 étages. La nouvelle, haute de 185 mètres, s’étend sur 45 étages.
Sous le signe du mondialisme
L’amas de verre et d’acier, qui domine désormais la ville de Francfort, est opérationnel depuis quelques jours et les 2 600 bureaucrates et hauts fonctionnaires européistes, avec leur tête l’agent de Goldman & Sachs Mario Draghi, s’y installent depuis novembre. Le conseil des gouverneurs y a tenu sa première réunion jeudi, en attendant l’inauguration officielle le 18 mars 2015 – qui pourrait être l’occasion d’une grande manifestation antibankster. La salle de réunion est placée sous le patronage de Wim Duisenberg, dont la statue domine les lieux. Il s’agit du premier chef de la BCE, un haut membre du Bilderberg Group.
Au plafond, une « création » intrigue :
« [Cette] étrange sculpture, faite de fines lamelles d’acier, censée représenter la carte de l’Union européenne. Même un œil aguerri a pourtant du mal à distinguer les différents pays. “C’est comme devant la cathédrale de Chartres, tout est dans le symbole”, sourit M. Prix [Wolf Dieter Prix, l’architecte], énigmatique. Comprendre : l’idée est de voir l’Europe comme un tout, sans s’attacher à un État plus qu’à un autre »
commente un journaliste. L’ambition antinationale ne pourrait être plus claire.
L’occupant jamais loin
Pour l’anecdote, dans ce temple du Veau d’Or, l’occupant n’a pas oublié d’imposer sa marque. Dans les sous-sols du bâtiment, un mémorial a été créé. Selon la légende, 10 000 ennemis de l’Europe y auraient été retenus prisonniers durant la Seconde Guerre mondiale.
« C’est un lieu d’histoire que nous tenions à préserver. Pour le reste, l’idée était d’allier l’ancien marché à la modernité de la tour »
a expliqué Andrea Jürges, une bureaucrate de la BCE en charge de la propagande.