Un homme du Klan
Louis Ray Beam junior est un nationaliste blanc américain. Ce Texan originaire de Lake Jackson, né en 1946, s’engage à l’issue de ses études pour le Vietnam. Il y combat comme tireur embarqué sur un hélicoptère et reçoit pour son courage la Distinguished Flying Cross1. Selon ses camarades de classe, il fut très tôt attentif attentifs aux problèmes raciaux qui commençaient à se poser à l’Amérique. De retour aux États-Unis, il rejoint le Klu Klux Klan (KKK), aux côtés de Robert Shelton, qui dirige les Clans unis d’Amérique (UKA, United Klans of America) puis de David Duke. Il organise la Réserve d’urgence du Texas (TER, Texas Emergency Reserve), groupe paramilitaire qui s’illustre en apportant son aide aux pêcheurs blancs dans leur lutte contre l’activité des pêcheurs du Sud-Vietnam dans la Baie de Galveston.
Son expérience militaire le conduit à enseigner à ses camarades les tactiques de guérilla. Il dirige avec Tom Metzger et David Duke un groupe d’autodéfense qui lutte contre l’invasion des États-Unis par la frontière mexicaine. Au début des années 1980, il se rapproche du groupe Nations aryennes (AN, Aryan Nations), dont il dirige les activités informatiques naissantes, de l’organisation de la propagande aux données sensibles pour le combat (recension des ennemis, etc.). Cela passe par la création du Net libre des Nations aryennes (Aryan Nations Liberty Net) et l’aide apportée au « Réseau Thulé »2.
Les années de répression
Ses activités lui valent plusieurs passages devant les tribunaux, sans succès pour la justice d’occupation. L’acharnement atteint son paroxysme après l’épopée de L’Ordre (The Order). L’État fédéral pourchasse Louis Beam durant plusieurs mois. Il devient l’un des dix fugitifs les plus recherchés par le Bureau d’enquête fédéral (FBI, Federal Bureau of Investigation). Il tente de fuir par le Mexique où il est arrêté après une fusillade avec les forces mexicaines à Guadalajara, durant laquelle il parviendra à blesser grièvement un assaillant. Après un an de traque, de prison et d’ennuis divers, après sept semaines de procès et vingt heures de délibérations, Louis Beam ainsi que ses treize coaccusés sont tous acquittés. Devant ses juges il avait déclaré : « Être poursuivi pour [conspiration séditieuse] est pour moi un honneur, Monsieur ».
Il se rapproche alors des groupes chrétiens radicaux et publie la revue The Seditionnist. Dans le premier numéro, il annonce la création de la Nouvelle droite, un mouvement alliant l’identité chrétienne à « la création d’un État national pour les Blancs, une république aryenne dans les frontières du pays actuellement occupé ». Il appelle également à « une nouvelle relation de respect et d’admiration pour les autres races qui ont mené avec succès des campagnes de libération de leurs propres territoires en expulsant les Juifs sionistes ».
Il sera comme tous les nationalistes blancs bouleversés par le massacre de Ruby Ridge3. Bien que malade des suites de contact avec l’agent orange4 durant la Guerre du Vietnam, il poursuit le combat et prend à plusieurs reprises la parole devant diverses organisations nationalistes blanches.
La résistance sans chef
Essayiste de talent, il a écrit sur de multiples sujets, touchant à la politique, à l’éthique, à l’identité, à la religion et au combat nationaliste5. Il est notamment connu pour avoir théorisé, popularisé et diffusé dans les milieux nationalistes blancs le concept de la « résistance sans chef » (« leaderless resistance ») reprise du colonel Amoss et utilisée à travers le monde depuis par des groupes aussi divers que Combat 18, les Freie Kameradschaften en Allemagne que des combattants pour les droits des animaux classiquement classés à gauche.
Ces dernières années, les groupes terroristes islamistes, La Base (el-Qaïda) et l’État islamique (ÉI) notamment, ont démontré la pertinence du concept dans certaines conditions de combat. Ce mode d’action est conditionné par la préexistence d’une communauté partageant le même objectif final – ici l’établissement d’une nation blanche. Les membres doivent être suffisamment proches doctrinalement, philosophiquement, partager suffisamment les mêmes valeurs et la même culture pour que, confrontés à une situation, ils adoptent un comportement cohérent et similaire.
Ainsi, même dépourvus d’organisation centrale, les membres du groupe peuvent continuer à agir et se développer de manière autonome. La résistance sans chef, telle que développée par Louis Beam, concerne des cellules constituées de très peu de membres, très cloisonnées ou même indépendantes ; cela doit permettre de limiter au maximum les infiltrations de l’État totalitaire.
Louis Beam a arrêté l’activisme de terrain à cause de sa maladie et pour se consacrer à sa famille. Il poursuit ses activités via son site Internet (http://www.louisbeam.com/) et demeure l’une des grandes figures du nationalisme blanc.
Notons que le livre qui a marqué le plus Louis Beam fut Le Soldat oublié de Guy Sajer.
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1 La « Croix du service distingué dans l’Aviation » récompense « l’héroïsme et les réussites extraordinaires réalisées en vol aérien ». Le nationaliste Charles Lindbergh en fut le premier récipiendaire.
2 Précurseur des réseaux internet dès les années 80, il permettait aux nationalistes et nationaux-socialistes allemands de s’organiser malgré la répression et la censure.
3 Sans raison valable, le FBI commit un massacre contre la famille de Randy Weaver, qui avait le malheur d’être trop blanche et classée comme patriote. Le gouvernement fédéral reconnaîtra son « erreur » – le fils de Randy Weaver, Samuel 14 ans, est abattu dans le dos et sa mère assassinée d’une balle dans la tête par un sniper asiatique. Voir « L’“incident” de Ruby Ridge », Forum National social radical, 8 août 2011.
4 Le 2,4,5-trichlorophénol ou agent orange est un défoliant qui fut notamment employé par l’armée des États-Unis lors de la guerre du Vietnam. Aussi efficace que toxique, il est la cause de nombreuses maladies chez ceux qui le subirent ou l’utilisèrent.
5 « Essais sur le gouvernement, la politique, la religion, l’histoire, le Vietnam, l’émergence de la police d’État fédérale, et l’amour » précise-t-il sur son site.
Personnage avec des idées intéressantes malgré quelques divergences.