Il ne pouvait « pas faire autrement ». Nicolas Sárközy, tout juste sorti d’un interrogatoire pour son rôle dans l’affaire de corruption généralisée Bygmalion, a pris un jet privé pour faire les trajets Paris-Besançon puis Besançon-La Baule samedi. Selon le Canard enchaîné la petite escapade ex-présidentielle a coûté 25 000 euros. Un responsable républicaniste ex-umpiste a tenu à corriger : cela n’aurait coûté que 12 000 euros. Éric Woerth, tout juste sorti de diverses affaires judiciaires (hippodrome, Bettencourt), voyageait avec lui.
Nicolas Sárközy aurait une enveloppe de 400 000 euros pour ses voyages comme président du parti Les Républicains (LR, ex-UMP) pour 2015 et en aurait dépensé donc, en une journée… 6 %. Étonnant, alors même que nous ne sommes qu’à un tiers de l’année et que surtout s’annonce une fin d’année très chargée avec les élections régionales.
L’Union pour un mouvement populaire (UMP) à laquelle Nicolas Sárközy a mis fin pour tenter de faire oublier les innombrables affaires et les déficits, avait, en 2014, une dette de 74,5 millions, due entre autres aux restes de sa gestion avant 2007, et à celle, désastreuse, de son coreligionnaire, Jean-François Copelovici-Ghanassia dit Copé. Une très forte cure d’austérité avait été imposée alors au parti libéral – jusqu’à l’utilisation des dosettes à café avait été surveillée –, miné notamment par le Sarkothon et les autres errements de Nicolas Sárközy devenu président.
Ce dernier n’était pas totalement en cause : après 2012, il a utilisé des jets privés d’Air Cocaïne pour ses voyages, mais sans jamais rien payer. Il bénéficiait des services de la société de Pierre-Marc Dreyfus, pour des vols facturés à Stéphane Courbit, dans un avion appartenant – décidément – à un autre coreligionnaire tout ce monde : Alain Afflelou.
Si dans l’affaire d’Air Cocaïne la justice dominicaine s’est montrée intransigeante, condamnant quatre personnes – dont au moins un coupable –, la justice française, tout au contraire, semble avoir totalement arrêté toute investigation – si jamais des investigations ont un jour été sérieusement menées. Pourtant, les 700 kilos de cocaïne retrouvés – et ce n’était pas la première livraison – devaient arriver en France, à Saint-Tropez, pour alimenter un réseau de trafiquants dont le profil ne semble guère intéresser les magistrats. Pour les rares expertises menées, les enquêteurs avaient découvert – o hasard – que dans les archives de la société de Pierre-Marc Dreyfus, la comptabilité concernant de plusieurs clients avait disparu, dont, – o hasard – celle de Stéphane Courbit et donc des voyages de Nicolas Sárközy.
Ce dernier n’a vraiment pas de chance avec son utilisation pourtant très avant-gardiste républicaine des jets privés, d’autant moins qu’en plus de ces deux affaires, il avait déjà été épinglé en mai dernier pour l’utilisation d’avions privés lors de deux déplacements, dont un Paris-Le Havre (!), pour des réunions électorales.