Le néo-FN est peut-être le premier parti en France à avoir mis aux enchères des places éligibles, en échange de ralliements bruyants. Après Olivier Bettati et Philippe Vardon, le parti d’extrême droite a rallié un autre membre de l’UMP, Franck Allisio.
Un libéraliste made in UMP
« Je suis un bébé Sarkozy, de droite, fier de ses valeurs, décomplexé »,
déclarait il y a quelques mois Franck Allisio, alors cadre de l’UMP parachuté en Provence.
« Jean-François Copé a été un très bon manager, un bon patron, un organisateur de talent »,
précisait-il alors plein d’espoir en arrivant à Avignon, se voyant déjà adjoint au maire en attendant un siège de conseiller départemental. Il rappelait avoir travaillé, outre les deux étrangers juifs précités, pour Roger Karoutchi et Pierre Lellouche, partageant tous les mêmes origines ethnicoreligieuses. Dernièrement, c’est avec une autre juive, Nathalie Kosciusko-Morizet, qu’il travaillait. Outre ses emplois auprès des juifs de l’UMP dans les cabinets ministériels et ailleurs, Franck Allisio présidait les Jeunes actifs, une association fantôme censée regrouper « les trentenaires et les jeunes insérés dans la vie active » au sein du parti libéral.
Franck Allisio continuera-t-il à défendre des idées telles que la suppression de l’impôt sur le revenu – car, selon lui « ce qui fait le jeu du FN, c’est de dire qu’on a tout essayé ou de laisser penser que droite et gauche ont à peu près les mêmes idées […]. Nous avons le devoir d’être iconoclaste » – ? Cette mesure aurait permis aux 10 % de Français les plus riches de ne plus payer 70 % de l’impôt sur le revenu.
Un emploi fictif ?
Il est à noter d’ailleurs que ce vigoureux défenseur des actifs et de la création de richesse n’a pas vraiment – pas du tout en fait – le profil de l’emploi. Ni salarié, ni entrepreneur, ni agriculteur, ni chef d’industrie, il se présente comme l’un de ces « communicants » à la sauce Bygmalion tels qu’ils ont fleuri durant des années dans l’orbite de l’UMP. Et ce n’est pas Guillaume Peltier, qui a fait le chemin inverse, qui niera – ni Jérôme Lavrilleux. Tout son passé – et son passage au FN en échange d’une place éligible – indique qu’il n’a jamais vécu que par la politique.
« J’ai un boulot, je gagne ma vie dans la communication et les relations presse »,
déclarait-il y a quelques mois. Pourtant, sur les sites spécialisés, il n’existe aucune société déclarée avec pour dirigeant un individu du nom de Franck Allisio. Tout cela n’a jamais empêché l’individu de se présenter comme un spécialiste avisé de l’économie.
Comme Marine Le Pen, Allisio aime et défend les clandestins qui violent nos lois
En bon ultralibéral, Franck Allisio n’a par ailleurs aucun respect pour les lois, pour la nation, pour notre identité et nos frontières. Au début des années 2010, les Jeunes UMP s’étaient choisis comme chef un mythomane africain qui, outre mentir sur son cursus et son emploi, était un clandestin en France. Or, Franck Allisio est un proche de Stéphane Tiki.
Le fait que les Jeunes pop soient dirigés par un menteur pathologique doublé d’un individu incapable de respecter les lois françaises n’avait en rien ému Franck Allisio. Le néofrontiste, au contraire, s’était fendu à l’époque d’un communiqué pour défendre l’affabulateur étranger.
« De par son engagement citoyen, son amour de la France et sa volonté d’intégrer la communauté nationale, il mérite plus la nationalité française que certains de nos concitoyens qui rejettent leur propre pays »,
avait-il dit. Cela ne l’empêche pas de dénoncer désormais les migrants. Peu importe la loi, la décence et l’intégrité ; peu importe si un étranger ne respecte pas ses obligations légales, tant qu’on peut l’exploiter ou faire des affaires avec lui. Le Mouvement des entreprises de France (MEF, dit Medef) n’agit pas autrement.
Ces propos et positions ne sont pas sans rappeler ceux de Marine Le Pen.
« Me Marine Le Pen, militante du Front national et avocate de Nourredine Hamidi, frappé de double peine, avait expliqué au tribunal que son client, condamné pour vol il y vingt-quatre ans, devait rester en France “car, bien qu’algérien, il est français [sic] de fait” »,
rapportait dans les années 1990 un grand médiat national…
Parachutages
Mais à l’UMP, le très ambitieux sárközyste n’a pas obtenu les sinécures électorales promises. Il a été nommé en 2014 dans le Vaucluse pour s’occuper d’une fédération à la dérive, et accessoirement y glaner quelques juteuses sinécures électorales. Le « parachuté » était alors unanimement dénoncé par le FN local… Accusé d’être payé pour sa mission, il niait farouchement en précisant, menaçant :
« Il faut qu’ils fassent attention, les bonnes relations sont réciproques. Je suis de loin le plus blanc et le plus irréprochable de la bande ».
Le vol s’était d’ailleurs mal terminé et la chute fut brutale pour Franck Allisio. Aux élections municipales, Franck Allisio avait totalement échoué à Avignon, subissant un cinglant revers. La liste UMP avait sombré à 17,5 % au second tour, contre… 51,88 % six ans plus tôt. Lui-même, présent en neuvième position avait subi une double défaite en n’étant pas même élu au conseil.
Durant ce temps, au sein de la fédération UMP du Vaucluse, où il avait été envoyé en « mission », les tensions s’étaient muées en guerre interne. À tel point que des adhérents s’étaient réunis pour voter sa destitution.
« Durant ces six mois, Franck Allisio a démontré son incapacité à organiser l’élection du président de notre mouvement dans un souci d’équité et d’impartialité. Les membres élus et de droit du comité de circonscription ont considéré que sa position de responsable du comité de soutien de Nicolas Sarkozy et celle de responsable de la première circonscription sont incompatibles et constitutives d’un conflit d’intérêts préjudiciable à l’UMP et à ses militants »,
dénonçaient ses adversaires.
Il ne s’était jamais intégré à son nouveau travail, rejeté des électeurs, rejeté des militants, rejeté des adhérents, il avait même dû retirer sa candidature lors des élections départementales. Bien loin de ramener de l’ordre dans la fédération UMP du Vaucluse, il y était devenu le principal facteur de troubles.
C’est donc sans surprise qu’il abandonne Les Républicains (LR, ex-UMP) pour le Front national (FN). À trois mois des élections, le parti d’extrême droite lui offre directement une place éligible. Il rejoindra sur les listes du néo-FN plusieurs anciens membres de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) tels que Philippe Vardon et Olivier Bettati.