Samedi, Le Monde, contre la volonté des autorités et de certains anciens otages qui pensent que cela met en danger ceux toujours présents sur place, a révélé que Mehdi Nemmouche s’était spécialisé en Syrie dans la torture des otages occidentaux. Il aurait ainsi torturé quatre journalistes français Didier François, Édouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, détenus de juin 2013 à avril 2014, mais également l’Américain James Foley, qui a depuis été décapité par les islamistes.
Les révélations du Monde ont été confirmées par le journaliste du Point Nicolas Hénin.
« Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait. Il était membre d’un petit groupe de Français [sic] dont la venue terrorisait la cinquantaine de prisonniers syriens détenus dans les cellules voisines. Chaque soir, les coups commençaient à pleuvoir dans la salle dans laquelle j’avais moi-même été interrogé. La torture durait toute la nuit, jusqu’à la prière de l’aube. Aux hurlements des prisonniers répondaient parfois des glapissements en français. »
Le journaliste raconte l’une des scènes témoignant selon lui de la personnalité du tueur islamiste :
« Il regarde ses mains, fait craquer ses doigts dans une attitude de boxeur et ajuste ses gants. “Tu vois ces gants de moto ? Je les ai achetés pour te frapper. Rien que pour toi. Tu les as aimés ?” »
Il avait été décidé, notamment par les otages, de taire ces informations, pour ne pas nuire aux otages occidentaux toujours aux mains de l’État islamique. C’est ce qui explique que certains otages se sont montrés outrés par ces révélations, comme Didier François, journaliste à Europe 1 :
« C’est irresponsable. Je trouve que c’est dangereux de sortir cette information. Cela pose un véritable problème pour l’enquête en cours, pour les témoins et pour les otages restés là-bas. Cela permet malheureusement d’alerter les autres ravisseurs sur le fait que les services français détiennent des éléments sur les membres de ce groupe terroriste ayant déjà perpétré des attentats. Du coup, ça va leur permettre de se protéger, ce qui met en danger le travail des spécialistes du contre-terrorisme et les citoyens français »
Rentré de Syrie en février, Mehdi Nemmouche a assassiné quatre personnes dans un musée à Bruxelles. Après plusieurs jours de recherche, il avait été arrêté à Marseille une semaine plus tard.
Selon de nouvelles révélations hier, l’Algérien de 29 ans aurait prévu de commettre un attentat à Paris lors du défilé du 14 juillet à Paris. C’est ce qui ressort des procès-verbaux d’auditions des quatre journalistes qui étaient otages en Syrie et dont Mehdi Nemmouche était le bourreau. « Je vais faire cinq fois Merah au défilé du 14 juillet » aurait-il déclaré.
Cela aurait été un bel hommage pour une « fête » où leur République commémore le massacre et les tortures contre une garnison désarmée à La Bastille et la libération de sept criminels de droit commun et fous.