Soreen Seelow, journaliste du Monde, a entrepris d’aller à la rencontre des habitants du quartier des Poètes, où Darius, un jeune voleur gitan a été battu – à mort selon certaines informations – samedi dernier.
Il annonce que la tribu de Darius a quitté précipitamment le quartier juste après les faits, sans rapport probablement avec les nombreux vols commis depuis leur arrivée. Les journalistes du Monde ont été bien dressés à l’art délicat de la litote : il n’est ainsi pas question de voleurs, mais de récupérateurs, de braves citoyens sillonnant « les rues et les chantiers perpétuels de la rénovation urbaine à la recherche d’objets à récupérer [NDJN : voler]».
« Il y a un mois, un nouveau campement s’est établi juste en face du quartier […] les vols se sont multipliés »
admet quand même en fin d’article le journaliste dans un accès de sincérité flirtant avec le racisme. Avec les habitants du quartier, il feint de s’étonner qu’un autre fait divers, le lendemain, n’ait pas été évoqué par les médiats : un adolescent a reçu quelques coups de battes de base-ball après une autre affaire de vol. Si le journal du système n’avait pas caché le meurtre de Jérémy Mortreux par huit étrangers à Digne-les-Bains, il aurait pu, avec plus de perspicacité, se demander pourquoi le sort d’un délinquant étranger attaqué par d’autres étrangers est évoqué jusqu’à l’Élysée quand le meurtre d’un Français par une bande d’étrangers est à peine mentionné par quelques journaux locaux.
Les occupants, eux, ne s’embarrassent pas de circonvolutions. Le journaliste interroge un ancien détenu, qui dit vivre dans une cave. « Affairé à rouler un joint sur le capot de son Alfa Romeo décrépie dans le parking de la régie de quartier » il réagit :
« On se connaît tous ici. Entre nous, on règle nos affaires. Mais si un intrus fait un truc de mal, on le chope. On sème ce qu’on récolte, il n’y a rien de racial là-dedans. Les Roms, ils sont dans la même merde que nous mais ils prennent tout ce qu’ils voient, ils sont sans gêne. Un jour, j’avais posé mon nouveau frigo sur le trottoir, je ressors, ils étaient en train de l’embarquer. Les Roms, ce sont des pauvres qui volent aux pauvres. Qu’ils se baladent [NDJN : volent], OK, mais faut pas aller chez les gens comme ça, c’est comme un viol. Il a déconné, ce petit. Après, les jeunes, ils sont allés trop loin et ça a dégénéré à cause de l’effet de groupe. »
Une autre étrangère précise :
« En seize ans ici, je n’ai jamais entendu parler de cambriolages. Depuis qu’ils sont là, on n’entend parler que de ça. Il faut nous en débarrasser »
« On est condamné à se faire justice nous-mêmes, d’ailleurs, on est condamnés à tout faire nous-mêmes. C’est ça, le problème. Tous les jeunes ont eu des problèmes avec la police, on va pas les appeler ! Bon, le gamin, il a pris une raclée, trop forte, d’accord, mais il aurait pas dû faire ça. J’espère que tous ses cousins ont compris »
renchérit un autre.
S’il donne la parole aux occupants des lieux, Soreen Seelow n’ose pas clairement l’avouer : les étrangers font bloc autour des auteurs du lynchage, qu’ils justifient, ouvertement ou à demi-mot, sans la moindre hésitation, là où les Français sont incapables d’être solidaire après le meurtre d’un innocent à Digne.
La culpabilisation ne marche qu’avec les Blancs.