Chronique de l’échec du « vivre-ensemble » au 24 janvier 2017
Nizar, 12 fois condamné, menace avec un couteau et une réplique de kalach
Il n’a pas apprécié d’être reconduit vers la sortie de la boîte de nuit La Grenouille, à Solliès-Pont. Dimanche soir, Nizar E, 33 ans, est revenu dix minutes plus tard avec une réplique de kalachnikov et un poignard en main. Grâce au sang-froid d’un vigile – qui a d’ailleurs été blessé -, l’individu a pu être rapidement maîtrisé, évitant une grosse frayeur aux personnes sur place.
Interpellé, ce trentenaire, qui se déclare gérant d’une société du BTP, a été présenté en comparution immédiate pour répondre de violences avec arme ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours et de détention d’arme. Il affiche un casier judiciaire déjà noirci de douze condamnations (stups, conduite sous l’empire d’un état alcoolique, outrages, menaces de mort…). La dernière remontant au 28 mai 2013 (2 ans de prison pour violences avec… arme).
Cette passion pour les armes a d’ailleurs intrigué M. Ruby, représentant du ministère public.
« Vous aimez beaucoup les armes ?
– Oui assez.
– Comment s’appelait votre chien ?
– Sniper .»
Et le président M. Boulanger d’intervenir : « D’ailleurs, c’était un chien d’attaque. C’est curieux d’appeler son chien Sniper. D’habitude c’est plutôt Ursule ou Bobby ! »
Quant à la présence du poignard, le prévenu va expliquer que c’est pour la pêche. « Vous n’allez pas me dire que vous alliez pêcher en boîte de nuit ! », le reprend le magistrat.
Pour le parquetier, « les faits sont graves et interviennent seulement quelques jours après l’attentat qui a causé la mort de nombreuses personnes en Turquie. Sans parler de la tuerie dans une boîte de nuit aux États-Unis, il y a quelques mois. Le contexte fait froid dans le dos. Quand les vigiles le voient arriver avec ce qu’ils imaginent être un fusil d’assaut, on pense à la peur qu’ils ont pu avoir .» Il a requis 3 ans de prison, en soulignant que le prévenu « a été expulsé de l’établissement car il était ivre et que son comportement n’était pas convenable. Il habite à cent mètres. Il aurait pu se coucher. Il a préféré revenir avec l’arme factice et un poignard avec une lame de 15 centimètres. »
Le président a d’ailleurs félicité le vigile, présent à l’audience, qui n’a toutefois pas souhaité se constituer partie civile, malgré sa blessure à la main. « Vous avez peut-être évité un drame. »
Nizar E. a été condamné à trois ans de prison. Un mandat de dépôt a été délivré et il a été écroué à la prison de La Farlède.
Barbès: la prostitution est tenue par des Algériens et Tunisiens
Devant l’explosion de la délinquance, la multiplication des vendeurs à la sauvette, des marchés aux voleurs, des agressions, du proxénétisme et des trafics en tous genres, c’est dans un arrondissement en crise que s’est rendu ce mercredi le préfet de police Michel Cadot, accompagné des commissaires de différents services de la préfecture et de l’adjointe à la Sécurité de la maire de Paris, Colombe Brossel, avec un message : « Changer de braquet ».
Première zone de sécurité prioritaire (ZSP) parisienne, elle doit désormais faire face à une véritable invasion du domaine public, où se croisent vendeurs de cigarettes de contrefaçon et de faux papiers, biffins, alimentés par des réseaux de revente de textile, prostituées, installées dans des appartements par de puissants proxénètes.
Cette situation, Valérie Goetz, la commissaire d’arrondissement, la vit au quotidien : « Depuis 8 mois, la délinquance est de plus en plus volatile. Elle a également investi la place de la Chapelle (hors ZSP). Les revendeurs, notamment, sont changés régulièrement par les réseaux, et nous avons perdu les contacts qui nous étaient précieux. Les mineurs, aussi, souvent Algériens et Tunisiens, ont fait leur apparition en masse. »
Face à cela, un plan d’attaque, destiné à « reconquérir le territoire », vient d’être mis en œuvre, pour adapter la ZSP aux nouvelles formes de délinquances, avec un objectif affiché par le commissaire Jacques Rigon : « faire respirer Barbès ». « Les opérations coup de poing seront multipliées, à des dates et heures destinées à surprendre, au rythme de trois ou quatre par semaine, avec l’appui des CRS et une analyse méthodique des images filmées par les caméras de vidéosurveillance : contre les vendeurs de cigarettes, les trafiquants de faux papiers, les voleurs à la tire. Le plan d’action sera modulable, afin de porter le fer au bon endroit, de casser la mécanique et de faire tomber les réseaux qui se sont appropriés le quartier ». Ces derniers mois, six d’entre eux ont été démantelés. Notamment une « banque privée » africaine qui alimentait Barbès et pour laquelle 1 M€ en cash ont été saisis.
75 % de Musulmans dans les prisons : l’Islam radical se généralise
Même si les prisons ne sont pas la filière privilégiée du recrutement djihadiste, l’islam radical s’y est généralisé. Face à cette menace, les personnels pénitentiaires sont handicapés par le manque de moyens et l’absence d’arsenal judiciaire approprié.
Prières collectives illégales, apologie du terrorisme, prosélytisme omniprésent : le dernier ouvrage du sociologue Farhad Khosrokhavar dresse un portrait alarmant des prisons françaises, devenues l’un des théâtres de la propagation de l’islam radical en France.
Que se passe-t-il vraiment à l’ombre des cellules, derrière les portiques de sécurité, dans le secret des parloirs, entre les yeux des miradors ?
« Dans les prisons parisiennes, il y a à peu près trois quarts de musulmans et seulement 5 % d’Européens. »
Surpopulation, insalubrité, le décor, propice à toutes les dérives, est connu. La première directrice interrogée, évoque les conditions de détention « très hétérogènes ». « Les condamnés à de longues peines sont en maison centrale, où ils bénéficient de cellules individuelles. En maison d’arrêt, en revanche, le surencombrement est endémique : de la cellule occupée par une seule personne au dortoir partagé par 17 détenus, c’est la grande loterie. » D’année en année, la Cour européenne des droits de l’Homme condamne la France pour manquement à l’obligation de fournir aux détenus des cellules individuelles. « On préfère payer plutôt qu’améliorer les choses », avoue un cadre de l’administration pénitentiaire. Un constat partagé par un surveillant de la prison de Fresnes, connue pour être l’un des pires établissements carcéraux en France. « Entre les cafards, les rats et les punaises de lit, c’est un vrai bestiaire, souffle-t-il. Ce n’est pas étonnant que les détenus finissent par verser dans l’islam radical. Quant aux surveillants, ils sont épuisés, à bout. On ne peut plus continuer comme ça. »
Pour commencer, il faudrait connaître la véritable ampleur du problème. Faute de statistiques officielles, interdites par la législation, « on fait des statistiques non officielles, confie un taulier. Dans les prisons parisiennes, il y a à peu près trois quarts de musulmans et seulement 5 % d’Européens. Lors du ramadan, 80 % des détenus des prisons franciliennes demandent des plateaux-repas compatibles avec leurs impératifs religieux ». L’une de ses collègues confirme : « Le Coran est, avec le Code de procédure pénale, l’ouvrage le plus emprunté dans les prisons. »
Paris: un Congolais arrêté avec 800 grammes de diamants bruts sur lui
Il y en avait pour près de 300.000 euros…
Des sous-vêtements parmi les plus chers de l’histoire. Un homme d’origine africaine qui s’apprêtait à embarquer dans un train pour Bruxelles à la gare du Nord à Paris a été arrêté par les douaniers avec 800 grammes de diamants bruts dans le caleçon.
Selon la douane, « le voyageur transportait des centaines de diamants bruts de diverses tailles, dans des paquets dissimulés dans ses sous-vêtements », fin décembre. Le lot a été expertisé à près de 300.000 euros.
L’homme, qui a expliqué venir de République démocratique du Congo, n’a pu présenter de document justifiant la légalité et la provenance des pierres, qui ont donc été saisies, une prise « exceptionnelle », pour la douane.
L’importation de diamants bruts dans l’Union européenne est très encadrée, rappelle la douane. Depuis la mise en application du processus de Kimberley, ratifié en 2003, le commerce des diamants bruts nécessite la présentation d’un certificat attestant de la légalité et de la provenance des pierres.
Ce système de certification vise à stopper le commerce de « diamants de sang » ou « blood diamonds », diamants issus d’Afrique et vendus clandestinement afin de financer des guerres civiles.
« La lutte contre les flux financiers illicites est l’une des quatre priorités de la douane afin de lutter contre les activités criminelles et terroristes ».
Sofiane le braqueur, reste bloqué dans le sas de la bijouterie
Le braqueur qui s’est attaqué à la bijouterie Jean-Mick, rue de la Boétie, à Paris, regrette.
Si c’était à refaire, il jure qu’on ne l’y reprendrait plus… «Rien que d’y penser, j’ai mal à la tête», lâche-t-il bougon avant d’affirmer : «J’ai des regrets». Mais Sofiane, 20 ans, petit trapu, habillé de noir et grosse masse de cheveux bruns, n’est pas pour autant quitte avec la justice. Dans le courant de l’année, celui qui se présente comme un braqueur repenti devrait se retrouver devant ses juges aux assises, poursuivi pour vol agravé avec violence et arme. La date de l’audience n’est pas encore fixée.
Le jeune homme a cependant pu compter sur son avocat… Said Harir a réussi à le faire sortir de prison «dix jours avant Noël, après dix mois de détention provisoire». Son complice, lui, est toujours derrière les barreaux.
Le 9 février de l’année passée, avec ce complice, 21 ans, «quelqu’un que je connais bien», Sofiane, affublé d’une perruque sous un chapeau, a braqué en plein jour une bijouterie de luxe du Faubourg Saint-Honoré (VIIIe) (lire ci-dessous). Sauf qu’ «à l’intérieur, ça s’est mal passé», maugrée-t-il. Avec l’autre malfrat, violent, armé d’un pistolet, ils avaient comme projet de rafler les vitrines de montres Rolex. Sauf que la fine équipe qui pensait se trouver face à deux employées a eu la surprise de se trouver nez-à-nez avec cinq employés et patrons soudés de cette entreprise familiale.
Au final, les bijoutiers, armés d’un incroyable sang froid et courage, ont résisté à leurs agresseurs et réussi à pousser et piéger le duo dans le sas de la bijouterie.
Sofiane au casier judiciaire déjà fourni, risque vingt ans.
Djihadisme: Plus de 500 signalements de radicalisation en Nouvelle-Aquitaine
Lors de ses voeux à la presse, le préfet de région a indiqué que 234 perquisitions avaient débouché sur neuf assignations à résidence
Depuis la mise en place d’un numéro de téléphone (0 800 005 696) et d’une plateforme baptisée « stop jihadisme » en avril 2015, le nombre de signalements pour « radicalisation, provenant de différentes sources (employeurs, collègues, amis, familles, etc.), » a dépassé les 500 en Nouvelle-Aquitaine, a indiqué ce jeudi le préfet de région Pierre Dartout lors de ses voeux à la presse.
Tous ces signalements n’ont pas été pertinents, mais un certain nombre d’entre eux ont permis de repérer des individus sur la voie de la radicalisation. Le préfet a indiqué qu’il s’agissait surtout de personnes jeunes, et même de mineurs, le plus jeune ayant 14 ans.
Ce sont en majorité des hommes mais il y a une proportion non négligeable de femmes. La répartition géographique de ces personnes est assez homogène dans la région entre les grandes agglomérations, les villes moyennes et les zones rurales.
Par ailleurs, depuis novembre 2015, 234 perquisitions ont été menées dans la région dans le cadre de l’état d’urgence. Elles ont débouché sur neuf assignations à résidence. De plus, des départs en Syrie ont été observés, sujet sensible sur lequel le représentant de l’État n’a pas souhaité donner davantage de détails.
Le converti David Pagerie remis en liberté suite à une erreur
L’islamiste radicalisé David Pagerie a été remis en liberté, mercredi, à cause d’une erreur de procédure. Cet Angevin de 29 ans a, de nouveau, été assigné à résidence. Dans l’attente de la décision de la cour d’appel d’Angers, le 23 février prochain.
Assigné à résidence à Angers après les attentats du 13 novembre 2015, il a été perquisitionné en août dernier. La police a découvert, dans un faux plafond de son logement, un ordinateur et un téléphone portables contenant un abonnement à une chaîne de la messagerie cryptée Telegram diffusant des chants appelant au terrorisme e montrant des vidéos d’exécution.
Début septembre, il a écopé du maximum prévu par la loi entrée en vigueur début juin 2016 : deux ans de prison avec maintien en détention. Peine dont il a immédiatement interjeté appel. Il a comparu le 5 janvier devant la cour d’appel d’Angers. Le délibéré a été annoncé pour le 23 février.
Problème : selon un article du code de procédure pénale, les magistrats devaient rendre leur décision dans un délai de quatre mois pour un prévenu détenu. Délai qui a expiré le 15 janvier. À la demande de son avocat, Me Samy Khankan, la cour d’appel a constaté son erreur. David Pagerie a été remis d’office en liberté, mercredi.
Dans l’urgence, il a de nouveau été assigné à résidence par le ministère de l’Intérieur. Mais sans résidence, puisque SDF depuis sa condamnation qui a provoqué la perte de son appartement. Installé dans un premier temps dans une chambre d’hôtel à Rennes, il devait trouver rapidement une solution d’hébergement compatible notamment avec ses quatre pointages quotidiens.
Cette remise en liberté n’affecte pas la procédure engagée contre lui. Le 23 février prochain, David Pagerie pourrait retourner en détention si la cour d’appel confirmait le jugement de première instance. Mais une autre échéance interviendra quelques jours plus tard. Saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité sur l’infraction de consultation habituelle de sites liés au terrorisme, le Conseil constitutionnel devra valider ou censurer la loi nouvelle avant la fin février 2017. L’audience devant les Sages est fixée au 31 janvier. La décision sera mise en délibéré.