La fête est finie. Jean de La Fontaine nous l’avait bien dit « Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien ! dansez maintenant ». Oui, nous devons déchanter. Retour au réel et chute lourde sur le plancher des vaches. Le confinement quasiment général est acté et entre en vigueur le mardi 17 mars à midi. Tout cela n’est guère réjouissant mais nous devions bien nous y attendre. A force de trop tirer sur la corde, celle-ci devait bien finir par se rompre. Nous attendions le Big One, le grand séisme financier. L’effondrement prévisible, non pas de Los Angeles se disloquant au-dessus de la faille de San Andreas à la jonction des plaques tectoniques pacifique et nord-américaine, mais l’éclatement de la bulle de dimension cosmique de la dette mondiale (192 000 milliards d’euros), que nous annonce avec constance l’économiste Marc Rousset… Une catastrophe qui pourrait néanmoins bien survenir à l’occasion de l’actuelle pandémie, laquelle est apparemment en train de gripper le moteur économique planétaire : les méga-flottes de porte-conteneurs n’ont-ils pas cessé leur affolante et ultra-polluante circumnavigation pour déverser sur le Vieux Monde (l’Europe) et le Nouveau (l’Amérique) leur pacotille, leurs aliments frelatés, leurs cotonnades imbibées de pesticides et leur électronique à obsolescence programmée ? Ainsi donc, tout comme les trains, une crise peut en cacher une autre, aussi ce que nous vivons et allons vivre dans les semaines — voire dans les mois — qui viennent sera peut-être, possiblement, une cascade d’épreuves plus rudes les unes que les autres.
En espérant que nous n’aurons pas, en sus, une nouvelle guerre à nos portes, comme par exemple entre la Turquie de l’islamo-kémaliste Erdogan et la Grèce plus ou moins abandonnée de ses partenaires européens face à l’ogre du Bosphore, lequel se venge de ces déconvenues sur le front syrien — Poutine ayant mis le holà à ses velléités de conquête territoriale au nord du Pays de Cham — en faisant chanter l’Union de cette inepte Mme van der Leyen… Puisque, pour l’heure, le nouveau sultan fait monter les enchères et exige de se voir octroyer quelques milliards d’euros supplémentaires afin, soi-disant, de contenir les rebelles syriens ayant fui leur pays où, rappelons-le, ils ont allumé la guerre, certes, il est vrai, avec l’aide assidue et perfide de la troïka américano-anglo-française (plus Israël).
En fait, dans le but de calmer ses ardeurs bellicistes et de garder par devers lui les Afghans, les Algériens, Tunisiens, Sénégalais, Camerounais qui se pressent à la frontière grecque avec l’appui de la police et de l’armée turques. Autre sujet d’inquiétude, les troupes américaines qui n’entendent pas décrocher d’Irak — malgré le vœu unanime de toutes les forces politiques représentatives, chiites comme sunnites — et bombardent allégrement les bases des milices irakiennes pro-iraniennes… mais également le nouvel aéroport civil de la ville sainte de Kerbela ! À Beyrouth, Hassan Nasrallah, chef charismatique du “Parti de Dieu”, le Hezbollah, fustigeait aussitôt le “Grand Satan” de Washington et appelait à de dures représailles dans un discours s’éloignant de plus en plus de l’habituel lyrisme déclamatoire propre au monde musulman. Là encore les choses sont très loin d’être revenues à la normale même si Netanyahou vient, ce 15 mars, — tandis que son procès pour corruption a été reporté de deux mois et que le pays se calfeutre face à la menace coronavirale — d’être écarté par le président hébreu Reuven Rivlin qui a finalement demandé à son rival, le président du parti « Bleu-Blanc » Benny Gantz, de former le nouveau gouvernement d’union nationale dès lors qu’il a obtenu le soutien présomptif des quinze députés palestiniens de la Knesset.
L’effet d’aubaine
Reste que chez nous, la crise du covid-19, peut, à n’en pas douter, représenter une sorte de jack pot pour la clique dirigeante en plein désarroi jusqu’au jour d’aujourd’hui, pataugeant dans sa réforme du système de retraite en dépit du recours au forceps du 49-3 (une privatisation à peine masquée et une aubaine pour les fonds dits de pension), tenaillé par l’inépuisable fronde des Gilets Jaunes, vidé par l’impressionnante hémorragie des cadres de La République En Marche (parlementaires, conseillers…) et le discrédit dans lequel s’enfonce un peu plus chaque jour un gouvernement inapte (hostile plutôt qu’incapable) à gouverner le pays dans le sens des intérêts réels de sa population (à commencer par les aborigènes, les autochtones de souche), à long terme, et qui s’entoure d’un brouillard de mots uniquement susceptibles d’abuser ou d’enjôler ceux qui font un usage immodéré de l’œil de bœuf télévisuel. On l’a encore constaté avec les vingt-sept minutes du blabla circulaire — une pénible et prétentieuse jactance — relatif à la crise sanitaire grâce à laquelle le père auto-proclamé de la Nation prétendait apprendre à 67 millions de titulaires de la citoyenneté française de quelle manière se laver les mains… Impressionnant !
Bref, « à toute chose malheur pouvant être bon », l’actuelle pandémie est un formidable instrument permettant de mesurer la capacité d’obéissance (ce qui a peu à voir avec le civisme pro forma ou la discipline consentie) des populations indépendamment des dispositifs aussi nécessaires qu’utiles à ralentir la diffusion du mal, le seul problème n’étant pas uniquement la maladie elle-même — les Anglais pour leur part ayant fait le choix très audacieux de la laisser se diffuser en attendant son extinction naturelle par auto-immunisation des populations — mais, en France, les capacités hospitalières insuffisantes (et déjà dépassées) destinées à faire face à ce type de situation : soit 5.500 lits en réanimation pour la totalité de la métropole. Et, pour le pouvoir, un moyen de sonder grandeur nature, à l’occasion du premier tour des élections municipales, de tester la résilience (on le sait maintenant, quasi inexistante) du parti présidentiel. Ce qui, par voie de conséquence, conduit à l’ajournement au 21 juin 2020 d’un second tour appelé à consacrer cette débandade… Notons que toutes les astuces auront été bonnes pour masquer la faillite gouvernementale : ainsi la neutralisation des listes, c’est-à-dire la suppression des étiquettes politiques pour les villes de moins de 9 000 habitants, autrement dit pour 96 % des communes françaises qui ne sont plus comptabilisées dans les résultats nationaux. Un pouvoir réputé démocratique mais qui ne peut prétendre qu’à une indécente majorité à l’Assemblée nationale (alors qu’il ne représente, en réalité, que 12 ou 13 % du corps électoral formé par les inscrits). On voit bien par le biais de quelle arithmétique délétère s’établissent nos gouvernements légitimés par un principe majoritaire vicié en son principe. Mais qui trouve à y redire ?
Le divin hasard
Le 24 janvier, Agnès Buzyn, ministre de la Santé (dont le mari, Yves Lévy, directeur de l’Inserm, a inauguré en février 2017 le laboratoire P4 de Wuhan, premier en son genre en Asie, dans une mégapole qui deviendra en décembre dernier l’épicentre du séisme pandémique, centre justement spécialisé dans la recherche sur les coronavirus. Quel hasard !) avant qu’elle ne déserte son poste en pleine bataille (on se souviendra aussi de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense en janvier 1991, hostile à l’engagement de la France contre l’Irak, qui démissionnera au début du conflit armé), cela pour mieux aller se faire battre piteusement, en rase campagne électorale, par la transpyrénéenne Hidalgo… Mère de tous les surmulots de la capitale, des catacombes et des égouts de Paris réunis… Agnès Buzyn déclarait donc que le « risque d’importation depuis Wuhan est modéré. Il est maintenant pratiquement nul ». Déclaration qui donne la pleine mesure de la compétence avérée de nos élites dirigeantes !
Dans ces conditions et circonstances, comment ne pas voir que le discours présidentiel du 12 mars — relatif à la crise du Covid-19 — n’a été qu’une pathétique tentative de récupération politicienne d’une situation hélas véritablement dramatique, spécifiquement en tentant d’apparaître comme l’homme providentiel, celui qui tient fermement en main les rênes de l’État en situation (aurait pu dire Jean-Paul Sartre) de guerre… usant en cela, en vue d’obtenir l’adhésion sans réserve des foules, de la puissance cathartique de la peur (autrement dit, l’angoisse comme catalyseur émotionnel) ! Cela en se parant (ou sous couvert) de la haute autorité d’un Conseil scientifique à la composition brumeuse et auquel participerait parmi une flopée de « héros en blouses blanches » une sociologue (!) et une anthropologue (!!), dont on ne voit pas quelle compétence ces deux augustes personnes pourraient avoir en matière d’épidémiologie. Toutefois, on sait que, de nos jours, la science, en certains et nombreux domaines — tels le réchauffement climatique, la transition énergétique, les origines de l’humanité, la diversité anthropologique, etc. — n’est qu’une annexe de l’idéologie progressiste/égalitariste/messianique, un efficace vecteur de propagande et un imparable moyen d’abrutissement des peuples… Aristoteles dixit ! Sauf que les Buzyn (celle-ci ayant été bru de Simone Veil) & Cie n’ont pas grand-chose de commun avec l’une des sources majeures de la sapience occidentale et du thomisme en particulier !
Nous devrions, en fin de compte, plutôt que les commissaires politiques abonnés aux plateaux de LCI ou de CNews, écouter davantage et entendre le professeur Philippe Ravaud, directeur du Centre de Recherche Épidémiologie et Statistique (CRESS-UMR1153) à l’Université Paris IV René Descartes, et du Centre d’épidémiologie clinique de l’Hôtel-Dieu… « Comme vous le savez, l’évolution de l’épidémie de COVID est particulièrement inquiétante. Les nouvelles données de modélisation sont très robustes et les projections sont parfaitement cohérentes et bien pires encore que nos scénarios les plus pessimistes. Il est devenu déraisonnable de prendre les transports publics et nos déplacements doivent être réduits au strict minimum. Le télétravail et l’annulation de toute réunion est obligatoire. Le confinement est donc la règle sauf pour ceux dont la présence physique au travail est indispensable. L’hypothèse actuelle est qu’en l’absence de confinement, 30 millions de personnes seront atteintes en France avec un pic dans 50 jours. Seule une mobilisation citoyenne massive (avec au moins 50 % de l’ensemble de la population française en confinement strict à très court terme) permettra de réduire le pic de l’épidémie. Les Chinois ont réussi ce confinement drastique mais leurs décisions ont été plus précoces et plus autoritaires. Il est de notre responsabilité d’acteurs de santé publique de :1) respecter ce confinement, 2) de faire prendre conscience à nos proches de cette impérieuse nécessité, 3) de porter ce message au quotidien (distance de sécurité, etc.) car nos compatriotes n’ont pas encore compris la gravité de la situation. Le système de santé sera bien sûr extrêmement sollicité et ne peut qu’être très largement débordé, ce qui est déjà le cas dans le grand Est. Les messages selon lesquels seules les personnes âgées et/ou ayant des comorbidités sévères ont des syndromes de détresse respiratoire sont faux… Nous partons sur une durée de crise en mois et d’une gravité sans précédent. ». Eh oui ! La morbidité frappe toutes les classes d’âge et le risque de mortalité aussi. Pensons à nos jeunes — un 1,4 million de consommateurs réguliers dont 700 000 quotidiens — dont les voies aériennes supérieures sont déjà plus ou moins gravement hypothéquées par un usage régulier du cannabis.
À ce rythme, sans doute faudra-t-il bientôt, nous aussi, pays en voie de sous-développement accéléré, aux hôpitaux naufragés (portes fermées en zones rurales, personnels surmenés et sous-payés), imiter l’Italie qui reçoit des secours d’urgence et des matériels en provenance de Chine populaire… masques, respirateurs et tutti quanti. Masques dont nous manquons aujourd’hui pour les avoir cédés… à la Chine.
[…] (lire la suite)
Léon CAMUS.
Source : numéro 3416 de RIVAROL daté du 18 mars 2020
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https://youtu.be/K7g4WKoS_6U
Plus de science, tout dans l’émotionnel