Depuis novembre 2018, la France vit en état de crise sociale ouverte. Le mouvement des Gilets jaunes, même s’il a diminué d’intensité, s’est maintenu au cours de l’année 2019, avant que la « réforme » des retraites – en fait, une réduction programmée à terme de leur montant – ne prenne le relais pour susciter un conflit social parmi les plus longs que la France a connus.
En réalité, la France n’a cessé d’être en crise sociale depuis plus de deux siècles et singulièrement depuis la IIIe République. Les manifestations ouvrières ont émaillé son histoire et nombreuses ont été celles qui ont été réprimées brutalement, sinon de manière sanglante. Pensons au 1er mai 1892 à Fourmies, à la grève des cheminots de 1910, qui a débouché sur un premier statut, à celle de 1920, nées de frustrations accumulées, anarchisante, toutes deux se soldant par la révocation massive des grévistes.
Il faudra attendre Pierre Laval en 1932 pour que soient créées les premières retraites et l’esprit anti social de la république radicale aboutira aux grèves de 1936 et à la prise en compte désordonnée des demandes sociales des salariés, satisfaites depuis longtemps en Allemagne avec Bismarck et fortement améliorées par le IIIe Reich.
Dans l’après-guerre, alors que la novatrice Charte du Travail promulguée par l’Etat français aura été abolie, il faudra des grèves nombreuses – dont tentera de profiter le Parti communiste en 1947 – pour que les Français voient leur sort s’améliorer, aidés en cela, il est vrai, par le formidable essor des « Trente glorieuses ». Mais là encore, les frustrations étaient grandes et le charivari de mai 1968 déboucha sur un volet social important avec les Accords de Grenelle. Puis la politique de participation, à fond corporatiste, proposée par De Gaulle, fut assez vite enterrée et depuis trente ans, les gouvernements successifs s’efforcent, en tentant d’habiller leurs manigances, de détricoter un système social conquis de haute lutte. En France, un tel passif fait que l’apaisement n’existe pas, que la méfiance est partout.
Avec Macron, élu avec une base sociale fort réduite, ce détricotage s’accélère mais, par surcroît, s’accompagne d’un mépris affiché du peuple et surtout d’une totale incompréhension des réalités humaines et sociales des Français. La ploutocratie régimiste ne fait que rassembler des Français nominaux, mais qui ignorent l’âme de la France et n’en ont pas le souci véritable.
Pour autant, ce président jeune, qui devait « enfin » mettre fin à l’immobilisme de ses prédécesseurs, ne règle rien des problèmes de la France. Au contraire, il les aggrave. La désindustrialisation se poursuit, l’invasion migratoire continue ; en un an, les flux de demandeurs d’asile à destination de la France n’ont jamais été aussi importants ; les déficits publics se creusent, celui de l’Etat avoisinant les 100 Mds €, l’obligeant à emprunter 205 Mds € en 2020, un record. L’Etat n’est pas réorganisé, la dépense publique ne faiblit pas, tandis que les services publics se raréfient dans nos provinces. Nous n’avons quasiment plus aucune marge de manœuvre pour faire face à un éventuel choc économique et financier alors même que la croissance ralentit.
Certes, le système social, tel qu’il en était arrivé sous Mitterrand, devait être remis en ordre. Surtout, il nécessitait de se nourrir de la réalité de la société qui est de nature organique, c’est-à-dire considérant le monde du travail comme une communauté de travail nationale. Nous n’avons évidemment pas pris cette voie mais l’oligarchie dirigeante, s’efforce d’imposer une législation qui désarme de plus en plus les salariés face à des dirigeants sans scrupules.
L’actuel conflit social, juste sur le fond, est vicié par le fait que ce sont les syndicats institutionnels gauchistes, assez peu représentatifs qui mènent le combat, souvent pour préserver leurs rentes de situation, mais inévitablement, reçoivent le soutien de ceux qui n’ont pas d’autre moyen de faire connaître leur désespoir. Ils ne peuvent développer l’esprit nationaliste et social qui seul permet de poser les vrais problèmes et de les résoudre.
C’est ici qu’apparaît le grave problème des nationalistes et de la droite dite extrême, c’est qu’ils n’ont aucun pouvoir ni engagement syndical. Traditionnellement, la « droite », même patriote a toujours eu de la défiance pour le syndicalisme parce que trop entaché de connotation marxiste. Actuellement, nous ne pouvons exciper d’un syndicat nationaliste à l’image d’« Unité et travail » créé à l’initiative d’ouvriers nationalistes comme Jean Ribaillier avec un courage sans faille dans le Bastion rouge de Billancourt au cours des années 1950-1970 et qui dérangea fortement, à la fois la direction et les communistes, de mèche pour cette affaire.
Cela précisé, il faut tenir compte de la réalité présente : le monde du travail est divisé, fragmenté et il existe de moins en moins de grosses entreprises capables de mettre en place un rapport de force salarial permettant de bloquer les menées anti nationales et anti sociales d’un pouvoir politique. Force est de constater que seuls, ou presque, la SNCF et la RATP, EDF, ont les moyens de monter des mouvements sociaux durables, bien que les grèves de gratuité, ignorées des syndicats, seraient mieux appropriées, du moins, aussi longtemps que nous ne sommes pas dans un contexte insurrectionnel, comme présentement. Les autres salariés sont aujourd’hui trop dispersés et par suite trop menacés dans leur emploi pour engager une épreuve de force.
Il manque à la France – mais aussi chez nos voisins – un mouvement d’esprit révolutionnaire. Le monde politique est sous cet aspect divisé en deux parties : il y a ceux qui ont pour seule et méprisable ambition de gérer le déclin ; il y a ceux qui ont pour noble vocation de rétablir la France. Les premiers représentent au moins 90 % de la classe politique. Les autres sont une minorité avec, pour fer de lance, les nationalistes.
Or le mouvement nationaliste est à reconstruire. Cela commence par la formation, l’instruction des jeunes générations qui souffrent à leur corps défendant d’un manque souvent abyssal de culture générale. Il lui faut des cadres, des chefs, capables d’encadrer et conduire la population vers sa délivrance de l’emprise du magistère du judaïsme politique et de la maçonnerie. Il lui faut créer des outils médiatiques de diffusion pour toucher et gagner les esprits du peuple mais aussi ceux des éléments des classes supérieures qui, conscientes de l’effondrement en cours, recherchent les moyens de rétablir la France mais considèrent le nationalistes comme des personnes peu fréquentables. Un mouvement politique est fort de toutes les catégories sociales, celles occupant le terrain et celles capables de prendre en main la direction de l’Etat.
Il importe de s’engager dans toutes les associations, les structures existantes, de faire en sorte que l’on parvienne, lorsque cela est possible sans se renier à des fonctions dirigeantes et insensiblement modifier les comportements les mentalités et diffuser l’esprit nationaliste fait d’honneur, de rigueur, d’exemplarité avec toujours le souci de penser en permanence en termes d’intérêt national, même dans des affaires insignifiantes.
Les élections municipales sont l’occasion, dans les petites communes, surtout, à peu de frais, d’occuper des fonctions qui permettent de sensibiliser et gagner aux idées nationalistes la population par l’exemple donné, mais aussi d’investir et de maîtriser au moins les arcanes des services des collectivités locales.
Aucun régime n’est éternel. Celui de leur Ve République moins que d’autres. Sans concession, avec détermination, préparons le relèvement de la France.
Militant.
Editorial de MILITANT n° 721 – Janvier 2020