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Au bout d’un certain laps de temps, tout militant nationaliste ou tout internaute habitué de la « nazisphère » finira par verser dans un certain scepticisme. Au-delà des compromissions idéologiques les plus révoltantes qui salissent jusqu’à l’avant-garde du combat traditionnel européen, tous les actes qu’il pourra entreprendre lui apparaîtront vains et inutiles, jusqu’à en devenir ridicules , lorsqu’il se rendra compte que tous ses efforts n’auront pas fait changer le sens de l’histoire d’un iota, que le monde dans lequel nous sommes forcés de vivre n’en sera pas devenu moins dégénéré, moins parodique et moins suppurateur.
Grande est alors la tentation de prendre ses distances ou, au mieux, de retirer peu à peu toute dimension politique à son engagement pour devenir un simple consommateur parmi d’autres consommateurs. C’est ainsi que le jeune internaute qui était enthousiasmé lors de la validation de son profil sur Stormfront finira par attendre avec hâte la vidéo bi-mensuelle d’Alain Soral tout en postant quelques commentaires dépressifs sur l’état du monde ou en exprimant son angoisse psychanalytique de la « fille à noirs » entre-temps. C’est ainsi que le skinhead abandonnera la fougue de ses jeunes années pour vivre au rythme des concerts et des soirées entre amis, désormais plus intéressé par son look vestimentaire et par les péripéties de son petit groupe de potes que par une quelconque idée révolutionnaire. Il y en aura mêmes qui deviendront « apos » comme pour parachever leur mutation. C’est ainsi, en termes généraux, que le rebelle d’un jour finira par intégrer un système qu’au fond, il n’aura jamais réellement quitté.
Dans les lignes qui suivent, j’essayerai de résumer les options que l’extrême-droite moderne nous offre (et pourquoi elles sont des impasses si l’on est dans une optique de résultat) avant d’émettre quelques suggestions pour tenter de dépasser ce constat.
I) Illusion du cyber-militantisme
Depuis l’explosion d’internet, plusieurs milliards d’êtres humains sont connectés en permanence.
Au-delà de ses effets nocifs sur la mémoire et sur la concentration, internet a certes des aspects positifs dans une optique radicale.
D’une part, il permet de mettre en liaison des individus partageant les mêmes idées et de libérer la parole racialiste, “antisioniste”, patriarcale et hiérarchiste en faisant fi des tabous sociétaux grâce à l’anonymat.
D’autre part, sur un plan plus politique, il est un formidable outil pour le combat métapolitique (qui, s’inspirant des théories du communiste Gramsci selon lequel la révolution culturelle précède la révolution politique, part du principe qu’il faut d’abord diffuser nos idées pour avoir un jour une chance de renverser l’ordre établi) puisqu’il permet de briser le monopole des médias de l’establishment.
Cependant, ces aspects positifs doivent être nuancés par les limites inhérentes à l’outil internet.
Internet permet certes à des individus de s’exprimer alors qu’ils ne l’auraient peut-être jamais fait dans la vie réelle. Mais c’est précisément parce que l’anonymat et la distance des interlocuteurs retirent à l’engagement la dimension de la prise de risque physique (voire de la prise de risque tout court en dehors de quelques cas marginaux) qu’elle aura tendance à ramollir les « cyber-militants » et à les confiner dans un ghetto virtuel où, derrière leurs écrans d’ordinateur, ils commentent passivement l’actualité sans jamais agir concrètement et en n’ayant par conséquent aucune prise sur la réalité. Sous cet angle de vue, internet a une dimension démobilisante.
Ensuite, il est vrai qu’internet permet de briser le monopole des médias institutionnels en donnant la parole à chaque individu et en générant un flux d’information qui, dans l’état actuel des moyens étatiques, ne peut être totalement contrôlé. Mais ici, il faut précisément s’interroger sur le caractère potentiellement démoniaque, destructeur et corrupteur d’une telle profusion d’informations à portée de clic : lequel d’entre-nous n’a jamais zappé d’un site pornographique à un site politique ou ne s’est jamais abruti de musique extatique et abrutissante (rap, techno, rock, etc.) sur Youtube par ennui ? Plus généralement, lequel d’entre-nous n’a jamais perdu des heures à lire ou à écouter des choses inutiles, à se griser et s’enivrer d’informations, ramollissant son corps et ramollissant son âme ? Probablement personne. Le caractère démoniaque (dans le sens antique du terme) d’internet culmine lorsque l’internaute « militant » fait de la consommation d’informations (fussent-elles des informations « nazies ») une fin en soi, une addiction à laquelle il ne peut se soustraire et qui, au fond, comble davantage un vide existentiel qu’elle n’a une dimension politique. Dans les cas les plus extrêmes, de tels individus en arriveront à des formes paroxystiques où, calquant leur idiosyncrasie sur le fonctionnement d’internet (lequel est une « économie de l’attention »), ceux-ci consacreront leur temps libre à faire du « trollage », c’est-à-dire en présentant leurs idées (ou des idées qui ne sont pas les leurs) de la manière la plus caricaturale, absurde et choquante possible pour faire naître une réaction de la part des autres internautes et pour s’enivrer de l’attention qu’ils leur portent dans une jouissance vampirique.
Bien entendu, ce constat ne s’applique pas à tous ceux qui utilisent la dérision comme un outil mais à ceux qui finissent par faire de la dérision une fin en soi.
Une fois que l’on prend conscience des limites d’internet, on peut se dire que le militantisme « de terrain » peut représenter une solution positive. Mais là encore, il s’agit d’une illusion si l’on est dans une optique de résultat.
II) Illusion du militantisme
Parmi les vertus qu’il faut reconnaître au militantisme, celle de la dimension physique n’est pas la moindre. Devoir coller des affiches pour Jean-Marie Le Pen à-côté d’une cité maghrébine, répondre aux agressions des opposants ethniques et politiques (ou du moins en courir le risque), devoir faire face aux « outings » des antifas sur internet, dans son voisinage ou sur son lieu de travail ou encore répondre de son engagement face à la police et à la justice, voici une excellente école de virilité et de détermination qui a bien vite fait d’épurer nos rangs des pleutres et des indécis.
Cependant, mon expérience m’a permis, là aussi, de dégager certaines limites.
La première, c’est l’effacement du politique devant l’humain. Dans les milieux militants, ce sont souvent ceux qui ont la plus grande gueule et les biceps les plus testostéronés qui sont les plus écoutés. Et c’est à double-tranchant, ce qui explique que de pseudo-Mussolini néo-marxistes puisse vociférer de la manière la plus insultante possible contre leurs propres militants, eux-mêmes des néonazis de sex-shop, sans qu’aucun n’ose leur opposer aucune autre réponse que la soumission. Mais sans même prendre ces exemples caricaturaux, j’ai vu, au cours de ma carrière militante, bien des exemples où les considérations humaines, où le groupe d’ami, où les histoires des uns et des autres, où l’ivresse collective prenaient le pas sur toute considération politique. D’où ces skinheads qui, comme je le disais dans mon introduction, finissent par ne plus être intéressés que par leur sous-culture consommatrice jusqu’à devenir « apolitiques », c’est-à-dire jusqu’à retirer toute dimension positive à un mot, « skinhead », qui en lui-même charrie des eaux troubles.
La seconde, c’est que malgré la dimension, réelle, de la prise de risque, celle-ci est encore trop peu réelle puisqu’il est toujours possible de « militer » tout en ayant un mode de vie confortable, consommateur et bourgeois. Il est vrai que, la première fois, coller des affiches ou des autocollants fascistes peut faire peur aux moins téméraires. Mais, au final, l’expérience leur apprendra que dans la majorité des cas, et si des règles de prudence élémentaire sont respectées, ce n’est pas si risqué que ça. Et il est vrai que si l’on milite régulièrement (je parle ici de militantisme réel, pas de concerts ou d’apéros entre amis), on court le risque de devoir se battre, d’être « outé » ou d’être arrêté et condamné. Mais si l’on est honnête avec nous-mêmes, on reconnaîtra également que la grande majorité des militants ne se sont que très peu battus, qu’ils n’ont que très peu été « outés », arrêtés et condamnés. Et que, finalement, leur combat manque de cette dimension totale, définitive, irréversible et que le militantisme, comme le cyber-militantisme, peut se faire bourgeois, routinier et avilissant. D’ailleurs, il n’est pas rare que certains « militants » collaborent avec le système d’une manière ou d’une autre, non seulement pour protéger leur propre sécurité mais aussi, et c’est plus pernicieux, pour ne pas mettre en péril une organisation militante qui, par la même, s’en retrouve vidée de sa mission révolutionnaire.
Au final, les seuls actes révolutionnaires que l’on peut légitimement respecter et admirer (j’ai bien dit « les actes » ; pour les personnes, c’est encore autre chose), ce sont ceux qui auront réellement représenté une rupture, ceux après lesquels il n’était plus possible de revenir en arrière. Loups solitaires, cellules d’action directe ou, plus modestement, chercheurs et intellectuels indépendants qui auront tout perdu mais qui auront continué malgré tout : eux sont, sur le plan existentiel, réellement dignes de notre respect, car ils auront renoncé à leurs espoirs bourgeois, et ce réellement, dans les actes plutôt que dans les délires d’alcooliques ou dans l’anonymat d’internet.
Il ne faut cependant pas idéaliser l’action directe. En l’occurrence, il serait illusoire de penser qu’un nombre suffisant de personnes pourront avoir, dans le même laps de temps, un tel degré de fanatisme et de radicalité dans les actes pour que cela représente un réel danger pour le système. C’est en tout cas improbable en l’état actuel des choses.
Par conséquent, il ne faut pas faire de cette option une voie obligatoire qui représenterait un réel espoir de salut. Ce choix sera plutôt le fait d’esthètes jusqu’au-boutistes qui feront essentiellement acte de témoignage. Mais il convient de porter à ceux qui le font le respect qui leur est dû.
III) Quelles perspectives pour les Aryens du XXIe siècle ?
Maintenant que tout ceci est dit, que les limites des modes d’action qui s’offrent à nous ont été évoquées, quelles solutions positives s’offrent-elles à nous ? Les recommandations que j’émettrai sont au nombre de trois :
* Prendre conscience que nous vivons dans une époque de ténèbres : nous vivons à l’âge du règne de la quantité, de l’abrutissement généralisé, des suggestions occultes, de l’aveuglement idéologique. Les Européens modernes, y compris ceux que nous fréquentons dans les rangs de « l’extrême-droite », sont incapables de reconnaître la vérité et d’y adhérer. Les raisons en sont multiples : mélanges raciaux millénaires, environnement urbain et technologique, culture empoisonnée, héritage d’un sens de l’histoire qui porte le poids des efforts de la subversion… Pour éviter de se leurrer et pour partir sur de bonnes bases, il faut reconnaître cette réalité comme indiscutable.
*Valoriser l’acte pur plutôt que le résultat : parce que quiconque qui a étudié sérieusement l’histoire sait à quel point l’effort qui nous permettrait de redresser la civilisation parait herculéen, parce que le sens de l’histoire est contre nous, il nous faut changer notre logiciel de pensée. Notre engagement politique ne tire pas sa légitimité des résultats que nous obtiendrons (ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas chercher à en obtenir), il tire sa légitimité des principes supérieurs que nous défendons. C’est-à-dire que nos actes militants sont bons en eux-mêmes et doivent être recherchés pour eux-mêmes dès lors qu’ils s’inspirent de principes légitimes plutôt que de représenter une compromission. Notre rôle est aussi, n’en déplaise aux gourous de la « realpolitik », un rôle de témoignage, car nous sommes une chandelle dans la pénombre de la décadence.
* La première révolution ne doit pas être menée contre la société, mais contre nous-mêmes : comme les autres, nous n’échappons pas à la loi du déclin et aux influences subversives. Comme les autres, nous sommes non seulement influencés par des idées modernes mais aussi, et c’est bien plus grave, par une perception de la réalité qui est celle de l’homme moderne. Or, la société ne pourra jamais se redresser si les individus ne se sont pas d’abord redressés individuellement, s’ils ne se conforment d’abord pas eux-mêmes, dans leur vie personnelle, à des idées d’ordre. Notre première mission est donc d’identifier nos propres travers afin de les corriger ou tout du moins de les dépasser en nous en faisant maîtres. Et au redressement intérieur doit, bien entendu, correspondra un redressement extérieur. Le jour où vous ne baisserez plus les yeux dans la rue parce que vous aurez appris à vous battre ou que vous aurez acheté l’équipement adéquat pour votre sécurité, le jour où vous cesserez de courir le jupon et d’être soumis à vos femmes, le jour où vous prendrez réellement en compte vos idées dans vos choix existentiels, le jour où vous tournerez le dos aux choses dont vous êtes les esclaves, le jour où vous vous rendrez compte que votre vie bourgeoise est une parodie, que vous n’êtes rien, que vos histoires, vos passions, vos lubies ne sont rien, alors vous aurez déjà fait un premier pas vers le redressement existentiel. Un premier pas vers la révolution.
L’analyse est excellente !
Qui est L.B ?