Jacques Doriot est né le 26 septembre 1898 à Bresles.
Il commence à travailler dès l’âge de quinze ans dans une usine puis trouve un emploi dans une laiterie voisine. En 1915, à l’âge de 17 ans, il s’installe à Saint-Denis et travaille dans plusieurs usines comme ouvrier métallurgiste. En 1916, il s’inscrit à la section locale des Jeunesses socialistes lesquelles partagent les idées pacifistes de la minorité de la SFIO.
En avril 1917, il est mobilisé, et en 1918 son unité est décimée au Chemin des Dames. Il est décoré de la croix de guerre pour avoir ramené des lignes ennemies un camarade blessé, mais il a été, également, condamné à un mois de prison pour indiscipline, ce qui illustre déjà son attitude à la fois rebelle et solidaire. Son unité part ensuite à l’Armée d’Orient ce qui explique sa démobilisation tardive en 1920.
En automne, les Jeunesses socialistes se rattachent à l’Internationale communiste des jeunes, et Doriot est élu au Comité National. De 1921 à 1923, il représente les Jeunesses communistes françaises à Moscou, auprès de l’Internationale Communiste des Jeunes. Il voyage beaucoup, prend la parole à de nombreuses réunions politiques, et fait la connaissance de Lénine à qui il voue une grande admiration. À son retour en France en 1922, il est placé à la tête des Jeunesses communistes. Sous sa direction, elles deviennent un instrument de bolchevisation du Parti communiste français (PCF) qui était, jusqu’à cette époque, toujours fortement marqué par le modèle socialiste. En 1923, Doriot qui a alors vingt-cinq ans est condamné à un an de prison pour avoir rédigé une série d’articles contre la guerre du Rif et appelant les soldats à désobéir. En 1925, les effectifs des Jeunesses Communistes atteignent le point le plus haut des années 1920.
Doriot jouit alors d’une grande popularité dans le Parti : il devient membre du Bureau politique en 1924. En 1931, Doriot est élu maire à Saint-Denis qui devient un bastion du PCF mais également son fief personnel. Des dirigeants communistes français, il est l’un des plus avertis sur les questions internationales : porte-parole du parti, il dénonce le traité de Versailles et l’impérialisme français, il proclame le droit des peuples à l’autodétermination, y compris pour l’Alsace-Lorraine.
Aux élections législatives de 1932, alors que le parti subit un recul important, Doriot obtient une victoire franche, et est le seul candidat communiste élu au premier tour. Il profite de ce succès pour se rendre à Moscou et dresser un bilan sévère de l’état du Parti. Comme il refuse de n’être qu’un pion de l’Internationale et qu’il cherche plutôt le statut de partenaire, la situation est tendue.
En 1933, des pourparlers s’engagent entre socialistes de la SFIO et communistes en vue de l’organisation de controverses publiques sur le thème de l’unité ouvrière, mais ces pourparlers sont rompus, ce que désapprouve Doriot qui voudrait créer un front commun.
Doriot est exaspéré par la rigidité du Komintern. Le refus de Doriot d’aller à Moscou, ses désobéissances et ses ambitions personnelles de direction du PCF ne sont plus tolérées. Au congrès annuel de juin 1934, Thorez propose d’exclure Doriot du parti et la motion est adoptée à l’unanimité.
Le premier congrès du PPF se déroule en novembre 1936 et illustre ce que le parti prétend être : un parti de rassemblement national et un parti populaire. Le comité central est partagé également entre des hommes venus de gauche, majoritairement des transfuges communistes, et des hommes de droite, des Volontaires nationaux mais aussi des Jeunesses patriotes et des hommes de l’Action française. Concernant la politique extérieure, le pacifisme est resté dès le début un des points principaux de la politique du PPF : dans ses discours, Doriot rappelle son passé d’ancien combattant et les horreurs de la guerre de 14-18. Le parti appuie les désirs de paix des Français et désigne le Parti communiste comme un parti de la guerre. Doriot soutient dans que la paix est la seule chose qui puisse faire retrouver à la France « son dynamisme, sa force, son prestige ».
Au tournant de 1937, Doriot se pose en défenseur des libertés menacées par les communistes, qui seraient aidés par les socialistes : il les accuse d’empêcher l’exercice des droits d’expression et de réunion.
La fascisation du parti s’accentue encore plus nettement. Les responsables du PPF, tels que Pierre Drieu La Rochelle, Victor Arrighi, Bertrand de Jouvenel attendent du parti qu’il devienne l’équivalent français du parti national-socialiste en Allemagne. Les doriotistes voient la nécessité de créer en France une nouvelle élite, à l’image de ce que représentent en Allemagne le NSDAP et en Union soviétique le parti communiste.
Doriot veut voir renaître une paysannerie forte, déplore la prolétarisation de la France, et présente la famille comme la cellule fondamentale de la nation. Il promeut aussi le nationalisme comme la doctrine primordiale du parti et ambitionne même de façonner un homme nouveau, qui doit avoir « le goût du risque, la confiance en soi, le sens du groupe, le goût des élans collectifs ». Doriot élabore enfin une charte du travail qui reprend le modèle mussolinien.
Quand Doriot survole en avion le stade le jour anniversaire de la création du PPF en juin 1938, c’est une réédition de la descente de Hitler sur Nuremberg telle que Leni Riefenstahl l’avait présentée dans son film de propagande, Le Triomphe de la volonté.
Au congrès de mars 1938, on discute de la « question juive » en Afrique du Nord. La presse doriotiste exprime enfin de manière ouverte son admiration pour les régimes fascistes, les voyages en Allemagne et en Italie des doriotistes se multiplient, et la propagande devient plus dure.
En effet, il ne faut pas oublier que dès sa création, le parti met en avant son pacifisme, et au printemps de 1938, Doriot organise une série de manifestations contre la guerre, en prônant une union pour le maintien de la paix.
En 1939, le parti prend une dimension de tradition nationaliste. Doriot, dans ses discours, déplore la dénatalité, causée selon lui par le capitalisme libéral et le marxisme. Il déplore aussi dans la jeunesse une perte du respect de la foi, de l’autorité, de la famille, de la nation et de la patrie.
Le 3 septembre 1939, la France entre en guerre au côté de la Grande-Bretagne et Doriot est mobilisé.
Après la défaite de la France et la signature de l’armistice en juin 1940, Doriot est nommé membre du Conseil national instauré par Vichy.
À la mi-octobre, il lance Le Cri du peuple, un journal qui doit servir à attirer la classe ouvrière en profitant de l’absence de L’Humanité.
« J’ai trois raisons de poursuivre la politique de collaboration : comme Français, j’évite le pire à mon pays ; comme Européen, j’ai à unifier le continent ; comme révolutionnaire, je pousse la France dans la voie de la Révolution nationale et sociale, la seule qui puisse lui redonner son unité. » (Jacques Doriot Mai 1941)
Le 8 juillet 1941, Doriot appuie la création de la LVF, la Légion des volontaires français.
Il s’y engage lui-même au grade de sergent, et effectue de longs séjours (dix huit mois au total, de l’automne 1941 au printemps 1944) sur le front de l’est, en tant qu’officier d’ordonnance tout d’abord (octobre 1941 – mars 1942) puis officier de renseignements au 3eme bataillon (à partir d’avril 1943). Il est nommé lieutenant, et décoré de la Croix de fer 1ere classe le 1er décembre 1943. Il est membre dirigeant du conseil d’administration provisoire de la LVF, formé le 21 mars 1944, pour modérer les activités de l’association des anciens de la LVF.
Déjà membre de la LVF, Doriot est intégré dans la SS en novembre 1944, avec le grade équivalent qu’il détient dans la Wehrmacht, puis très vite promu Sturmbannfûhrer.
Après le débarquement allié, Doriot s’exile en Allemagne à Neustadt an der Weinstrasse puis dans l’Île de Mainau, sur le lac de Constance.
Le but de Doriot, dès son exil en Allemagne, est l’avènement d’un « État populaire français », exempt des vices de Vichy. Pour Doriot, du résultat de cette entreprise dépend le retour de la France au rang de puissance européenne à même de discuter d’égale à égale avec l’Allemagne. Doriot, Déat, et Brinon rencontrent le Führer en personne au mois de décembre 1944 afin de mener à bien ce projet.
Aussi annonce-t-il la création, le 6 janvier 1945, d’un « Comité de libération française », réplique de l’entreprise gaulliste en Angleterre.
Le 22 février 1945, Doriot, son chauffeur et une secrétaire du comité prennent place dans la voiture du conseiller d’ambassade Struve, le véhicule personnel de Doriot étant en panne. A quelques centaines de mètres de Mengen, la voiture est attaquée en piqué par deux avions inconnus. Doriot, déjà atteint par une première rafale, tente de quitter le véhicule, mais pas assez rapidement pour qu’une seconde rafale ne le frappe mortellement. Prévenus par la secrétaire miraculeusement indemne, Déat et Marcel Marshall -le fidèle bras droit de Jacques Doriot, arrivent sur les lieux, et ne peuvent que constater le décès.
Doriot est inhumé au cimetière de Mengen, où il repose toujours. Il est enterré avec un drapeau tricolore et un drapeau du PPF sur son cercueil. Sont également mis en terre ses décorations françaises et allemandes, ainsi que sa vareuse et sa casquette SS.
En 1961, des soldats d’occupation, découvrant sa tombe, la piétinent et la souillent. Peu après, une ordonnance de l’armée française interdit d’entretenir la tombe, puis l’ordonnance finit par tomber dans l’oubli.
Le n°3 des Cahiers d’Histoire du nationalisme est consacré à Jacques Doriot et au Parti populaire français. Ce livre correspond au second volume du Jacques Doriot de Bernard-Henri Lejeune.
Le 1er volume est disponible pour 22 € port compris et le second pour 24 € port compris à CALD – BP 92733 – 21027 Dijon Cedex (règlement par chèque ou paypal : [email protected]).
Jean Claude Valla a publié chez Pardès, Qui suis-je ? Jacques Doriot 14 € port compris.