Le rejet des partis. Par Pierre Dortiguier
Il nous était facile de prévoir la victoire électorale de Macron, qui a au moins cette conséquence immédiate de faire éclater tous les partis, y compris le « socialiste ». La Vème république imitatrice des régimes autoritaires, sans avoir leur dynamisme, avait coiffé d’un parti officiel et éteint, en quelque sorte, l’activité « républicaine » des partis soumis à la règle révolutionnaire de la division droite et gauche imposée par la Première Assemblée Constituante. La France ne fait, pour cette raison, que piétiner depuis 1789, et les esprits réalistes ne peuvent que faire leur cette sentence de l’autre Emmanuel, j’entends le philosophe Kant, jugeant que les Français comme peuple, à savoir organisation politique, seraient désormais indignes d’être gouvernés après avoir voté la mort de leur chef, le roi martyr, décrivant ainsi le suicide politique d’un pays !
Ce régicide fut renouvelé par la condamnation du Chef de l’État français que l’on sait, à une peine infamante.
Le sens de cette élection présidentielle est de montrer les décombres de la maison républicaine et l’inutilité de tous les partis politiques dont le foisonnement nuit au pays ; Macron joue, qu’il le veuille ou non, le rôle de perpétuel Bonaparte né des crises républicaines dont le pouvoir reste éphémère : a-t-il séduit ? Incontestablement car il a tout dit, donné une image à chacun, celle d’un anticolonialiste par une rhétorique opportuniste, d’un ami apparent de l’Allemagne -ce que les événements se chargeront de démentir comme on l’a vu par sa réaction devant la hausse considérable du commerce extérieur allemand indisposant les Américains désireux de taxer les importations- -, d’un défenseur de l’euro comme monnaie commune, alors que celle-ci retournera comme l’aigle à son nid, dans une Allemagne heureuse de ne plus servir d’hôtel pour les sans-abris de la finance, et sur le plan intérieur, son programme recoupant celui de Marine Le Pen, sur les 35 heures notamment qui sont la plus grande catastrophe socialiste, sur la suppression de la taxe d’habitation, sans compter les plans étatiques de direction de l’enseignement professionnel, feront que la dite » paix sociale » durera pendant l’état de grâce des 100 jours.
Mais les partis céderont la place à des personnes, et la défaite de Hamon, comme de Mélenchon, sans parler des néo gaullistes pathétiques qui n’ont aucun sens de la réalité nationale, et sont des phraseurs, donne un ton nouveau à la politique.
Nous même avons, avec de nombreux patriotes, appelés à l’abstention
Néanmoins des faits subsistent: la force du Front national qui est justement un Front ou un alliage d’énergies diverses a atteint un seuil qui montre le basculement de la société vers une recherche de gouvernement autoritaire. L’on a beau assurer, ce qui a été l’erreur idéaliste de l’infime Asselineau, qui avait des vues honnêtes mais qui ne suffisent pas à devenir des idées forces, qu’il n’y pas de problème d’immigration, que tout se passe bien partout, que la question cruciale est soit de rester en Europe, soit de s’accrocher à l’Afrique et autres fantaisies d’un autre siècle, l’on oublie que la seule maxime à tenir en politique est le « se connaître soi-même »! De quoi la France est-elle incapable depuis des générations ?
– D’avoir un enseignement technique et une formation professionnelle convenables, sur le modèle de l’Allemagne qui en a donné l’exemple depuis le milieu du 19ème siècle.
– De développer l’autonomie de ses régions ou pays réels, comme le monde germanique lui en donne l’exemple, et non pas de tout relier à Paris devenu le siège de l’autorité dite nationale et de la corruption des élites.
– De cesser l’opposition du religieux au politique, ce qui rehausserait la moralité publique, exactement comme cela se pratique dans les pays cités, et les nordiques.
– De comprendre que nous avons le choix entre cultiver les anciennes colonies en compagnie des sociétés US et israéliennes ou devenir ce que nous sommes: des européens ce que le célèbre De Gaulle, qui tombait parfois juste, formulait en ces deux termes « d’Europe européenne »!
Tout ceci suppose une déjacobinisation des esprits! L’effondrement des partis en est un signe. Macron occupe, en élève des Jésuites, une place vide: ou bien il l’occupe par sa rhétorique ou par une volonté de trancher! Sophiste ou philosophe! La question est grecque ancienne, et la réponse n’est pas à chercher chez les nouveaux Grecs du jour!
Pierre Dortiguier